| ÉPOUMON(N)ER,(ÉPOUMONER, ÉPOUMONNER) verbe trans. A.− Emploi trans., rare. [Le suj. désigne une activité requérant un effort vocal et respiratoire] Fatiguer en faisant perdre le souffle. Synon. essouffler.Cette lecture m'a époumoné (Ac.1835, 1878). B.− Emploi pronom. Se fatiguer (à faire quelque chose) jusqu'à perdre le souffle. Il s'époumonne à crier, à hurler. Synon. s'essouffler.Criez! Hurlez! Époumonnez-vous, stupides créatures! dit Paganel (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 156).Il avait beau s'époumoner à dire des énormités : ils affectaient de ne pas entendre (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1351).Surgirent alors les musiciens, vêtus de vestes aux couleurs vives et s'époumonant dans des cuivres enrubannés (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1679). − P. métaph. L'Aquilon s'époumonne et l'Autan se harasse (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 325). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé en emploi adj. Qui a perdu le souffle. Comme une poussée d'eau sale, la foule battait la cahute sur laquelle, époumonné, rouge, suant, éperdu, Marseille vociférait sans relâche (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 78). b) Le dér. époumonement, subst. masc. Synon. de essoufflement. P. métaph. L'acharnement de l'écume, l'usure imperceptible du rocher, l'époumonement insensé des quatre vents (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 275). Prononc. et Orth. : [epumɔne], (je m')époumon(n)e [epumɔn]. Ds Ac. 1762 avec 2 n (cf. aussi Land. 1834, Gattel 1841). Ds Ac. 1798-1932 avec 1 n (cf. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Nod. 1844, Besch. 1845, Littré, DG, Dub., Pt Rob., Lar. Lang. fr.). Littré relève l'incohérence de Ac. qui supprime 1 n à époumoner mais conserve 2 n à occasionner. D'apr. la règle pratique proposée par Thim. Princ. 1967, p. 72 : dans la finale -on, on double n devant e : époumonner. Le part. prés. s'aligne sur l'inf. : époumonnant (cf. famille de son s.v. dissonnance). Étymol. et Hist. 1725 s'époûmoner « se fatiguer les poumons à force de crier, de parler » (N. R. de Grandval, Cartouche, 95). Dér. de poumon*; préf. é-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 38. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 232. − Quem. DDL t. 10. |