| ÉRUPTIF, IVE, adj. A.− MÉD. [En parlant d'une maladie, d'un symptôme] Qui est accompagné d'éruption. Fièvre éruptive, accidents cutanés éruptifs. Aucune trace de maladies contagieuses, éruptives, et autres (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 79).Seules, les altérations cutanées resteront encore fréquemment confondues avec les accidents éruptifs gourmeux (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 357). B.− GÉOL. Qui a rapport aux éruptions (généralement volcaniques) ou qui en résulte. Centre, filon, foyer, groupe, quartz éruptif; coulée, masse, roche éruptive. Ces dislocations et ces fractures furent accompagnées de phénomènes éruptifs grandioses (Boule, Conf. géol.,1907, p. 168).Ces intrusions successives (...) d'un même magma, dont les veines entrelacées forment le complexe éruptif d'une même montagne (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955p. 103): 1. Le jour où la mer se précipitera à travers la paroi et pénétrera par la cheminée centrale jusque dans les entrailles de l'île, où bouillonnent les matières éruptives, ce jour-là, Pencroff, l'île Lincoln sautera comme sauterait la Sicile si la Méditerranée se précipitait dans l'Etna!
Verne, Île myst.,1874, p. 597. Rem. La docum. atteste le dér. éruptivité, subst. fém., géol. Conditions propres à déterminer une éruption. Dès ma découverte [du réservoir de lave en fusion permanent − du Niragongo − explique Haroun Tazieff], je fus convaincu que c'était un champ inespéré pour l'étude sur le vif de l'éruptivité (Sc. et vie, 1967, no594, p. 140 ds Rob. Suppl. 1970). − Au fig. ou p. métaph. ♦ Qui vient spontanément et soudainement de l'intérieur. Partisans d'un art de mise au point rationnelle, du goût et de la finesse françaises et adeptes de l'art éruptif et tout chaud-servi, s'affrontèrent en de courtoises discussions (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 157).Bergson oriente notre attention du côté de ces choix éruptifs où un flux d'existence plus profonde vient rompre un cours de pensées mortes (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 169). ♦ Qui subit les secousses de l'agitation, du tumulte : 2. ... cette salle qui somnolait sous les housses rugueuses, Suzanne l'avait vue, mille fois, brillante, brûlante, grondante, hennissante, éruptive, soulevée, bouleversée par des tempêtes de rire ou d'enthousiasme.
Duhamel, Suzanne,1941, p. 264. Rem. La docum. atteste le dér. éruptivement, adv. À la manière d'une éruption géologique. Uriner avec force, éruptivement, comme un geyser (Romains, Copains, 1913, p. 74). Ce formidable chaos dont les fragments, somptueux ou hallucinants, envahissent éruptivement l'imagination et le verbe de Hugo (Béguin, Âme romant., 1939, p. 376). Prononc. et Orth. : [eʀyptif], fém. [-i:v]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1793 fièvres et maladies éruptives (Encyclop. méthod. Méd., s.v. éruption); 2. 1865 géol. (Littré). Dér. du lat. eruptus, part. passé de erumpere « faire éruption ». Fréq. abs. littér. : 17. |