| BÂT, subst. masc. A.− Dispositif que l'on attache sur le dos de certains animaux pour leur faire porter une charge. Un bât de mulet; cheval, mule de bât : 1. Même dans les pays les mieux pourvus, il en allait de même pour les chemins de traverse et les sentiers ruraux les animaux de bât demeuraient d'usage courant.
G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 26. B.− P. métaph. ou au fig. [En parlant d'une servitude qui pèse] Esclavage, joug, contrainte : 2. − ... Nous sommes seuls exempts du bât [du mariage], et tu t'en vas t'en harnacher?
Balzac, Le Contrat de mariage,1835, p. 206. 3. Dociles comme une machine,
prêts à supporter tous les bâts,
quand nous plions si bien l'échine,
voici qu'on est brave là-bas!
Glatigny, Le Fer rouge,1870, p. 12. 4. L'homme a gagné Paris ainsi qu'une victoire. Le lui prendre à présent, c'est lui rendre son bât.
Hugo, L'Année terrible,1872, p. 264. − Expr. Vrai cheval de bât. Homme dépourvu d'intelligence. Porter son bât. ,,Avoir sa part de peine, de fatigue`` (Lar. 19e); attesté dans Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Rob.C'est le cheval de bât. ,,Se dit d'un homme chargé, dans une maison, dans une communauté, de la grosse besogne que les autres refusent`` (Ac. 1878). Être rembourré comme le bât d'un mulet. ,,Être trop vêtu`` (Ac. Compl. 1842). − Proverbes. Chacun sait où le bât le blesse. ,,Chacun connaît ce qui dans sa position est cause d'embarras ou de souffrance`` (Littré). Qui ne veut selle, Dieu lui donne bât. ,,Se dit de ceux qui en quittant une condition s'exposent à tomber dans une pire`` (Nouv. Lar. ill.). Prononc. − 1. Forme phon. : [bɑ]. 2. Homon. : bas (adj. et subst.), bah!. Étymol. ET HIST. − xiiies. « dispositif que l'on place sur le dos des bêtes de somme pour le transport de leur charge » (Ordonnances comm.-mét. dans E. Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, 446 dans T.-L. : chacun cheval doit de peage quatorze deniers, s'il le porte en bast, en trousse, dedans selle); 1464 fig. c'est là que le bât le blesse (Maistre Pierre Pathelin, éd. R.-T. Holbrook, Paris, 1962; vers 1357 : je scay mieulx ou le bast m'en blesse, que vous n'ung aultre ne scavez); 1740 (Ac. : On dit figurement d'un sot, d'un lourdaut, c'est un cheval de bât).
Du lat. vulg. *bastum (subst. verbal de *bastare « porter » v. baster) « ce qui porte », qui a éliminé dans ce sens le plus anc. somme (v. bête de somme*) attesté dans le nord de la France dep. ca 1130 et en partic. au sens de « bât » aux xiiieet xives. (Gdf.); *bastum, utilisé d'abord dans les régions méditerranéennes, est ensuite remonté vers le Nord. Le lat. class. clitellae a disparu totalement. STAT. − Fréq. abs. littér. : 75. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 50-51; p. 54, 210. − Rog. 1965, p. 38. |