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ÉLECTRISER, verbe trans.
A.− Charger un corps d'électricité. Électriser un corps positivement, négativement (Ac.).
Emploi pronom. à sens passif. Cf. actiniquement ex.
B.− Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers., un attribut ou une manifestation d'une pers.] Produire une vive impression, exalter. Électriser le courage de qqn. Par moments, il [Ribes] est si sympathique et si nerveux, qu'il électrise le public et recueille en bloc les bravos que les autres reçoivent en détail (Sand, Corresp., t. 5, 1812-76, p. 19).Sous le grand soleil tarasconais qui les chauffe et les électrise, la cocasserie des crânes et des imaginations s'exagère en des développements monstrueux (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 155):
Il éprouve le même transport, le même tumulte du sang, le même surpassement de soi, qui l'électrisaient naguère, quand un subit élan de foi, de colère et d'amour, (...) l'élevaient soudain au-dessus des foules, et de lui-même, ... Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 698.
Emploi pronom. réfl. Tous sont frappés et remués de ses progrès et de son audace d'esprit; en l'entendant, le laborieux mais pesant Baïf s'électrise et ne rêve plus qu'innovations (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 64).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Qq. ex. du part. prés. adj. électrisant, ante. Qui produit une vive impression, qui exalte. Soudain c'est une explosion de paroles électrisantes; une remarque de quelqu'un de nous a déclenché l'appareil, toute la générosité de la poétesse proteste contre une assertion qui lui semble inhumaine (Blanche, Modèles, 1928, p. 57). Je revins dîner avec ennui au palais : le contact électrisant de la foule m'avait rendu plus déprimante la solitude (Gracq, Syrtes, 1951, p. 187). b) Qq. ex. du part. passé adj. électrisé, ée. α) Qui a été chargé d'électricité. La force qui s'exerce entre deux corps électrisés (Poincaré, Électr. et opt., 1901, p. 5). M. Rowland a reconnu que le transport mécanique d'une charge électrostatique équivaut à un courant dirigé dans le sens du mouvement : en employant un disque isolant électrisé, et en le faisant tourner avec une grande rapidité il a observé la création d'un champ magnétique (Id., ibid., p. 382). β) Au fig. Qui a reçu une vive impression, qui est exalté. Cette enfant était si belle (...) que jamais il n'oserait même lui laisser voir le trouble où sa présence le jetait. Et puis, tout aussi brusquement, sa volonté reprit le dessus, et refoula un sang plus chaud, tout électrisé, dans ses veines (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 60). c) L'adj. électrisable. Qui peut être chargé d'électricité. Un vieux chat musculeux (...) fait signe à un chien cagneux, qui se précipite. Le noble animal de la race féline attend son adversaire avec courage, et dispute chèrement sa vie. Demain quelque chiffonnier achètera une peau électrisable (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 329).
Prononc. et Orth. : [elεktʀize], (j') électrise [elεktʀi:z]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1731 le tube électrisé adj. (Brémond, Trans. Phil. ds Trév. Suppl. 1752); 1732 emploi actif (M. du Fay, Mém., p. 8, ibid.); 1805, 5 mars au fig. (Stendhal, Journal, p. 42). Dér. du rad. de électrique*; suff. -(is)é* et -iser*. Fréq. abs. littér. : 120.
DÉR.
Électrisation, subst. fém.a) Action de charger un corps d'électricité. À partir de 1847, Duchenne de Boulogne (...) a utilisé l'électrisation par bobine d'induction pour l'étude de la physiologie motrice (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 676).b) Action de produire une vive impression, d'exalter. Elle me dit que sa santé lui semblait (...) une chose providentielle, heureuse, pour me conserver par les fréquentes privations qu'elle m'impose. Oui, mais (...) la conservation m'importe moins que l'électrisation, que le renouvellement et l'inspiration par l'amour! (Michelet, Journal,1849, p. 72). [elεktʀizasjɔ ̃]. Ds Ac. 1835-1932. 1reattest. 1738 (Hist. de l'Acad. des sc., p. 97 ds DG); du rad. de électriser, suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 6.
BBG. − Gohin 1903, p. 358. − Quem. 2es. t. 2 1971; Fichier.