| ÉPLOYER, verbe trans. Synon. littér. de déployer.A.− [En parlant des ailes d'un oiseau ou p. compar. explicite] Étendre ce qui est replié. Le vautour sacré éploie ses ailes au-dessus du pharaon (Du Camp, Nil,1854, p. 224). − Emploi pronom. à sens passif. S'étendre, s'ouvrir. Avec une grâce espagnole, les filles dont les larges manches s'éploient comme des ailes, dandinent leurs tailles serrées (Loti, Ramuntcho,1897, p. 73): 1. ... elle entendait le bruit sec et sourd des longues ailes qui s'éployaient soudain comme d'immenses éventails, emportant d'un vol calme cette bête dédaigneuse [un aigle].
Green, Journal,1928-34, p. 265. ♦ P. méton. [Le suj. désigne un oiseau] Ouvrir ses ailes (pour prendre son vol). Un timide oiseau de nuit siffla de joie parmi les fruits des chênes, puis s'éploya (Jammes, Rom. du lièvre,1903, p. 20).Le petit chapeau où s'éployait une mouette (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 275). B.− P. ext. Étendre largement. Il déposait son sac plein de grenouilles, éployait un linge blanc et sortait son couteau de sa poche (Genevoix, Boîte à pêche,1926, p. 186): 2. ... rangée après rangée, par bonds successifs, le bataillon qui était éployé dans le pâturage, gagne le haut du coteau...
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 752. ♦ Emploi pronom. à sens passif. Grands fauteuils (...) tendus de soie couleur amande, où s'éploient de petits nœuds et de grands bouquets blancs (Colette, Cl. ménage,1902, p. 187).Une lourde vapeur jour et nuit s'éploie au-dessus des villes (Claudel, Feuilles Saints,1925, p. 664).Des drapeaux déjà hissés, de couleur toute fraîche, claquent et s'éploient (Arnoux, Calendrier Fl.,1946, p. 69). C.− Au fig. Donner toute son ampleur à quelque chose (qualité, faculté...). La Loire peut éployer sa grâce matinale (...) ni les reflets nacrés des nuages, ni la pâleur opaque des mouilles (...) n'émeuvent les sens et le cœur de Buvat (Genevoix, Boîte à pêche,1926p. 238). ♦ Emploi pronom. réfl. Donner toute sa mesure, s'épanouir. L'automne s'éployant sur les arbres couchés fut splendide (Gide, Nourrit. terr.,1897, p. 191).Une activité impatiente pourtant de s'éployer, de se dépenser (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 254).Décidément, j'étais saisonnière. Cette année encore, au premier souffle du printemps, je m'éployai, je respirai gaiement l'odeur du goudron chaud (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 309). Prononc. et Orth. : [eplwaje], (j')éploie [eplwa]. Conjug. cf. aboyer. Étymol. et Hist. Av. 1505 hérald. aigle ... esployee « aigle qui a les ailes étendues » (Le Baud, Rec. armor. de Bret. ds Gdf. Compl.); 1854 verbe trans. le vautour éploie ses ailes (Du Camp, Nil, p. 224). Dér. de ployé, ployer* (cf. déployer); préf. é-*. Fréq. abs. littér. : 44. Bbg. Quem. DDL t. 1. |