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BARDER1, verbe trans.
I.− Emploi trans. Vx. Barder un cheval, un combattant. Couvrir un cheval de bardes, un combattant d'une armure.
1. P. anal. ,,Enfermer, serrer comme dans une armure`` (Lar. 19e) :
1. ... − à quoi, Mon Dieu, passer le temps l'hiver, à la campagne? − Il faut se tenir coi, Écouter un dandy, Brummel de la province, Beau papillon manqué qui, pour être plus mince, Barde ses flancs épais d'un corset et d'un busc ... T. Gautier, Premières poésies,1830-45, p. 148.
Spéc., ART CULIN. Garnir une viande, une volaille, un gibier de bandes de lard :
2. Tel bâtit des palais qui couche sur la dure, tel barde des faisans qui n'a pas déjeuné! ... Bouilhet, Melaenis,1857, p. 182.
P. métaph. :
3. Il existe donc un perpétuel combat entre le public retardataire qui se refuse à payer les contributions parisiennes, et les percepteurs qui, vivant de leurs recettes, lardent le public d'idées nouvelles, le bardent d'entreprises, le rôtissent de prospectus, l'embrochent de flatteries, et finissent par le manger à quelque nouvelle sauce dans laquelle il s'empêtre, et dont il se grise, comme une mouche de sa plombagine. Balzac, Gaudissart II,1844, p. 10.
2. P. métaph. ou au fig. :
4. La cuirasse toute chargée d'histoire et d'allégories, qui bardent l'empereur de bas-reliefs, dont la saillie d'art rappelle le casque du centurion de Pompéi, et dont les couleurs effacées, délavées, font songer au rose pâle des vieux ivoires. E. et J. de Goncourt, Journal,1867, p. 336.
5. Nouvel ami, il entendait me gaver de gâteaux, me barder de cigares. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 271.
Rem. En ce sens, barder s'emploie fréquemment à la forme passive; barder finit par ne plus signifier qu'« avoir en abondance » :
6. Un curieux défilé, que celui de tous les gens, hommes et femmes, revenant du pont de Neuilly. Tout le monde est bardé de sacs, de nécessaires, de poches, qu'on voit gonflées de quelque chose qui se mange. E. et J. de Goncourt, Journal,1871, p. 736.
7. C'est facile de demander et de redemander des histoires de guerre. Ces compagnons-là en étaient bardés. Je pouvais me croire revenu aux plus beaux jours de l'hôpital. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 153.
II.− Emploi pronom. Se couvrir d'une cuirasse; se protéger :
8. Il [Angelo] dédaigna le plastron et garda le masque relevé dans ses cheveux... « Ça coupe, dit le sergent qui, lui s'était bardé. Vous m'embarrassez beaucoup. Je n'oserai pas tailler. » Giono, Angelo,1958, p. 223.
P. métaph. :
9. En proie à des remords rendus cuisants par sa religiosité qui lui conservait la notion du péché, il priait, pleurait, se bardait de résolution et une nuque ou un bout de jupe relevée le rendait au rut. J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 294.
10. Volontiers familier, Vime savait à l'occasion se barder de gravité... − Mes félicitations, monsieur, dit-il, en décapuchonnant son stylo. H. Bazin, La Barbe,1957, p. 31.
Au fig. :
11. ... On fut cruel pour toi? Sois indulgent et juste; Rends le bien pour le mal, c'est le vrai talion. Mais, t'étant bien bardé le cœur d'orgueil robuste, Va! calme comme un sage et seul comme un lion. F. Coppée, Poésies complètes,1865-1908, p. 115.
12. Et par exemple, il en est de ce « moralisme » chez Beethoven, comme chez Tolstoï. Tolstoï s'en bardait et s'en sanglait, pour combattre contre sa nature. Beethoven s'y raidissait, pour ne pas succomber dans le combat contre le sort. Dans les deux cas, c'est une armure, qui déforme les membres, mais qui aide à vivre. R. Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 56.
P. ext. Se couvrir, se vêtir :
13. En s'introduisant dans cette défroque, le baron se disait qu'il eût été sans doute plus glorieux de se barder de buffle et de fer comme ses ancêtres que de se travestir à l'histrionne pour représenter un faux brave, lui qui était un véritable vaillant capable de prouesses et de coups de main héroïques; ... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 178.
PRONONC. : [baʀde], (je) barde [baʀd].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1493 « couvrir (un homme) d'une armure » (Comm., I, ii dans Gdf. Compl. : Il y avoit quinze cens hommes d'armes bien montez et la plupart bardez), attest. isolée; repris dans Besch.; 1493 « id. (cheval) » (Id., ibid.); av. 1787 « couvrir à profusion » (B. de St.-P., Et., III, 206 dans Gohin, p. 376 : pagnes bardés de rouge et de bleu); 2. 1680 art culin. (Rich.). Dér. de barde2*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 8.