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CÔTOYER, verbe trans.
A.− [Le compl. désigne le plus souvent une pers. ou un groupe de pers.]
1. Rare. Marcher à côté de (quelqu'un). La foule bigarrée où le Syrien côtoyait le Normand (Grousset, Croisades,1939, p. 188).
P. ext. ,,Côtoyer une armée.`` ,,Marcher sur son flanc`` (DG).
Emploi abs., p. métaph. Dans cette seconde moitié [de sa carrière], Casimir Delavigne s'attache à servir les goûts du public plutôt que les siens propres; il côtoie et suit, il ne précède pas; c'est le poète obséquieux (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 6, 1818-69, p. 92).
Emploi pronom. (réciproque). Les deux armées se côtoyèrent longtemps (Littré).
2. Au fig. Vivre à côté de (quelqu'un), être en contact avec (quelqu'un). Synon. coudoyer*, rencontrer*.Cf. calvinisme, ex. 2.[La civilisation du Farghestan est] une mosaïque barbare, où le raffinement extrême de l'Orient côtoie la sauvagerie des nomades (Gracq, Syrtes,1951, p. 13):
1. Certains malades cessent de présentifier leur entourage et arrivent à nier la réalité des parents même qu'ils côtoient tous les jours. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 310.
Emploi pronom. Tous [fils de bourgeois, gamins guenilleux, etc.] se côtoyaient sur les bancs de l'école des frères (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 61):
2. ... 1848 sera l'aboutissement d'un large mouvement d'idées où se côtoient les philosophies et les thèses les plus diverses. B. Cacérès, Hist. de l'éduc. pop.,1964, p. 27.
B.− [Le compl. désigne un inanimé concr.]
1. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé (véhicule, voie de communication)] Aller, se déplacer le long de Synon. border*, longer*.On côtoyait d'anciens travaux, une galerie abandonnée de Gaston-Marie (Zola, Germinal,1885, p. 1398).Une large allée y serpente [dans la vallée étroite], côtoyant un ruisseau (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 7).
Emploi abs., rare. Revenu dîner, et, après dîner, descendu vers la rivière; côtoyé jusqu'auprès du pont et revenu à travers le pré, dans le petit sentier tracé (Delacroix, Journal,t. 2, 1853, p. 62).
Spéc. et aussi absol., MAR. Ils n'osèrent prendre le large et ne firent que côtoyer (Ac.1835-1932).Le navigateur qui côtoie un continent relève tous les feux l'un après l'autre (Claudel, Connaissance de l'Est,1907, p. 109).
Rem. On rencontre ds la docum. 2 termes région. a) Côtoyage, subst. masc. (Canada). Coteau. Menaud piqua tout droit, par le côtoyage, vers la chute dont les grondements se faisaient entendre dans les accalmies du vent (F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, Montréal, éd. Fides, 1971 [1937], p. 64). b) Côtoyeux, euse, adj. (Anjou et Canada). Accidenté, montagneux. Chemin, pays côtoyeux (cf. Canada 1930).
2. [Le suj. désigne un obj. concr. immobile] Se trouver, s'étendre le long de. Un jardin bon enfant où les fleurs côtoyaient les légumes (H. Bazin, Vipère,1948, p. 152).
3. Emploi pronom. (réciproque). La rivière et la route se côtoient pendant plusieurs lieues (Lar. 19e). Sur une ligne horizontale, figurative du sol, trois accessoires se côtoyaient : une chaise, une crosse, une assiette (Fulcanelli, Demeures philos.,t. 2, 1929, p. 106).
C.− Au fig. [Le suj. est un nom d'être animé ou inanimé, le compl. est un nom abstr.] Être très proche de, tout près de..., sans atteindre à... Côtoyer la légalité; plaisanterie côtoyant l'insolence. Synon. confiner* à :
3. ... son cas [de Georges Duhamel], plus qu'aucun autre, est riche d'enseignement, et ses erreurs mêmes que certains d'entre nous ont côtoyées, quand ils ne les ont pas épousées, valent qu'on les examine. Massis, Jugements,1924, p. 166.
Prononc. et Orth. : [kɔtwaje]. Ds Ac. depuis 1694. Cf. aboyer et côte. Étymol. et Hist. Ca 1131 costeier « aller le long des côtes » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2049). Dér. de côte2*; suff. -oyer*. Fréq. abs. littér. : 225 (cotoyant : 41). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 428; xxes. : a) 190, b) 233.
DÉR. 1.
Côtoiement, subst. masc.Action de (se) côtoyer. Ces appareils dits de conservation sociale qui, pour une peccadille (...), précipitent un sujet quelconque parmi d'autres sujets dont le côtoiement ne peut lui être que néfaste (Breton, Nadja,1928, p. 129). [kotwamɑ ̃]. Sans doute peut-on entendre aussi l'initiale prononcée avec [ɔ] ouvert; à ce sujet, cf. côte. 1reattest. 1862 (Hugo, Misér., t. 2, p. 676); de côtoyer, suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 4.
2.
Côtoyeur, subst. masc.Celui qui côtoie (une chose concrète). Nos écrivains craignent le large; ce ne sont que des côtoyeurs (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1214). 1reattest. 1883 (Rollinat, Névr., p. 198); de côtoyer, suff. -eur2*.
BBG. − Bruneau (Ch.). Noms créés au moyen du suff. -ment... In : [Mél. Orr (J.)]. Manchester, 1953, p. 266.