| BÂTIMENT, subst. masc. A.− Vx. Action de bâtir (cf. A. Arnoux, Carnet de route du Juif Errant, 1931, p. 131).Le bâtiment d'une maison (Lar. 19e-20e). − Mod. Secteur d'activité visant à la construction des édifices : 1. Il [l'émigrant] peut encore s'embaucher dans un de ces groupes ouvriers, militairement organisés en bataillons de travailleurs − travailleurs du bâtiment, travailleurs agricoles, travailleurs de la voie ferrée, qui se transportent partout où l'on a besoin de leurs services.
J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem!1924, p. 158. SYNT. Entreprise, entrepreneur du bâtiment (Rob.); ouvrier du bâtiment (Ac. 1932); peintre, menuisier, serrurier en bâtiment (Lar. 19e-20e); l'argot, la fédération, l'industrie du bâtiment. 1. Loc. proverbiale. Quand le bâtiment va, tout va (Littré). 2. Fig. et fam. Être du bâtiment. Être spécialiste en la matière; mériter la confiance (cf. Larch. Suppl. 1880). Exercer la même profession (en parlant spéc. des artistes et des gens de lettres). Les gens du bâtiment. Les gens du métier (Guérin 1892) : 2. Je n'ai pas l'outrecuidance d'apprécier vos idées en fait de peinture, ni de les discuter, bien entendu, parce que : 1 je ne suis pas du bâtiment et que, 2 je n'ai pas vu les tableaux dont vous parlez. Je me borne donc à ce qui est de ma compétence, le côté littéraire, lequel me paraît considérable.
Flaubert, Correspondance,1876, p. 321. 3. Arg. Travailler dans le bâtiment. ,,Voler avec effraction dans les maisons`` (Larch. Suppl. 1880). B.− Souvent au plur. Construction d'une certaine importance destinée à abriter des personnes, des animaux, des choses, et, spécialement, à servir d'habitation : 3. Le couvent se composait de plusieurs bâtiments et d'un jardin. Le bâtiment principal, pris dans son entier, était une juxtaposition de constructions hybrides qui, vues à vol d'oiseau, dessinaient assez exactement une potence posée sur le sol.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 600. 4. Pauvre vieille école, délabrée, malsaine, mais si amusante! Ah! les beaux bâtiments qu'on construit ne te feront pas oublier.
Colette, Claudine à l'école,1900, p. 12. SYNT. Bâtiment administratif; bâtiments civils (Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit., t. 2, 1872, p. 53); bâtiments militaires; bâtiments scolaires (J. Fonteneau, Le Conseil municipal, 1965, p. 61). Corps de bâtiment. Partie d'une construction individualisée par son aspect, sa hauteur, sa disposition, etc. Rem. Empl. dans le sens de « nid d'oiseau » dans Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 175. 1. Construction en cours d'édification ou de réparation. Entrepreneur de bâtiment, menuisier de bâtiment, peintre en bâtiment (Mét., M 55). 2. SAL. Bâtiment de graduation, ou simplement bâtiment. Hangar, et, par extension, appareil disposé de manière à faciliter l'évaporation de l'eau : 5. ... on emploie pour l'extraction du sel des appareils, dits bâtiments de graduation, dans lesquels l'évaporation (...) se fait (...) sous l'action de l'air atmosphérique.
L. Ser, Traité de phys. industr.,t. 2, 1890, p. 357. 3. Au plur. exclusivement a) Vx. Administration, service ayant compétence pour les bâtiments : 6. L'abbé Éginhard (...) dirigeait les bâtiments royaux sous Charlemagne.
A. Lenoir, Archit. monastique,t. 1, 1852, p. 25. b) Région. ,,Grange, étable et autres bâtiments dépendant d'une ferme. (...) `` (Canada 1930). Faire le train aux bâtiments : ,,nettoyer l'étable, l'écurie, soigner les chevaux, etc.`` (Canada 1930). C.− P. anal., MAR. Bateau, le plus souvent de grandes dimensions : 7. Mais de ces trois navires mouillés en rade, l'un se préparait à partir pour Auckland, la capitale d'Ikana-Maoui, l'île nord de la Nouvelle-Zélande. Or, Paganel proposa de fréter le bâtiment en question, et de gagner Auckland, ...
Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 7. 8. L'escadre, qui venait de Toulon et qui se dirigeait vers Brest, se trouva tout à coup, au milieu d'un beau jour, saisie par la brume, dans les parages dangereux de l'île de Sein, semés de roches : six cuirassés, une trentaine de bâtiments légers, de sous-marins, tout à coup aveuglés et stoppant, à la merci du vent et des courants, au milieu d'un champ d'écueils.
Valéry, Variété 3,1936, p. 197. SYNT. Bâtiment à vapeur; bâtiment de commerce, de guerre; bâtiment de mer (Ac. 1798-1878); bâtiment marchand. Bâtiment de charge. ,,Bâtiment (...) fait pour porter de lourdes charges`` (Jal 1848); bâtiment de transport (Ibid.). Prononc. : [bɑtimɑ
̃]. Demi-longueur pour la voyelle de 1resyll. chez Passy 1914. Étymol. ET HIST. − 1. Apr. 1174 bastiment « action de construire qqc. » (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, vers 13160, t. 1, p. 381 : Enveié furent li ovrer, Charpentier, orfevre e maçon. Granz bastimenz e grant faiçon Od grant estuide e par grant sens I orent fait em poi de tens); 2. 1187 judéo-fr. bastimentz « édifices » (C. Brunel, Les Plus anciennes chartes en lang. prov., recueil des pièces originales antérieures au xiiies. Suppl. Paris, 1952, p. 124); 1317 a. fr. (A.N. JJ 53, fo153 vodans Gdf. Compl. : Edifices, bastimenz); rare av. le xvies. (Hug.); 1835 ouvriers en bâtiment (Ac.); 3. 1660 mar. (C. Oudin, Trésor des deux lang. espagnolle et françoise, Paris : Bastimens, fourniture de vaisseaux); 1662 « navire » (Colbert, Lettres, inst., mém., éd. Clément, Paris, 1861, III, 1, 8 cité dans Kemna, p. 63 : Il suffira de bien entretenir tous les vaisseaux qui sont dans les ports ... sans s'engager à faire de nouveaux bastimens).
Dér. de bâtir2* étymol. B; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 173. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 724, b) 2 913; xxes. : a) 2 714, b) 2 016. BBG. − Darm. Vie 1932, p. 41, 46, 58, 62. − Duch. 1967, § 44, 47, 48. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 216. − Kemna 1901, pp. 63-64. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 117. − Pohl (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 80. |