| APPRÉCIABLE, adj. A.− Qui peut être apprécié, qui peut être perçu par les sens : 1. C'est par des exemples semblables que M. l'abbé Sicard parvient à démontrer que non-seulement toutes les nuances du langage parlé sont appréciables pour les sourds-muets, mais que leur langue, que l'on peut appeler la langue des idées, est véritablement plus riche que la nôtre, ...
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 267. 2. Nous dirons aussi comment toutes les sciences qui s'occupent de la composition des corps se sont accordées pour classer et mettre à part ceux de ces corps qui sont appréciables par le goût, ...
Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 50. 3. Le somnambule se saisit d'un petit baquet, le poussa vers le milieu de la pièce, atteignit une fiole, qu'ailleurs on eût prise pour un litre de vin rouge, et la vida dans le baquet. Il quitta lentement ses espadrilles. Les pieds apparurent couleur vert-de-gris ancien. Ils ne dégageaient aucune odeur appréciable.
Romains, Les Copains,1913, p. 56. B.− Qui peut être évalué, chiffré : 4. andermatt. − ... Pour vous un piano c'est un piano... Pour nous [les Juifs] aussi, mais cela représente en même temps une valeur, une valeur marchande appréciable et précise qu'un homme pratique doit évaluer d'un seul coup d'œil...
Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 203. 5. Dans une économie de marché où tous les biens, y compris la contrainte, sont employés pour obtenir un avantage net appréciable en monnaie, le coût de l'exercice de la contrainte ne se justifie que par son rendement.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 312. − P. ext. Qui revêt une certaine importance, qui n'est pas négligeable : 6. Durant tout l'hiver, les visites des Russes à nos baraques se multiplièrent, et comme ils étaient généralement très bien reçus, ce qu'ils emportaient constituait pour eux un supplément appréciable de nourriture.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 178. 7. ... l'intelligence générale croît à partir de la naissance, d'abord rapidement, puis de plus en plus lentement, mais ne varie pas de manière appréciable après quinze ou seize ans, et même peut-être beaucoup plus tôt. L'individu est adulte intellectuellement avant de l'être physiquement et affectivement.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 620. ♦ Au fig. Qui est digne d'être apprécié (cf. apprécier B) : 8. Ses qualités admirables étaient particulièrement appréciables en un temps où c'était d'elles surtout que l'on avait besoin (mais n'a-t-on pas toujours besoin de bon sens?).
Gide, Journal,1918, p. 663. PRONONC. : [apʀesjabl̥]. Enq. : /apʀesjabl/. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1486 « qui peut être prisé, estimé » (Expos. de la reigle M.S. Ben., fo57 b ds Gdf. Compl. : En soy reputant le moins appreciable de tous les aultres) − ca 1517, Fossetier, ibid.; repris ds Mozin 1811; 2. 1765 « qui peut être apprécié par les sens ou par des procédés physiques » (Encyclop. t. 15, p. 345 : Mais il y a une espece de bruit permanent et appréciable qu'on appelle son).
Dér. de apprécier* étymol. 1 et 2; suff. -able*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 265. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 174, b) 444; xxes. : a) 332, b) 540. |