| BIENSÉANT, ANTE, adj. Qui est en rapport de conformité ou de convenance. A.− [Avec les règles de la mor.] :
1. Saint-Évremond est l'homme du monde et l'homme sage, bienséant, tempéré d'humeur, sans tourment, sans lutte, calculant les inconvénients et les avantages...
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 317. − Emploi subst. : 2. Assez. Je n'autorise personne, pas même ma conscience, à franchir les bornes du bienséant.
A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 199. B.− [Avec les usages de la société] :
3. Elle joue un rôle : tendresse ou colère, elle est toujours en scène : tout d'un coup elle se jette sur la bonne et la câline; c'est qu'il est joli, bienséant d'être aimante.
Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-Th. Graindorge, 1867, p. 71. 4. Au xviiesiècle un homme de qualité ne se serait pas mis à table tête nue. Et il était bienséant qu'il portât son chapeau sur sa tête pendant le repas, puisque la civilité l'obligeait à le tirer à tout moment, quand il recevait quelque bon office de son voisin ou qu'il faisait agréer ses services par sa voisine.
A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 133. C.− [Avec certains critères d'appréciation esthétique] :
5. ... Chateaubriand (...) se mit dans l'esprit un matin que ce serait pour lui une belle mort, et bienséante, et grandiose d'aller mourir sur le mont Blanc...
Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1868, p. 63. Rem. On rencontre dans la docum. l'adv. bienséamment (suff. -ment2*), rare, vx. D'une manière bienséante. ... me comporter bienséamment (Verlaine, Confessions, 1895, p. 154). Attesté dans Besch. 1845 (qui le dit ,,rare``), Lar. 19e(,,peu us.``), Guérin 1892 (,,peu us., vieilli``), Lar. 20eet Quillet 1965 (,,rare``). PRONONC. : [bjε
̃seɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1100 ben seant « avenant, bien fait » (Roland, éd. J. Bédier, 3115); xiiies. bien seant « qui est convenable à » (Berte, CXXIX dans Littré).
Composé de bien*, adv., et de séant*, part. prés. de seoir* au sens de « convenir ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 15. |