| * Dans l'article "ÉTOFFER,, verbe trans." ÉTOFFER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. Confectionner, garnir (quelque chose) en employant toute l'étoffe nécessaire. La couturière n'a pas bien étoffé cette robe (Ac.1878-1932). 2. P. ext. Rendre (quelque chose) plus volumineux, plus important en nombre ou en proportions. Embarquer ces volontaires sur des bateaux, (...) puis (...) les diriger vers le front, où ils étofferaient nos unités (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 449).Chez l'un d'eux, Thomas Moore, j'ai fait l'apprentissage de mon premier métier; il avait alors des favoris gris qui étoffaient un visage maigre et grave (Chardonne, Ciel,1959, p. 37). − Spécialement ♦ B.-A. Étoffer une statue. Lui donner plus d'ampleur, en l'agrémentant de draperies flottantes. Attesté ds Littré, Guérin 1892, Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr. ♦ ART CULIN. Étoffer un poisson, une volaille. Les garnir de farce. L'oiseau ainsi préparé, il s'agit de l'étoffer (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 346). 3. Au fig. Rendre (quelque chose) plus important, lui donner plus de matière, de force, d'intensité. Rien ne me gêne autant que la renommée d'un paysage (pour l'œuvre d'art, il n'en va pas de même : l'admiration l'étoffe et l'épaissit...) (Gide, Journal,1946, p. 288).Les parfums remplissent l'air immobile et semblent étoffer le silence (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 184). − Spécialement ♦ [En parlant d'un son, en partic. du timbre de la voix] Lui donner plus de puissance. L'exercice commençait (...). Tout cela eût été bien ridicule, sans cette basse profonde du canon, cet accompagnement continuel qui donnait de l'aisance et de l'ampleur à nos manœuvres, étoffait les commandements trop grêles (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 162).Les fraîches voix de ces choristes invisibles, qu'à certaines représentations de gala on fait soutenir et étoffer la voix fatiguée d'un vieux ténor (Proust, Chron.,1922, p. 92). ♦ [En parlant d'une œuvre littér. ou musicale] La rendre plus dense, plus riche; lui donner plus d'ampleur. Je devrais étoffer certaines répliques du « Cousin », un peu trop rapides (Renard, Journal,1908, p. 1209).Dans l'instrumentation du quatuor, Génin affectionne l'usage de pédales graves dont il étoffe la partie du deuxième violon (La Laurencie, Éc. violon,1923, p. 418): ... les chroniqueurs, par contre, désireux de dépasser le journalisme, donneraient volontiers deux litres de leur sang pour être, de leur vivant, élevés à la dignité d'historiens. C'est pourquoi ils étoffent et étayent les faits quotidiens de considérations générales.
Morand, Chroniques homme maigre,1941, p. 150. Étoffer un personnage. Lui conférer plus de caractère, plus d'importance. Je ne parle jamais d'Évariste, je ne le dilapide, je ne l'éparpille pas; je l'étoffe depuis près d'un demi-siècle; il a acquis une densité prodigieuse (Arnoux, Algorithme,1948, p. 305).B.− Emploi pronom. 1. [En parlant du corps] Devenir plus gros, plus important dans ses proportions. Achetés petits, d'une apparence de sangliers presque, ils [les porcs] ne tardent pas en s'étoffant à se charger de viande (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 218).Je grandis, je grossis, je m'étoffais à tel point que Marcelline me retrouve (L. de Vilmorin, Lettre ds taxi,1958, p. 87). 2. [En parlant d'un ensemble de pers. ou de choses] Devenir plus fourni. Voici l'assiégeant, un petit groupe qui s'étoffe vite (Arnoux, Algorithme,1948p. 214). − Au fig. Il [Gilles de Rais] fut despotique et violent, faible pourtant lorsque les louanges de ses parasites s'étoffèrent (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 96). Prononc. et Orth. : [etɔfe], (j')étoffe [etɔf]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 estoffer « fournir de ce qui est nécessaire, équiper » (G. de Coinci, II Dout. 34, 1061 ds Miracles de Nostre-Dame, éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 481); 2. 1352 « garnir de tout ce qui est nécessaire pour donner de l'ampleur; augmenter la commodité, l'ornement » (Comptes de l'argenterie des rois de France, éd. L.-Cl. Douët d'Arcq, p. 158); 3. 1755 étoffé « qui a des formes amples (d'un animal) » (Buffon, Hist. nat., t. 5, p. 205). Du frq. *stopfôn « mettre, fourrer, enfoncer dans » cf. l'a. h. all. stopfôn « id. » (Graff t. 6, col. 658); de ce sens est issu celui de « fournir de, équiper ». Fréq. abs. littér. : 30. DÉR. Étoffement, subst. masc.a) Assemblage d'étoffes. De vieilles petites créatures, sèches et ratatinées, emballées dans un étoffement carré de grosses étoffes de laine (Goncourt, Journal,1856, p. 258).b) B.-A. Action d'étoffer, de donner de l'ampleur aux draperies. Le peintre de très charmants tableaux, le dessinateur de modes [Watteau le fils], qui, dans une toilette de femme, a apporté une espèce de style grandiose, et qui (...) étonne par l'ampleur de ses étoffements superbes (E. de Goncourt, Mais. artiste,1881, p. 176).− [etɔfmɑ
̃]. − 1reattest. 1856 (Goncourt, loc. cit.); du rad. de étoffer, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Quem. DDL t. 3 (s.v. étoffement). − Rog. 1965, p. 34, 74. |