| ÉLIMER, verbe trans. Rare. [En parlant d'étoffes] User par un frottement répété à force d'utiliser. Il a élimé son veston. Les lumières de l'intérieur des boutiques élimaient la trame comme les étoiles éliment la nuit (Giono, Eau vive,1943, p. 314).− P. compar. ou p. métaph. À polir et repolir cent fois un ouvrage, on finit par élimer la trame de telle façon qu'elle se dépersonnalise (L. Daudet, Ét. et mil. littér.,1927, p. 85). − Emploi pronom. à sens passif, usuel. Cette étoffe s'élime. Cette veste s'élime aux coudes et aux poignets (Ac.).Il [le compère] efface et serre des reins inquiets, à l'étroit dans la culotte qui s'élime (Colette, Music-hall,1913, p. 212). ♦ P. anal. C'était une vieille alliance d'or (...). On sentait que la main où elle s'était élimée ainsi, ne reculait devant aucune besogne (Zola, Terre,1887, p. 344). Prononc. et Orth. : [elime]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1225 « polir » fig. (Gautier de Coinci, Miracle de Nostre Dame, éd. F. Kœnig, 1 Prov. 1, 327 : La mere Dieu qui est la lime Qui test escure et tout eslime, Escurer daint et eslimer ... la langue Gautier de Coinci); 2. « user » [1580 fig. (Montaigne, II, 544 ds La Curne)]; 1694 habit élimé (Ac.). Du lat. class. elimare « user avec la lime ». Fréq. abs. littér. : 2. DÉR. Élimage, subst. masc.Action d'élimer; son résultat. Elle [la toilette d'Anatole] montrait les fatigues, les élimages (...) l'espèce de pourriture hypocrite de ce qui n'est plus sur un homme le vêtement, mais la « pelure » (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 383).− 1reattest. 1867 id.; de élimer, suff. -age*. BBG. − Gohin 1903, p. 372. |