| ÉQUARRIR, verbe trans. A.− TECHNOL. Tailler (une bille de bois, un bloc de pierre) à angles droits, rendre carré. On abat les arbres, on les sectionne, on les équarrit suivant une tradition familiale qui (...) a force de dogme (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 213): ... s'il s'agissait d'abattre un arbre de quatre-vingts pieds de haut, de l'équarrir et d'en faire des planches, je m'en tirerais bien...
Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 246. − Au fig. [En parlant d'éléments abstr.] Dégrossir, affiner. Plus on s'efforcera d'équarrir l'intelligence et d'affiner le système nerveux des pauvres diables, et plus on développera en eux les germes (...) de la souffrance morale et de la haine (Huysmans, À rebours,1884, p. 98). B.− Dépecer et découper un animal mort (généralement impropre à la consommation). Équarrir un cheval (Ac.1878-1932).Je leur achète un mouton, qu'ils équarrissent sur la plage (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 61). Rem. La plupart des dict. et la docum. attestent le subst. masc. équarrissoir. Poinçon à section carrée servant à percer ou agrandir des trous dans le métal (d'apr. Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 11, 1927, p. 264). Prononc. et Orth. : [ekaʀi:ʀ], (j')équarris [ekaʀi]. DG transcrit [ɑ] seul. Comparez la prononc. [-ka-] dans ce mot avec celle [-kwa-] dans des mots du type de équateur. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. On rencontre les var. graph. : a) Écarrir (vieilli). L'esprit n'a fait que l'écarrir [une vérité nue et crue] comme une pièce de bois (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 301). b) S'équarir. Ces blocs monstrueux s'équarissent dans les murs (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 16). Les traits s'équarissent, la taille tourne (Id., Journal, 1842, p. 416). Besch. 1845 note : ,,On écarrit une pièce de bois, c'est-à-dire, on la met en carré; on équarrit un vieux cheval, c'est-à-dire, on l'écorche``. Étymol. et Hist. 1. [Fin xiies. attesté par son dér. (e)squarrie « carré » ds T.-L. et Gdf.]; mil. xiiies. « tailler [en forme de carré], mettre en pièces » (B. de Ste-Maure, Troie, 12935, leçon ms. K); 2. 1755 « percer un trou carré avec l'équarrissoir » (Encyclop. t. 5); 3. 1780 « dépecer un animal mort » (Lettres patentes, in Recueil gén. des anciennes lois fr., XXVI, 303 ds Quem. DDL t. 15). Var. de l'a. fr. escarrer, 1288 « disloquer » (Thèbes t. II, p. 216, ms. A); 1295 caine escarré (ds Gdf.), issu du lat. vulg. *exquadrare, composé de quadrare « équarrir ». Fréq. abs. littér. : 95. Bbg. Archit. 1972, p. 45. − Quem. DDL t. 4. |