| ABRÉGEMENT, subst. masc. I.− Vx ou sporadiquement. Action d'abréger : 1. L'abrégement du discours le rend toujours plus fort et plus convaincant.
Mercier, Néologie ou vocabulaire de mots nouveaux,t. 1, 1801, p. 3. − L'abrégement d'un livre (Littré); l'abrégement d'un congé (Lar. encyclop. et Lar. 3); l'abrégement du délai imparti (Pt Rob.). II.− Emplois spéciaux − DR. FÉOD. Abrégement de fief « action de diminuer la valeur d'un fief » (cf. étymol. 1 et abréger C). − LING. a) Lexicol. Substitution d'une forme réduite à une forme pleine par exemple de M'sieu à Monsieur, de métro à métropolitain; ... (Mar. Lex. 1961). Anton. allongement. b) Phonét. Réduction de la durée normale d'émission d'un phonème. ,,Le terme est d'ordinaire appliqué aux voyelles pour désigner le passage de la durée de longue* à la durée dite de brève*, ...`` (Mar. Lex. 1961). Rem. Chez certains linguistes, le mot est synon. de abréviation (cf. ce mot et sup. a) : 2. Nous avons divers procédés d'abrègement (sic) à notre disposition. Si le terme est formé de deux ou plusieurs mots − composés en voie d'élaboration − on a recours à l'ellipse...
A. Dauzat, Le Génie de la langue française,1943, p. 63. Chez d'autres, il s'oppose à abréviation pour désigner plus spécialement l'aboutissement phonétique réel de l'abréviation, l'abréviation ne concernant que la forme graphique. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon : [abʀ
ε
ʒmɑ
̃]. Enq : /ɑbʀeʒmɑ
̃/. 2. Forme graph. − L'ensemble des dict. écrivent ce mot avec un accent aigu. Dub. 1966 et Pt Lar. 1968 sont les seuls à aligner l'orth. sur la prononc. [ε] ouvert de la 2esyllabe, en écrivant abrègement (cf. aussi ds 3). 3. Hist. − Le mot entre ds la lang. sous la forme abregement (xiiies., cf. étymol.), encore empl. comme vedette ds Fur. 1701 et Trév. 1704. Pour les formes abbregement avec redoublement de b, cf. Nicot 1606 et Cotgr. 1611. Rich. 1680 est le 1erà noter la forme abrégement avec un accent aigu, cette forme étant attestée régulièrement à partir de Trév. 1771. Pour la prononc. de ce mot, Fér. 1761, Land. 1834 et Gattel 1841, en accord avec le graph. é, transcrivent le mot avec [e] fermé. Mais Littré, tout en maintenant la graph. é, signale la prononc. mod. en [ε] ouvert. (Pour le remplacement de é par è prononcé [ε] ouvert devant une syllabe muette, il abrège, cf. aussi abréger, prononc. et orth. 4). − Rem. Ac. 1832 écrit abrègement avec un accent grave, l'accent aigu étant rétabli ds Ac. Suppl. 1835. Le mot n'est plus attesté dans les éd. suiv. de Ac. Étymol. ET HIST. − 1. 1283 terme de dr. féod. « action d'abréger un fief, de diminuer les services qui lui sont attachés » (Beaumanoir, Cout. de Beauv., I, 393, éd. Beugnot ds Gdf. : Il sont aucun fief c'on apele fiés abregiés; quant on est semons por services de tix fiés, on doit offrir a son segneur ce qui est deu par le reson de l'abregement, ne autre coze li sires n'i pot demander si li abregement est provés ou conneus et il est fes soufisalment par letres du conte); 2. xiiies. « action d'abréger un texte » (Digeste de Just. B. N. 20118 ds Gdf. Compl. : Fere domache a l'exposicion ne a l'ordrenement des lois par abreigement); 3. 1300 « état de ce qui est rendu plus court (durée) » (Secr. d'Arist., B. N. 571, fo129a ds Gdf. Compl. : Abrèggement de jur et de nuit); 1304 « action de rendre plus court (durée) » (Year books of the reign of Edward the First, XXXII-XXXIII, p. 31 ds Gdf. Compl. : Pur abreggement de delays). Subit une éclipse jusqu'au xixes. où il ne parvient pas à s'implanter (cf. Littré : ,,usité autrefois et qui n'a rien qui l'empêche d'être usité de nouveau puisqu'il se comprend sans peine``; Lar. 19ele qualifie de vx, Quillet de rare).
Dér. de abréger*; suff. -ment*. Cf. avec 1 abréger 4; avec 2 abréger 3; avec 3 abréger 1. BBG. − Lep. 1948. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Springh. 1962. |