| BONBONNIÈRE, subst. fém. A.− Petite boîte à bonbons, en général ronde, faite d'une manière recherchée ou joliment décorée : 1. ... il tira de sa poche une merveilleuse bonbonnière creusée dans une seule émeraude et fermée par un écrou d'or qui, en se dévissant, donnait passage à une petite boule de couleur verdâtre et de la grosseur d'un pois. Cette boule avait une odeur âcre et pénétrante; il y en avait quatre ou cinq pareilles dans l'émeraude, et elle pouvait en contenir une douzaine. La bonbonnière fit le tour de la table, mais c'était bien plus pour examiner cette admirable émeraude que pour voir ou pour flairer les pilules, que les convives se la faisaient passer.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 588. 2. La commode ventrue, où les aïeules serraient leurs boîtes de massepains et leurs bonbonnières remplies de berlingots à la bergamote, était également défendue par elle [la reine Maritorne], ...
J. Lorrain, Contes pour lire à la chandelle,La Reine Maritorne, 1897, p. 95. B.− P. anal. 1. [P. anal. de dimension, d'aspect] Petite construction d'un style précieusement travaillé ou petit appartement, petite pièce luxueusement aménagé(e), coquettement agrémenté(e) : 3. ... car quelle reine véritable a pu, si mignonne, si naine, si gracieuse qu'elle fût, établir sa demeure dans le château de la reine Blanche? La cour d'un sylphe serait à l'étroit dans cette bonbonnière gothique; l'ombre d'un milan lui cache le soleil; ...
Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 109. 4. Denoisel habitait un entre-sol d'une maison propre, à tapis dans l'escalier. Il n'avait là que trois pièces, mais le boulevard des Italiens était à sa porte. Et son petit salon, dont il avait fait un fumoir, était charmant. C'était une de ces bonbonnières comme en savent faire les tapissiers de Paris, toutes capitonnées, toutes riantes de perse, avec des divans larges comme des lits.
E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 216. 5. J'ai signé mon bail de la rue Murillo et choisi les étoffes pour tendre. Je crois qu'à peu de frais je peux m'organiser là un gentil réduit, une « délicieuse bonbonnière », comme dirait M. Achille Dupont.
Flaubert, Correspondance,1869, p. 25. 6. ... très aisément, l'on s'imagine les colonnes et les parois peintes (...) formant un tout, une harmonie, un ensemble, dans cette bonbonnière [l'église de Brou] qui dépend plus d'ailleurs de la joaillerie que de l'architecture.
Huysmans, La Cathédrale,1898, p. 406. Rem. Parfois légèrement péj. (ex. 5). 2. [P. anal. de forme] Arg. a) Tonneau de vidange (cf. D. Poulot, Le Sublime, 1872, p. 178; Gill (et ses collaborateurs), La Petite lune, 1878-79, no31, p. 2). Rem. Attesté aussi dans Larch. Suppl. 1880, Guérin 1892, France 1907. b) Bonbonnière à filous. Omnibus. Rem. Attesté dans Dict. de l'arg., 1847, p. 211; Michel 1856; Larch. 1880; France 1907 et Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]. PRONONC. ET ORTH. : [bɔ
̃bɔnjε:ʀ]. Land. 1834 écrit bonbonière avec un seul n. ÉTYMOL. ET HIST. − 1777683 « boîte à bonbons » (Linguet, Annales politiques, civiles et littéraires, Londres, XIV, 446 dans Gohin, p. 341); cf. 1786 (ds Nouv. Arch. Art. Franc. année 1884, p. 194 : Une boîte bonbonnière); 1817 fig. (Stendhal, Rome, Naples et Florence, t. 1, p. 55).
Dér. de bonbon*; suff. -ière*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 39. |