| ÉLECTRIQUE, adj. A.− Relatif à l'électricité. Charge, circuit, courant électrique. Deux corps sont au même potentiel s'il ne se produit pas entre eux de mouvement électrique (H. Fontaine, Électrolyse,1885, p. 3). SYNT. Attraction, conducteur, conductibilité, énergie, répulsion, résistance, tension électrique; ondes, oscillations électriques. − Vx. Fluide électrique. Électricité. La pointe de l'arbre allait chercher le fluide électrique jusque dans les nuages, et la pluie en tombant le long des branches, lui servait de conducteur (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 302). B.− En partic. 1. Relatif à l'électricité utilisée à des fins industrielles ou domestiques. Consommation, production électrique; fil électrique; installations électriques. Chaque fois que la porte cochère s'ouvrait, la concierge appuyait sur un bouton électrique qui éclairait l'escalier (Proust, Sodome,1922, p. 728).Un tableau électrique avec les fusibles, l'horlogerie du compteur, une lampe-témoin pour chaque chambre (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 43). 2. Spécialement a) Qui produit de l'électricité. Centrale, pile électrique. − [En parlant de certains poissons ou de certains de leurs organes] Qui peut produire des décharges d'électricité. Anguille* électrique. Bloch dit n'avoir pas trouvé de vessie natatoire dans le gymnote électrique, tandis que Hunter l'indique dans plusieurs figures des organes électriques de ce poisson (Cuvier, Anat. comp.,t. 5, 1805, p. 272). b) Qui est produit par l'électricité. Décharge, lumière électrique; arc, champ, commotion, force électrique. Place de la Concorde, (...) où mortuairement brillent six ou huit flammes électriques dans de hauts lampadaires (Goncourt, Journal,1884, p. 349).L'étincelle électrique qui sert à l'allumage [des moteurs à explosion] éclate au milieu des cylindres (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 767). c) Qui utilise l'électricité. − [En parlant d'un instrument, d'une machine] Moteur, locomotive électrique. À travers les volets et les rideaux entraient dans la pièce noire les reflets rouges de l'enseigne électrique d'un cinéma voisin (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1497): 1. Il existe deux espèces de lampes électriques : les appareils à arc, fonctionnant à l'air, et ceux à incandescence, enfermés dans une ampoule close où le vide se trouve réalisé.
Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905p. 655. SYNT. Ampoule, cuisinière, four, rasoir, sonnerie, télégraphe, voiture électrique. − [En parlant d'une technique] Chauffage, éclairage, soudure, traction électrique (cf. abstraction ex. 34).J'aime la lumière, (...) et, (...) j'assistai à l'illumination électrique des grands quartiers (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Souvenirs et promenades, 1896, p. 131). 3. P. métaph. ou au fig. a) Vieilli. Soudain et violent. La voir [Célia] se transfigurer, devenir femme sous le choc électrique de la passion (Sand, MlleMerquem,1868, p. 210): 2. ... il glisse la main contre son bras nu. Elle le retire comme si un scorpion l'avait piquée. Une défense électrique. Elle s'écarte.
Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 449. − [En parlant d'une pers.] Très agité, très nerveux. Elle est maigre, de chair nerveuse, criarde, et pas bien belle; mais électrique comme une chèvre (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1069). b) Stimulant, excitant : 3. L'entretien s'animant à ce sujet [de Béranger], et continuant de parler de cette sorte de chanson et de son influence électrique sur les nations à certaines heures, Goethe disait qu'il fallait pour cela qu'une nation n'eût qu'une tête et qu'un cœur...
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 3, 1863-69, p. 316. Prononc. et Orth. : [elεktʀik]. Enq. : /elektʀik/. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1678 corps électriques (Journ. des Savants, cr., 23 mai ds Fr. mod. t. 23, p. 218); 1720 attraction électrique (P. Coste, Trad. du Traité d'optique par Newton, p. 536). Calque de l'angl. electrick [bodies] « [corps] électriques » attesté dep. 1646 (NED) lui-même empr. au lat. sc. electricus (dér. du lat. impérial electrum gr. η
́
λ
ε
κ
τ
ρ
ο
ν, v. electrum) qui semble employé pour la 1refois par le physicien anglais W. Gilbert [1544-1603] dans son traité De Magnete 1600 (NED); l'ambre étant la première substance dans laquelle a été très anciennement observé le phénomène d'attraction et de répulsion. Fréq. abs. littér. : 1 240. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 867, b) 1 611; xxes. : a) 1 576, b) 2 722. DÉR. Électriquement, adv.a) Par l'usage de l'électricité. Une coursive intérieure, éclairée électriquement (Verne, Île myst.,1874, p. 563).Dans tous les bains chimiques qu'on veut traiter électriquement, le courant entre par l'anode (H. Fontaine, Électrolyse,1885, p. 15).b) P. métaph. ou au fig.
α) Vieilli. Rapidement. Confession à Saint-Sulpice. Je m'adresse au premier prêtre venu, dont je ne vois pas même le visage et qui m'expédie électriquement. En écoutant mes rapides aveux, il comptait de l'argent! (Bloy, Journal,1894, p. 116).
β) D'une manière excitante. Jamais rien dans la nature ne se heurtait et ne nous provoquait. (...) tous ces contacts amenés électriquement entre des corps amoureux par un loup cervier qui crache aux yeux de la jeune fille, par la corneille qui casse une noix, par le ramier saisi par la buse, nous n'avions pas à les subir (Giraudoux, Bella,1926, p. 77).− [elεktʀikmɑ
̃]. − 1reattest. 1834 fig. (Balzac, Langeais, p. 236); de électrique, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 12. BBG. − Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 221. − Gohin 1903, p. 358. − Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Franso, 1972, pp. 230-231. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 128. − Quem. 2es. t. 1 1970. |