| AÉROSCAPHE, subst. masc. AÉRON., vieilli. Appareil de navigation aérienne (fictif ou encore à l'état de projet) désignant une sorte d'aérostat dirigeable ou d'aéroplane : 1. ... La nuit tire du fond des gouffres inconnus
Son filet où luit Mars, où rayonne Vénus,
Et, pendant que les heures sonnent,
Ce filet grandit, monte, emplit le ciel des soirs,
Et dans ses mailles d'ombre et dans ses réseaux noirs
Les constellations frissonnent.
L'aéroscaphe suit son chemin; il n'a peur
Ni des pièges du soir, ni de l'âcre vapeur,
Ni du ciel morne où rien ne bouge,
Où les éclairs, luttant au fond de l'ombre entre eux,
Ouvrent subitement dans le nuage affreux
Des cavernes de cuivre rouge.
Il invente une route obscure dans les nuits;
Le silence hideux de ces lieux inouïs
N'arrête point ce globe en marche; ...
V. Hugo, La Légende des siècles,t. 2, 1859, pp. 819-820. 2. L'aéroscaphe voit, comme en face de lui,
Là-haut, Aldébaran par Céphée ébloui.
Persée, escarboucle des cimes,
Le chariot polaire aux flamboyants essieux,
Et, plus loin, la lueur lactée, ô sombres cieux,
La fourmilière des abîmes!
V. Hugo, La Légende des siècles,t. 2, 1859p. 827. 3. ... admirons encore davantage la splendide peinture que V. Hugo fait de son aéroscaphe, sphère de cuivre, aérostat multiple, char ailé, chimère étrange conçue par le délire du vaticinateur : Globe comme le monde et comme l'aigle, oiseau.
G. de La Landelle, Aviation,1863, p. 260 (Guilb. Aviat. 1965, p. 428). 4. Nous avons imposé aux appareils dans lesquels prédonine la surface inclinée le nom trop général d'aéroscaphe; celui d'aéroplane donné par M. Joseph Pline à son appareil conviendrait beaucoup mieux. Note : Le nom aéroscaphe, nef aérienne, dû à Victor Hugo (Légende des siècles) est évidemment applicable à tous les systèmes avec ou sans ballons. Aéroplane a un sens plus précis. Si nous n'avons pas adopté ce mot, c'est par un scrupule qui, selon toute apparence, n'arrêtera pas l'usage. Aéroplane est destiné à prévaloir.
G. de La Landelle, Éléments d'aviation,L'Aéronaute, no3,1864, p. 4 (Guilb. Aviat. 1965, p. 428). 5. Ceci ne veut pas dire, certes, que les zones venteuses n'existent pas. Rien n'est plus démontré que ces afflations à courants continus, et un jour la navigation aérienne, servie par les air-navires que nous nommons, par manie du grec, aéroscaphes, en utilisera les lignes principales. La canalisation de l'air par le vent est incontestable, il y a des fleuves de vent, des rivières de vent et des ruisseaux de vent; ...
V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, pp. 345-346. 6. ... père Hugo, toi, qui (...) rêvais de l'aéroscaphe, trait d'union des peuples et leur apportant la paix, regarde un peu par ici, mon bonhomme, ce qu'il en est advenu.
L. Daudet, La Recherche du beau,1932, p. 224. 7. Quand Hugo, dans la pièce Plein Ciel, pressentait l'avion, qu'il appelait l'aéroscaphe, et voyait en lui le grand annonciateur de la paix aux hommes, il se trompait lourdement.
L. Daudet, Les Universaux,1935, p. 208. Étymol. ET HIST. − 1859, supra ex. 1 et 2.
Composé des éléments aéro-* et scaphe* (gr. σ
κ
α
́
φ
η « barque »). STAT. − Fréq. abs. litt. : 3. BBG. − Guilb. Aviat. 1965, pp. 52-53, 428-429. − Rheims 1969. − Zastrow (D.). Entstehung und Ausbildung des französischen Vokabulars der Luftfahrt mit Fahrzeugen « leichter als Luft » (Ballon, Luftschiff) von den Anfängen bis 1910. Tübingen, 1963 (Beih. zur Z. rom. Philol. 105.), pp. 219-223. |