| ÉMAILLER, verbe trans. A.− Recouvrir, totalement ou partiellement, d'émail. Les émaux à cadran (...) servent à émailler des cadrans de montre (A. Meyer, Art émail Limoges,1895, p. 53). B.− P. anal. 1. Orner, embellir en parsemant de couleurs vives. a) [En parlant de fleurs] Un parterre émaillé de fleurs (Ac.1932). − Emploi pronom. à sens passif. La pelouse s'émaillait des corbeilles dont Ortègue faisait renouveler les fleurs chaque semaine (Bourget, Sens mort,1915, p. 146). b) [En parlant de vêtement] :
1. Les Français trafiquant de leurs compagnes, dont les vestons terriblement pimpants émaillaient jadis les cafés de Shaftesbury Avenue ou de Leicester Square, pénètrent difficilement en Angleterre depuis trois ans...
Morand, Londres,1933, p. 195. − P. méton. [En parlant de pers. qui portent de tels vêtements] [L'artiste] roula des yeux amoureux à l'intention des cent quarante-trois dames qui émaillaient le salon (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 205). ♦ Emploi abs. Deux militaires dans une noce (...) ça fait très bien! (...) ça émaille! (Labiche, Sensit.,1860, I, 2, p. 323). 2. Agrémenter (un ouvrage, un récit) de détails qui retiennent l'attention. Synon. fleurir.Alexandre Dumas émaille les journaux de ses réflexions philosophiques (Flaub., Corresp.,1871, p. 259). − Par antiphrase, péj. : 2. Un long interview de L. dans L'Opinion. La quantité d'erreurs de fait qui l'émaillent jettera, je l'espère, quelque discrédit sur l'authenticité des propos qu'il me prête.
Gide, Journal,1929, p. 952. Rem. On rencontre ds la docum. émaillé, ée, part. passé adj. a) Recouvert d'émail. Aussi, dans les installations modernes, les éviers en pierre, à surface rugueuse, sont-ils remplacés par des éviers émaillés ou en céramique, larges et profonds (Lar. mén. 1926, p. 465). b) Au fig. Coloré de façon vive et diverse. Synon. bigarré. Le fleuve naissant de cette heureuse cité, ses vignobles, sa plaine émaillée et les vapeurs balsamiques des torrents méridionaux, tout nous invitait à y faire une station (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 44). Prononc. et Orth. : [emaje], (j')émaille [emaj]. Timbre ant. de la voyelle ouverte, comme dans émail (cf. Grammont Prononc. 1958, p. 29). Passy 1914 admet une var. avec [ɑ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1275-1280 esmaillier « recouvrir d'émail » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9246). Dér. de émail*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 53 (émaillé : 168). DÉR. Émaillure, subst. fém.Ouvrage de l'émailleur. Au fond, l'œil amoureux de la couleur, à la fin, trouve que les colorations de la peinture à l'huile, c'est de la « gnognote » à côté de l'émaillure d'une faïence ou d'une porcelaine (Goncourt, Journal,1891, p. 90).− [emajy:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) 1328 esmaillure « revêtement d'émail » (Comtesse Mahaut, 251 ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 499), b) 1611 « action de garnir d'émail » (Cotgr.), c) 1718 « art d'appliquer l'émail » (Ac.); du rad. de émailler, suff. -ure*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Duch. Beauté 1960, pp. 97-98. |