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AUTORITARISME, subst. masc.
A.− POL., SOCIOL. Système qui préconise l'autorité absolue, tendance d'un gouvernement autoritaire, d'un régime particulièrement fort. (Quasi-)synon. absolutisme. Anton. anarchie, libéralisme :
1. Lui, qui se croyait libre, (...) il sentait, avec effarement, combien il l'était peu, auprès de ces Français affranchis même de toute loi absolue de l'esprit, de tout impératif catégorique, de toute raison de vivre. Pourquoi donc vivaient-ils? − Pour la joie d'être libre, répondait Olivier. Mais Christophe, qui perdait pied dans cette liberté, en arrivait à regretter le puissant esprit de discipline, l'autoritarisme allemand; ... R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 959.
2. ... l'antisémitisme, le capitalisme et l'autoritarisme témoignent aujourd'hui d'une puissance toute nouvelle par leur union avec le nationalisme. (...) dans chaque nation, le nombre des personnes qui sentent un intérêt direct à faire partie d'une nation forte est incomparablement plus élevé de nos jours qu'autrefois. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 36.
B.− PSYCHOL., néol. Caractère, comportement d'une personne autoritaire, aimant imposer sa volonté à autrui. Anton. aboulie, faiblesse :
3. Cette manie de l'ingérence est une des formes les plus fréquentes de l'instinct de domination chez la femme; elle y trouve à exprimer son dévouement, son égocentrisme et sa condition dépendante (Heymans); elle est la forme bénigne de l'autoritarisme des timides ou des inquiets, qui reportent sur autrui leur propre insécurité : voyageurs qui assassinent leurs voisins d'obligeances indiscrètes, parents qui ne savent pas laisser leurs enfants apprendre seuls un jeu ou découvrir seuls un plaisir, donneurs de conseils inséparables de tout incident de rue, et jusqu'à ces femmes accablantes qui ne savent pas combien l'homme aime agir de lui-ême et avoir un peu d'air autour de ses gestes. Le sans-gêne est une forme légèrement agressive de ce goût de l'ingérence. L'autoritarisme est, lui aussi, une fausse énergie de faible. Il se situe généralement aux frontières de la névrose, et il alterne souvent dans la même famille avec les maladies du scrupule. On dit justement de l'autoritaire qu'il est, contre les apparences, un aboulique social. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 511.
Rem. 1reattest. 1870 (Leverdays, sans attest. ds Dauzat 1968), 1872 (J. Claretie, Histoire de la Révolution de 1870-71, 1, 68, ds Quem. t. 1 1959); dér. de autoritaire*, suff. -isme*.
PRONONC. ET ORTH. : [otɔ ʀitaʀism̥] ou [ɔ-]. Cf. autoriser. Harrap's 1963 donne uniquement [ɔ] ouvert à l'initiale. À comparer avec autoriser où il note [o] fermé. Littré : ,,Il est bon d'observer qu'autoritarisme est juste, et qu'on fait un mot contraire à la loi de renforcement des voyelles sous le seul empire de l'accent, quand on écrit, comme quelquefois autoritairisme. Il en est autrement d'autoritairement, qui est un composé.``
STAT. − Fréq. abs. littér. : 23.
BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 74, 161, 164, 169, 171. − Foulq.-t-Jean 1962. − Lafon 1969. − Moor 1966. − Mucch. Sc. soc. 1969.