| ANÉMIE, subst. fém. A.− PATHOL. État morbide dû à un appauvrissement du sang dans lequel on constate une diminution du nombre des globules rouges, et qui se manifeste notamment par une pâleur extrême de la peau : 1. « Il faut vous soigner, monsieur, vous soigner attentivement. C'est de l'anémie, de l'épuisement, pas autre chose. Ces accidents, encore insignifiants, pourraient, en peu de temps, devenir incurables. »
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Héritage, 1884, p. 512. − En partic. ♦ Anémie pernicieuse ou anémie de Biermer. Anémie caractérisée par l'augmentation de volume des globules rouges et leur teneur plus grande en hémoglobine : 2. ... : la réalisation de l'anémie de Biermer doit être tenue pour exceptionnelle; ...
H. Vincent, J.-A. Rieux ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd.,fasc. 5, 1920-24, p. 181). 3. Certaines maladies peuvent aussi être produites par l'arrêt de sécrétions indispensables à la nutrition. C'est ainsi que l'insuffisance des glandes endocrines, de la thyroïde, du pancréas, du foie, de la muqueuse gastrique amène des maladies telles que le myxoedème, le diabète, l'anémie pernicieuse, etc.
A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 133. ♦ Anémie cérébrale. Insuffisance de l'irrigation sanguine du cerveau, pouvant provoquer un affaiblissement des facultés : 4. C'était la tête qui manquait plutôt, l'habitude de se servir des mots pour exprimer une idée juste, de son esprit pour réfléchir, de son habitude du monde pour observer autre chose que les signes de grossesse chez les jeunes femmes et d'anémie cérébrale chez les vieilles.
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 160. ♦ Anémie tropicale : 5. Autour de ses tempes, de ses oreilles, de ses yeux, sa peau prit des teintes de cire. Elle connut d'autres misères secrètes, dont elle fut humiliée, et la fièvre la visita tous les jours. Les médecins appellent ça de l'anémie tropicale.
P. Mille, Barnavaux et quelques femmes...,1908, p. 18. B.− Au fig. [Le plus souvent suivi d'un déterminatif] Faiblesse, affaiblissement, dégénérescence : 6. Combien est préférable la sincérité d'un Renan qui se résigne à subir les conséquences de sa pensée, et se reconnaissant incapable de résoudre par une seule formule le grand problème de la destinée, accepte la légitimité de solutions diverses! Les docteurs en santé sociale objectent que cette absence de parti pris aboutit à une anémie de la conscience morale d'un pays.
P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 51. 7. « Ainsi, pour ma part, je pense, avec les réactionnaires, que nous traversons une crise morale. Eh bien, je suis résolu à l'avouer tout de suite. Je suis prêt à reconnaître que la morale a chancelé. C'est un fait. Je l'attribue, pour la masse, à l'anémie générale des croyances religieuses − et pour nous, à la défaveur, au discrédit des principes abstraits que jadis nos professeurs de métaphysique nous offraient arbitrairement comme autant d'axiomes. »
R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 325. Rem. En bot., on rencontre un homographe désignant un genre de fougères [cf. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845 et Nouv. Lar. ill. (qui renvoient à aneimie), Lar. 19e(qui renvoie à anéimie) et Guérin 1892 (qui note s.v. anémie la graphie anéimie)]. Prononc. ET ORTH. : [anemi]. Enq. : /anemi/. − Rem. Ac. Compl. 1842 et Littré signalent la forme anhémie qui sert de vedette de renvoi à anémie; Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. : anémie ou anhémie, anémique ou anhémique; Land. 1834 : anémie ou anoemie; Gattel 1841 : anémie ou anéomie. Étymol. ET HIST. − 1722, févr. méd. (Compte rendu de Michel Albert, Introductio in medicinam Practicam [1721] ds Journal des savants, 210 d'apr. Quem. : Après avoir parlé des moyens d'évacuer le sang qui surabonde, l'on a parlé de ceux qu'il convient d'employer pour réparer celui qui manque. Cette maladie qu'on appelle anémie, est une des plus négligées par les médecins).
Empr. au gr. α
̓
ν
α
ι
μ
ι
́
α « manque de sang » (Aristote ds Bailly), peut-être par l'intermédiaire d'un lat. sc. (ds l'Introductio de 1721?). STAT. − Fréq. abs. litt. : 97. BBG. − Bonv. 1969. − Bouillet 1859. − Divin. 1964. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lafon 1969. − Lar. méd. 1970. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − March. 1970. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Mont. 1967. − Musset-Lloret 1964. − Nysten 1824. − Pomm. 1969. − Porot 1960. − Privat-Foc. 1870. |