| * Dans l'article "ÉCORNIFLER,, verbe trans." ÉCORNIFLER, verbe trans. A.− Fam. Se procurer à bon compte, par ruse, en volant. Nous lui passerons une savatte soignée [à ce voleur], car je parierais que c'est lui qui m'a écorniflé mon pain l'autre jour (Vidal, Delmart, Caserne,1833, p. 211).Cependant les gens de cour écorniflaient les belles affaires et les détroussaient au coin des ministères comme jadis leurs ancêtres faisaient cracher aux juifs et aux marchands leurs écus quand ils passaient sur la Seigneurie (Balzac,
Œuvres div.,t. 2, 1803-35, p. 669). − Spéc. Manger sans payer (Carabelli, [Lang. pop.]). Écornifler les tables, est le propre ou d'un indigent, ou d'un homme qui se respecte peu (S. Mercier, Néol., t. 1, 1801, p. 203). ♦ P. anal. Nos fourmis naïvement et témérairement hospitalières tiennent maison et tables ouvertes, si l'on peut dire, et commencent par écornifler en famille (Maeterlinck, Vie fourmis,1930, p. 210). Rem. La docum. atteste pour ce sens le dér. écorniflage, subst. masc. Action d'écornifler. On lit d'avance, dans le regard des fortunes (...) le soupçon (...) de ladrerie obligée, d'une espèce de parasitisme, d'écorniflage qu'ils tolèrent (Arnoux, Solde, 1958, p. 23). B.− [Le compl. désigne un inanimé concr.] Érafler, endommager. Synon. écorner (v. ce mot B).Mes sièges d'acajou neuf sont tout écorniflés par les guêtres de peau de bique, les souliers à clous, et les sarraux (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 172): 1. ... j'eus la surprise de retrouver les choses presque en leur état de calme, à part quelques châteaux, visités par la maraude, les boiseries écorniflées, tous les carreaux cassés dans une rage de facile destruction.
A. Daudet, Robert Helmon,1874, p. 9. − Spéc. [Concerne le corps] Il a la figure toute écorniflée (Hautel t. 1, 1808). Il a reçu une blessure au visage. Mon voyage m'a écorniflé un peu (Flaub., Corresp.,1852, p. 356).Ce Bobêche imbécile toujours écorniflé, giflé, secoué (Adam, Enf. Aust.,1902p. 23). − Au fig. Endommager, porter atteinte à. Histoires de putinerie et de tribaderie, qu'elle trouve toutes naturelles et n'écorniflant en rien l'austérité de la grande et sublime morale (Goncourt, Journal,1876, p. 1120): 2. « Il faut prendre le dessus, disait Lucie. » Ça la ronge, j'en suis sûr, mais lentement, patiemment : elle prend le dessus, elle n'est capable ni de se consoler ni de s'abandonner à son mal. Elle y pense un petit peu, un tout petit peu, de-ci, de-là, elle l'écornifle. Surtout quand elle est avec des gens, parce qu'ils la consolent et aussi parce que ça la soulage un peu d'en parler...
Sartre, La Nausée,1938, p. 26. Prononc. et Orth. : [ekɔ
ʀnifle], (j')écornifle [ekɔ
ʀnifl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1440-42 « voler en furetant » (Lefranc, Champ. des Dam., Ars. 3121, fo65eds Gdf. Compl.); 2. 1580 « prendre à droite et à gauche » (Montaigne, Essais, I, XXV, éd. A. Thibaudet, p. 167). Composé du rad. de écorner* prob. au sens d'« amputer », et du m. fr. nifler*, v. renifler, (1326 Dial. S. Greg. ds Gdf.) avec, peut-être également, infl. du m. fr. rifler « piller » (cf. FEW t. 16, 710a). Fréq. abs. littér. : 10. DÉR. 1. Écorniflerie, subst. fém.Action d'écornifler. Il ne vit que d'écornifleries (Ac.1798-1878).Mais, à considérer les choses d'un autre angle, goinfrerie, écorniflerie, égoïsme monstrueux, on comprend que le gin inspire des sentiments de sympathie ou de répulsion (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 311).− [ekɔ
ʀniflə
ʀi]. Ds Ac. 1694-1878. − 1reattest. 1573 (J.-A. de Baif, L'Eunuque, II, 2 ds Gdf. Compl.); du rad. de écornifler, suff. -erie*. 2. Écorniflure, subst. fém.Trace, éraflure d'une surface écorniflée. Il n'a pu me montrer que deux ou trois écorniflures à de mauvaises poupées (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 78).Un étonnement de ne trouver ni trou ni écorniflure à mon immeuble (Goncourt, Journal,1871, p. 718).Je parcours les quartiers bombardés. Toujours des trous, des balafres, des écorniflures (Goncourt, Journal,1871p. 731).− 1reattest. 1855 (Champfl., loc. cit.); du rad. de écornifler, suff. -ure*. − Fréq. abs. littér. : 7. BBG. − Pauli 1921, p. 85 (s.v. écorniflure). − Sain. Sources t. 2 1972, p. 326. |