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ÉGALISER, verbe trans.
Rendre égal (cf. égaler).
A.− [Le compl. d'obj. désigne des pers. ou des choses présentant auparavant des différences]
1. [Le compl. d'obj. désigne des choses] Rendre égal quantitativement. Égaliser les lots d'un partage (Ac.). Les intentions perfides de ceux qui voulaient égaliser les biens et partager les terres, supprimer la richesse et la pauvreté et établir pour tous la médiocrité heureuse (France, Dieux ont soif,1912, p. 169).Dès qu'on prétend (...) égaliser tous les salaires, (...) c'est l'idée rouge (Alain, Propos,1933, p. 1175).
SP., emploi abs. Rendre le score égal à celui de l'adversaire. L'arbitre indiquait le point de penalty et Jordao marquait le but pour Lisbonne : Bastia, dès la reprise égalisait à la suite d'un corner tiré par Mariot sur la tête de Felix (1 à 1) (L'Est Républicain,15 sept. 1977, p. 12).
Emploi pronom. à sens passif :
1. L'instant favorable pour cueillir une fructueuse victoire, était essentiellement fugitif. Au bout d'un petit nombre d'heures, les réserves de l'ennemi affluaient (...); bien vite, les moyens s'égalisaient, et aussi les pertes. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 78.
Spéc. Couper à une longueur égale. Égaliser les cheveux (cf. chaume ex. 5).Il haussa les épaules, tout en donnant de délicats coups de ciseaux pour bien égaliser la ligne des buis (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1026).
2. [Le compl. d'obj. désigne des pers. ou des choses] Rendre égal qualitativement, en valeur. Égaliser des chances. La maîtresse ouvrit ses bras, la servante s'y jeta; et elles s'étreignirent, satisfaisant leur douleur dans un baiser qui les égalisait (Flaub., Trois contes,Cœur simple, 1877, p. 49).La maladie égalise tous les hommes, toutes les religions (Renan, Drames philos.,Eau Jouvence, 1881, III, 1, p. 474):
2. ... les conditions de la vie moderne tendent inévitablement, implacablement, à égaliser les individus, à égaliser les caractères; et c'est malheureusement et nécessairement « sur le type le plus bas » que la moyenne tend à se réduire. Valéry, Variété III,1936, p. 225.
Rare. [Le compl. d'obj. désigne une pers. rendue égale à une autre, désignée par un compl. prép. introduit par à] :
3. ... quelque que soit la supériorité [militaire] des uns et l'infériorité misérable des autres, il y a des difficultés de nombre et de distance qui finissent par égaliser, en cette matière, le faible au fort. Tocqueville, Correspondance[avec H. Reeve], 1857, p. 236.
Emploi abs. Un évolutionnisme matérialiste qui ne sait égaliser qu'en abaissant (Hamelin, Élém. princ. représ.,1907, p. 303).
Emploi pronom. à sens passif :
4. Je suis une Juive comme ma mère, et elle pensait que la révolution était venue, et que tout allait se mêler et s'égaliser, et que vous l'accepteriez parmi vous, elle a tant de bonne volonté! Claudel, Le Père humilié,1920, I, 3, p. 506.
B.− P. ext. [Le compl. d'obj. désigne une chose considérée isolément]
1. [Une étendue] Aplanir. Après avoir passé le pouce sur l'orifice du fourneau [de sa pipe], de manière à égaliser la surface du précieux végétal, Bruidoux tira un briquet (Feuillet, Bellah,1850, p. 5):
5. ... les épis récoltés s'étalaient sur l'aire par couches égalisées à la fourche, et légèrement relevées au bord par les nouveaux paniers qu'on y versait. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 265.
2. [Une chose ayant un développement temporel] Faire en sorte qu'une chose ne présente pas de différence dans le temps. Il chercha à ralentir, à égaliser son souffle, il finit par y parvenir; depuis longtemps, il savait conquérir la paix du corps, mais celle de l'âme? (Abellio, Pacifiques,1946, p. 316):
6. Ces exercices variés et réguliers avaient d'ailleurs pour effet de rompre toute violence des pensées et d'égaliser nos âmes. Les fleuves détournés avec art, entrecoupés à propos, deviennent presque un canal paisible. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 212.
Emploi pronom. à sens passif. Il ne dormit pas tout de suite (...) mais sa respiration s'égalisa bientôt dans le grand froid tranquille, homogène et pur (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 51):
7. ... cet énivrement lucide, coupé de dépressions à pic, cette conquête heurtée d'un royaume sans frontières, cette démesure qui est la jeunesse même, qui s'assagit et s'égalise plus tard, de l'impatience de vie à la médiocre habitude de l'existence. Arnoux, Le Chiffre,1926, p. 7.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Qq. ex. du part. prés. adj. égalisant, ante. Qui égalise, qui rend égal qualitativement, en valeur. Nos lois politiques, ces chefs-d'œuvre de volonté égalisante et destructive qui tendent à détruire l'unité des familles et à favoriser l'exode vers les villes des travailleurs des champs (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 202). Sa beauté rayonnait sur un monde trop grand pour mon cœur et où ma place n'était prévue que pour boucher un coin, ou donner une direction commune, égalisante, à toutes les femmes en mal de pitié (J. Bousquet, Trad. du silence, 1935-36, p. 244). b) Qq. ex. du part. passé adj. égalisé. Qui a été égalisé. α) Qui a été rendu égal qualitativement, en valeur. Gavarni s'opposa à toute révolution dans le costume, disant que dans une société égalisée, il fallait que la distinction ne fût pas dans le costume, mais dans la manière de le porter (Goncourt, Journal, 1855, p. 167). Le vrai peintre (...) exprime les parties principales dans une lumière douce et égalisée, qui fait oublier ce relief, et favorise le langage propre aux couleurs (Alain, Beaux-Arts, 1920, p. 248). β) [En parlant d'une surface] Aplanie. L'aire (...) afin d'en protéger la surface égalisée, on y étendait une couche de « thuie » fine l'hiver (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 127). c) L'adj. et subst. masc. égalisateur, trice. α) Adj. Qui égalise, qui rend égal qualitativement, en valeur. Le pouvoir égalisateur de l'atome [stratégique] (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p. 39). β) Subst. masc. Dispositif servant à égaliser une surface. [Dans la moissonneuse batteuse] l'égalisateur de pied appelé également tapeur (...) est une planche garnie ou non d'aspérités du côté de la gerbe (Passelègue, Mach. agric., 1930, p. 228). d) Le subst. masc. égaliseur, vx. Personne qui tend à donner à des personnes des droits, une valeur qui ne présentent pas de différence. La révolution est faite à Genève. Les égaliseurs se sont emparés des portes et il y a une convention nationale établie au temple neuf (Staël, Lettres à L. de Narbonne, 1792, p. 79). Les égaliseurs [de la révolution anglaise] rejetaient toute espèce de dépendance et de subordination (J. de Maistre, Considér. sur Fr., 1796, p. 166).
Prononc. et Orth. : [egalize], (j')égalise [egali:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Milieu xves. pronom. soi equaliser « se rendre égal à » (Mist. du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 56); 1539 trans. egualizer (Est.); xvies. égaliser (Monet ds Littré); 2. a) 1440-75 « traiter quelqu'un de la même manière qu'un autre » (G. Chastellain, Chron., V, 38, 10 ds Heilemann Chastellain, p. 66); b) 1789 « mettre sur un pied d'égalité (des personnes) » (Staël, Lettres jeun., p. 329 : Quand tour à tour le despotisme et l'anarchie égalisent tous les hommes); 3. 1834 « rendre unie, ôter toute aspérité » ici fig. (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, p. 212 : Rompre toute violence des pensées et (...) égaliser nos âmes); 1850 égaliser le sol (Flaub., Corresp., p. 208). Dér. de égal*; suff. -iser*. Fréq. abs. littér. : 109. Bbg. Gohin 1903, p. 279. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 66.