| BÛCHERON, ONNE, subst. A.− Personne dont le métier est d'abattre et de débiter les arbres dans une forêt : 1. ... le maître (...) exigea qu'à l'heure même on ébranchât et abattît ce colosse (...). Quand l'ébrancheur l'eut mis à nu, eut terminé sa toilette de condamné, quand les bûcherons en eurent sapé la base, cinq hommes commencèrent à tirer sur la corde attachée au faîte.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Petite Roque, 1885, p. 1035. − [Avec insistance sur la force physique du bûcheron] :
2. Même quand on a les reins d'un athlète, les poings d'un bûcheron et l'encolure d'un boxeur, même quand on se vante d'avoir la tête solide, le cœur bien accroché, les nerfs à toute épreuve, (...), il est toujours désagréable de recevoir des lettres anonymes.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 161. − P. métaph. (cf. aussi infra B 2) : 3. ... la première résistance que rencontra à Waterloo ce grand bûcheron de l'Europe qu'on appelait Napoléon; le premier nœud sous le coup de hache.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 367. 4. ... la France est une forêt dont je [le roi] suis le bûcheron, et j'abattrai toute branche qui me gênera avec la corde, avec le glaive, avec la hache!
Bainville, Gringoire,1866, 7, p. 48. ♦ Loc., rare. Ils haletaient, ahanaient comme des bûcherons (P. Vialar, La Mort est un commencement, La Carambouille, 1949, p. 222). B.− [Avec allus. à des textes littér.; le bûcheron comme symbole] 1. Rare. [Présenté (p. allus. à la fable de La Fontaine, La Mort et le Bûcheron) comme une personne simple et d'un gros bon sens] :
5. Les êtres les plus humbles tiennent à la vie. Comme le bûcheron du fabuliste, comme l'apothicaire de Mantoue, qui surprit si fort ce jeune fou de Roméo, elle craint la mort, et c'est sa seule crainte.
A. France, L'Orme du mail,1897, p. 155. 2. [Présenté (p. allus. à l'élégie de Ronsard, Contre les Bucherons de la forest de Gastine) comme agent de l'intervention destructrice de l'homme sur la nature] :
6. Il faut absolument sauver la forêt de Fontainebleau. Dans une telle création de la nature, le bûcheron est un vandale. Un arbre est un édifice; une forêt est une cité, et entre toutes les forêts, la forêt de Fontainebleau est un monument.
Hugo, Correspondance,1872, p. 341. 7. Le poète arrête le bras du bûcheron, mais le bûcheron se moque. L'arbre est une puissance qu'il faut dominer, ...
Alain, Propos,1934, p. 1210. Rem. On rencontre dans la docum. le subst. fém. bûcheronnerie. Lieu où l'on dégrossit le bois. Un hangar, plein de bois dégrossis pour faire des moyeux de roues et qui donnent une odeur et un aspect de bûcheronnerie (E. et J. de Goncourt, Journal, 1863, p. 1262). PRONONC. : [byʃ
ʀ
ɔ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1550 buscheron (Bible Louvain Jere, 46ed'apr. FEW t. 15, 1, p. 195b); 1555 bucheron (Ronsard, Meslanges, éd. P. Laumonier, t. 6, p. 168).
Réfection d'apr. bûche1* de boscheron (xiiies. dans T.-L.), dér. de bosc, bois*; suff. -eron (-on1*). STAT. − Fréq. abs. littér. : 413. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 383, b) 738; xxes. : a) 904, b) 489. BBG. − Duch. 1967, § 35. − Richter (E.). Etymologisches. Boche. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 129. |