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ÉPICERIE, subst. fém.
A.−
1. Au plur., vx. Les épices. Les boissons que retirent quelques peuples sauvages de diverses épiceries écrasées et mêlées au suc qui découle de certaines espèces d'arbres (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 78).
2. P. ext., au plur. ou plus souvent au sing. Ensemble des denrées de consommation et d'usage courants qui parce qu'elles ne sont pas produites dans le cadre d'une économie domestique, doivent être achetées dans une boutique spécialisée. Vendre des épiceries, de l'épicerie. Elle ne me pardonne pas de me fournir d'épicerie chez Camus (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1081).La boutique où l'on vend des légumes, de l'épicerie, du pétrole et des bonbons (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 91):
1. Il serait (...) logique de substituer le terme « d'alimentation générale » au terme épicerie, car actuellement la majeure partie des magasins d'épicerie vendent, à côté de l'épicerie proprement dite, des produits laitiers, des légumes et des fruits frais, de la charcuterie et quelquefois des volailles et du gibier. Brunerie, Les Industr. alim.,1949, p. 210.
B.− P. méton.
1. Commerce de ces denrées. Un fonds d'épicerie. Mon ancien épicier (...) qui n'a été avec sa femme au spectacle que le jour où il s'est retiré, après trente ans d'épicerie (Goncourt, Journal,1861, p. 975).Il faut autant d'intelligence pour réussir en épicerie qu'en littérature (Renard, Journal,1893, p. 171).
2. Boutique, magasin où l'épicier vend de l'épicerie. Ouvrir, tenir une épicerie; une épicerie-buvette, épicerie-mercerie. Elle avait pensé (...) acheter à une épicerie de la rue Notre-Dame quelques provisions pour le souper (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 284).Dans la grand'rue, il y avait des épiceries, deux pharmaciens, deux cinémas, et beaucoup de marchands de légumes (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 213):
2. Elle [la chambre] se trouve malheureusement juste au-dessus du magasin, et les tapis, la tenture, la muraille même sont imprégnés de cette odeur rance et miellée, indéfinissable, écœurante, des épiceries de campagne. De plus − car ces demoiselles débitent aussi du genièvre en cachette − dès cinq heures du matin, la porte bat sans cesse. Bernanos, Un Crime,1935, p. 795.
Prononc. et Orth. : [episʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Mais enregistré au plur. ds Ac. 1762 (cf. aussi Fér. 1768). Étymol. et Hist. 1248 « épices de toute sorte dont on fait commerce » (Rel. Commerciales entre la France et la Flandre, 183, Finot d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 11, p. 510 : un peu d'espicerie pour faire sa sausse); 1249-85 « endroit où l'on emmagasine et vend des épices » (Rutebeuf, Œuvres, t. 1, éd. Bastin Faral, p. 233 : devant l'espicerie vendent de lor espices). Dér. du rad. de épicier*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 210. (épicerie-mercerie : 2). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 219, b) 190; xxes. : a) 374, b) 378. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 235.