| APPÉTER, verbe trans. A.− Vx. [L'obj. désigne un inanimé] Désirer vivement ce qui satisfait les penchants, les besoins naturels : 1. Ainsi l'estomac appète les aliments qui lui conviennent, les attire en quelque sorte, et pousse vers eux l'être sensible et moteur dont la volonté n'a pas encore eu le temps de naître.
Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 62. − Au fig. [L'obj. du verbe est une chose abstr.] Désirer, souhaiter. Appéter la gloire : 2. Liée par des rapports intimes avec les fonctions sensitives dont elle suit l'impulsion, indépendante de la volonté à qui elle donne des lois plutôt qu'elle n'en reçoit, cette faculté [l'imagination] réclame, appète en quelque sorte les aliments qui lui conviennent, s'attache au merveilleux, poursuit avidement tout ce qui se dérobe aux sens, et se couvre d'un voile, tout ce qui flatte un penchant aveugle de crédulité, un besoin toujours progressif d'émotions fortes et profondes.
Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803pp. 100-101. B.− [L'obj. désigne un animé; par confusion avec appâter, ou sous l'influence du subst. appétit] Exciter l'appétit de : 3. Cette salaison légère [de la drêche] appète les animaux...
A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 157. PRONONC. ET ORTH. : [apεte] ou [apete] (cf. Passy 1914). Littré (qui note un [p] géminé, ainsi que les autres dict. de Nod. 1844 à DG) écrit par ailleurs : ,,La syllabe pé prend l'accent grave devant une syllabe muette : il appète, excepté au futur et au conditionnel ou l'accent aigu est gardé : il appétera, ce qui est une contradiction, puisque la prononciation est la même que dans il appète.`` (L'accent aigu s'explique par le désir de garder dans la forme graph. la relation avec celle de l'inf.; accent grave gén. proposé par les réformateurs, en raison de l'anal. de situation avec les formes du présent, où -t- est suivi d'un e instable). ÉTYMOL. ET HIST. − 1370-72 emploi abs. (Oresme, Ethiques, 32 ds Dict. hist. Ac. fr., t. 3, p. 414 : La partie [de l'âme] qui cognoist peut estre appelée sens, et celle qui appete est nommée appétit sensitif); 1372-74 « désirer vivement, prétendre à [+ inf.] » (Id., Polit., fo1 vods Gdf. Compl.); av. 1590 spéc. « désirer [en parlant de nourriture] » (A. Paré, Introd. à la cognoissance de la chirurgie, I, 17 ds Dict. hist. Ac. fr. ibid.); qualifié de ,,dogmatique`` ds Fur. 1690 et de ,,vieux mais usité en Médecine`` ds Trév. 1752; 1814-1820 méd. (Nysten).
Empr. au lat. appetere « rechercher avec avidité » (Plaute, Cist., 216 ds TLL s.v., 283, 60); spéc. en parlant de nourriture (Caton, Agr., 103, ibid., 285, 24). [Contrairement à l'indication de FEW t. 252, appéter ne se trouve pas dans le texte du xiiies., La fille du Comte de Pontieu, éd. Brunel, 1926]. STAT. − Fréq. abs. littér. : 9. BBG. − Le Roux 1752. − Nysten 1814. − Plowert 1968 [1888]. |