| ÉCHO, subst. masc. A.− Domaine sc. 1. PHYS. Phénomène de réflexion d'une onde sur une surface ou sur des inhomogénéités existant dans le milieu de propagation; l'onde ainsi réfléchie. Écho multiple. ,,Série d'échos à intervalles réguliers`` (Giteau 1970). a) [L'onde est de nature acoustique] Écho enregistré, lointain, sonore; écho de paroles, de la voix. Vous y voyez unis des volcans, des vergers, Et l'écho du tonnerre, et l'écho des bergers (Delille, Homme des champs,1800, p. 111).L'écho est le miroir du son et une image du bruit (Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 334).Un coup de fusil, que l'écho répercute (Lamart., Jocelyn,1836, p. 616).Sous les trottoirs des couples dansaient, on entendait l'écho d'un très bon jazz (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 467): 1. Vos pas sonnent dans les couloirs, et si vous parlez, vous croyez entendre la réponse. C'est l'écho de vos paroles, rien de plus.
Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1534. SYNT. Écho amplifié, prolongé, répété; écho affaibli, assourdi, faible, mourant; écho du tonnerre; un écho se prolonge, renvoie, se répercute, répète, répond, retentit; répercuter, répéter, répondre en écho; répéter, répondre comme un écho; répéter l'écho. − Emplois partic. ♦ [Écho est déterminé par un compl. désignant un lieu; le lieu évoqué est particulièrement propice à la réflexion du son, qui semble y exister à l'état virtuel] Écho de la colline, de la/des montagne(s), des vals, de la/ des vallée(s), des vallons. Il [le cerf] regarde, il écoute; Et des chiens, des chasseurs, de l'écho des forêts Déjà l'affreux concert le frappe de plus près (Delille, Homme des champs,1800p. 47).La pluie tombe avec fracas, et des coups de tonnerre multipliés qui se répètent cent fois, par l'écho des montagnes, portent l'épouvante et la terreur dans l'ame (Guilbert de Pixer., Cœlina,1801, III, 1, p. 41): 2. Le premier concert que j'entendis fut donné dans l'ancien Trocadéro, (...). Le fameux écho de cette salle désastreuse joua d'abord à cache-cache avec la Marche hongroise de Berlioz.
Green, Journal,1935-39, p. 189. P. méton., loc. À tous les échos. Dans toutes les directions, partout. Il avait pris (...) toutes les dispositions voulues pour empêcher que la notification officielle du cessez-le-feu lui parvienne (...) avant qu'il lance à tous les échos sa sommation (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 192).♦ [Écho désigne le sujet de l'action évoquée] Un écho renvoyait le bruit des pas dans la boue (Giono, Gd troupeau,1931, p. 94).Les détonations (...) qu'aucun écho ne répercutait, portaient à des distances prodigieuses (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1279): 3. − Bonjour, dit-il à tout hasard.
− Bonjour... bonjour... bonjour... répondit l'écho.
− Qui êtes-vous? dit le petit prince.
− Qui êtes-vous... qui êtes-vous... qui êtes-vous... répondit l'écho.
Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 465. ♦ Absol. Rien. Si, un bruit, non, c'était un écho. Aucune réponse (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 139): 4. J'ai crié : « Justin! » dans le silence de la soirée. Et il s'est produit un phénomène extraordinaire : tu m'as répondu. Oui, oui, je ne divague pas. Il doit y avoir à cet endroit un écho que nous n'avions jamais remarqué, me semble-t-il, et qui se forme sur la maison.
Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 55. − Loc. D'écho en écho. La détonation roula d'écho en écho dans la crypte (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 537).Ces roulements indéfiniment prolongés, qui se répercutaient d'écho en écho jusque dans les profondeurs du ciel (Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 241): 5. ... demandez au pâtre du Tyrol pourquoi il se plaît aux trois ou quatre notes qu'il répète à ses chèvres, notes de montagne, jetées d'écho en écho pour retentir du bord d'un torrent au bord opposé?
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 65. Rem. Écho est souvent empl. en assoc. avec l'idée de qqc. de creux. Littér. Le soleil avait un peu baissé. L'ombre creusait les échos (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 374). b) [L'onde est de nature électromagnétique] ,,Retour par réflexion d'un phénomène vibratoire. (Les échos) sont gênants comme ceux que l'on trouve en télévision ou utiles comme ceux qui représentent le principe du radar`` (Électron. 1959). Des échos (de) radar; une méthode simple pour étudier les échos hertziens de courte durée. Hey a découvert (...) les échos radar sur des traînées météoriques en 1947 (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 598). 2. INFORMAT. ,,Famille de techniques ou (...) méthode de comparaison entre un signal émis et un signal reçu par réémission du signal reçu vers l'émetteur d'origine`` (Bureau 1972). Suppresseur d'écho. ,,Dispositif destiné à réduire ou à supprimer l'effet d'écho dans un système de transmission bilatérale`` (Bureau 1972). 3. P. anal., PATHOL. (domaine de la psych. et de la psychol.). Écho de la pensée. ,,Sensation de répétition de la pensée qui appartient à l'automatisme mental et au syndrome d'influence`` (March. 1970). Elles s'accompagnent très souvent d'hallucinations, surtout auditives, souvent psychiques (idées d'influence, écho de la pensée, prise de la pensée, etc.) (Codet, Psych.,1926, p. 121). B.− Au fig. 1. Propos exprimé, rapporté. Écho calomnieux, indiscret, mensonger; apporter un écho. Car enfin les discours de cet homme inconnu, ne sont-ils pas l'écho fidèle de l'opinion publique? (Cottin, C. d'Albe,1799, p. 212). a) [Au sujet d'une pers., d'une conversation, d'une œuvre] − Souvent péj. Je me fais ici l'écho des propos et des « on dit » jansénistes (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 413).Mais je ne peux consigner ici l'écho de tous les bruits qui circulent (Gide, Journal,1943, p. 163): 6. Ce qui est vrai, c'est qu'il était le plus beau sujet de potins, d'échos, de ragots qu'une société bavarde pût rêver...
Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. 253. − Loc. Avoir (de l')écho. Seulement, moi, monsieur, je l'aime d'un amour discret (...) que personne ne connaîtra jamais; car j'ai votre parole que cet entretien n'aura point écho (Dumas père, Angèle,1834, II, 3, p. 138). b) Domaine du journ.Information sur les à-côtés de la politique, sur la vie mondaine ou locale, et rédigée dans un style anecdotique et piquant (d'apr. Voyenne 1967). Quoi qu'il en soit de mon goût pour cette vie coupée de silences et de bruits, je vous prierai de m'envoyer un petit écho de votre Paris et de la tumultueuse politique (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 156).Les deux petits échos parus dans ce sale journal de chantage (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 193).Ces échos de presse, chaque jour, où un confrère masqué me dénonce, me désigne d'un doigt tremblant (Mauriac, Cah. noir,1943, p. 361): 7. Il s'occupait beaucoup du journal, tant des échos que des annonces, car dans une petite maison comme la nôtre il faut mettre la main à tout...
Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 140. 2. [Il s'agit d'une imitation] a) Personne qui rapporte, répète les paroles d'autrui, ou qui imite la conduite d'autrui. Vous avez voulu que le parlement d'Italie fît écho à l'Assemblée de France (Hugo, Corresp.,1850, p. 10).La guerre qui est finie partout se prolonge dans des types comme lui... Ils lui servent d'écho... (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 236). − Locutions ♦ Se faire l'écho de. Reproduire (une nouvelle), rapporter (quelque chose). Je rencontre ici, chez Malraux, un Portugais (...) dont je me fais l'écho (Gide, Corresp. [avec Valéry], 1941, p. 524): 8. − Écoute, maman, je ne sais pas ce que tu veux dire... Mais je ne souffrirai pas que tu te fasses l'écho de potins ineptes.
Mauriac, Passage du Malin,1948, p. 18. En partic. [En parlant de journaux, de textes écrits] Les représentants ont vu là un risque pour leur indépendance, et le rapport Kreyssig, déjà cité, s'est fait l'écho de cette crainte (Ginestet, Ass. parlem. eur.,1959, p. 66).Les innovations, dont la presse se fait parfois l'écho (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 127).Rem. Pour Dupré 1972 l'emploi de écho en journ., et dans le titre de nombreux journaux locaux, ,,est sans doute tiré de la loc. se faire l'écho de``. ♦ En écho. − (...) Nous ne pouvons plus vivre ensemble... Est-ce vrai? − C'est vrai. Guillaume répondait en écho, et chacune de ses réponses tombait claire et tranchante comme une lame d'acier (Zola, M. Férat,1868, p. 289).Je murmure : « Pourquoi êtes-vous si loin? » Il répond en écho: « Pourquoi êtes-vous si loin? » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 347). b) Dans le domaine artistique.Imitation d'un écho (supra A), répétition. − MUS. Répétition adoucie de notes. Écho instrumental. J'écoutais l'écho de cette pauvre romance résonner dans le désert de mon cœur (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 86).[Arthur Rubinstein] joue presque sans remuer son doigt, il répète le même son en écho en l'affaiblissant à chaque fois avec un charme infini (P. Roës, Techn. piano,1935, p. 48): 9. C'est [la clarinette] celui de tous les instruments à vent, qui peut le mieux faire naître, enfler, diminuer et perdre le son. De là la faculté précieuse de produire le lointain, l'écho, l'écho de l'écho, le son crépusculaire.
Berlioz, Traité d'instrumentation,1844, p. 138. ♦ Faire écho à.Ici [dans la Sonate en si bémol, andantino], le violon a la parole; à peine si le piano lui fait écho, frivolement (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 149). ♦ [En parlant d'un orgue] Le (...) clavier d'écho correspond à des tuyaux placés à une grande distance au fond de l'orgue ou dans le haut, de façon à produire l'effet de sons lointains (Lavignac, Mus. et musiciens,1895, p. 98). − P. anal., domaine du rythme et de la poésie ♦ Vx. ,,Genre de versification dans lequel on répète en forme d'écho le dernier mot ou les dernières syllabes du vers, de manière à former en rime un sens qui réponde à ce vers`` (Bach-Dez. 1882). ♦ P. ext. Unité [dans les œuvres des romantiques] faite d'échos, de rappels, d'entre-croisements de thèmes, plutôt que de lignes bien dessinées (Béguin, Âme romant.,1939, p. XIII).Le Chevalier. − Von Wittenstein zu Wittenstein... Ondine. − Quel joli nom! Que c'est joli, l'écho dans un nom! (Giraudoux, Ondine,1939, I, 3, p. 29). − PEINT., vx. Rappel de lumière à des plans différents. Ils [les classiques] calculent savamment les rappels et les échos de tons, l'ordonnance équilibrée des taches, l'alternance des chauds et des froids (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 222). Rem. On peut rapprocher de l'emploi de écho dans ce domaine visuel l'ex. suiv. Cette pièce où des glaces se faisaient écho (...) avait été célèbre (Huysmans, À rebours, 1884, p. 13). c) P. ext. Malheur à toute loi écrite qui n'est pas un fidèle écho de la loi morale (J. Simon, Devoir,1854, p. 400).Même le Quartier Latin a maintenant son écho un peu partout où l'on est jeune (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Souvenirs et promenades, 1896, p. 132): 10. L'art est un écho harmonieux et grossi; il acquiert toute sa netteté et toute sa plénitude juste au moment où faiblit la vie dont il est l'écho.
Taine, Philosophie de l'art,t. 2, 1865, p. 199. C.− P. ext. 1. Tout effet de résonnance ou de correspondance, de ressemblance ou de réponse. a) [Au sujet de sentiments, d'événements] Éveiller, trouver un écho dans le cœur. Une lettre est une âme, elle est un si fidèle écho de la voix qui parle que les esprits délicats la comptent parmi les plus riches trésors de l'amour (Balzac, Goriot,1835, p. 135).Amynèh resta assise sur le tapis dans un accablement profond, écoutant à peine la voix de l'espérance qui cherchait encore à éveiller un écho dans son cœur (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 108).Même si nous jouissions ensemble, en serions-nous moins séparés? Je sais bien que mon plaisir n'a pas d'écho dans son cœur (Beauvoir, Mandarins,1954p. 75). b) Plus partic. [Au sujet d'un texte écrit] Il y a ce curieux verset : (...) Que d'échos répondent à cette phrase au plus profond du lecteur! (Green, Journal,1948, p. 201). 2. Accueil, réaction favorables, sympathie, adhésion. a) Trouver (un/l'/de l')écho. Je ne me dissimule point la faiblesse des échos qu'ont rencontrés mes appels (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 227): 11. Le musulman suspend sa marche grave et majestueuse; il écoute ces pas cadencés, cette musique ravissante, ce frémissement de plaisir qui s'exhale d'une salle de bal, et ces joies, ces transports n'ont pas trouvé d'écho dans son âme!
M. de Guérin, Poésies,Bal, promenade, rêverie à Smyrne, 1839, p. 46. ♦ Trouver son plus bel écho : 12. Verhaeren, Maurice Maeterlinck (...), Goffin, Norge et toute une pléiade de jeunes chez lesquels le surréalisme a trouvé son plus bel écho, voilà ce qui me saute à la figure et au cœur dès que je débouche sur votre place magnifique...
Cocteau, Poésie critique II,Monologues, 1960, p. 207. ♦ Ne pas rester sans écho. Nous voulons croire que la décision de celui qui fut (...) [l'] unique président [de l'Union des Sociétés d'auteurs] ne restera pas sans écho (Figaro,19-20 janv. 1952, p. 6, col. 3). b) Locutions ♦ [Avec une idée d'union] À l'écho de. Il se souvenait d'avoir (...) entendu trois mille poitrines battre à l'écho de la sienne (Zola, Germinal,1885, p. 1520). ♦ Faire écho à. Répondre à. Loin de s'y perdre, elle y trouve une ampleur jamais connue encore, comme si tout l'univers faisait écho à sa confidence (Guéhenno, Journal« Révol. », 1938, p. 189).D'autres, faisant écho à des appels parisiens ou à des voix alsaciennes, se sont lancés les yeux fermés dans l'activité poétique (Nizan, Conspir.,1938, p. 76). Rem. La plupart des dict. gén. enregistrent l'adj. échoïque. Qui imite l'écho. Litt. gr. et lat. [En parlant d'un vers] Terminé par deux mots qui riment ensemble. Litt. du XVIes. Dont les deux derniers mots sont les mêmes. Prononc. et Orth. : [eko] (cf. graph. ch- s.v. lettre c). Admis ds Ac. 1694-1932. Homon. écot. Étymol. et Hist. [1225-30 equo mythol. (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1442)]; 1. a) 1279 « son renvoyé par une surface qui le répercute » (Laurent, Somme, ms. Chartres 371, fo17 rods Gdf. Compl.); b) 1661 « personne qui répète quelque chose » (Corneille, Tois. d'or, III, 6 ds Littré); 2. spéc. 1680 « poème où les vers ont des syllabes se répétant » (Rich.); 1690 « répétition d'une note musicale » (Fur.); 3. 1690 p. ext. « lieu où se produit l'écho » (Fur.); 4. 1687 « reproduction, imitation » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. Régnier, t. 8, p. 3); 1860 en partic. journalisme (Goncourt, Journal, p. 682). Empr. au lat. class.echo « son répercuté », du gr. η
̓
χ
ω
́ « bruit répercuté; rumeur qui se répand ». Fréq. abs. littér. : 2 807. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 777, b) 3 492; xxes. : a) 4 184, b) 4 326. DÉR. Écholalie, subst. fém.,psych. Répétition automatique, par un sujet, des paroles que vient de prononcer son interlocuteur. Les poèmes de Victor Hugo (...) excitent l'admiration par des rencontres imprévues et une grande richesse de vocabulaire, laquelle peut aller (...) jusqu'à l'écholalie pure et simple (L. Daudet, Rêve éveillé,1926, p. 126).− Pas là pour moquer, oué, oué! grogna l'idiot, affligé comme presque tous ses pareils d'une énervante écholalie (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 78).Pour Battro 1966 ,,c'est la « répétition de syllabes ou de mots. L'enfant les répète pour le plaisir de parler... C'est l'un des derniers restes du gazouillis des bébés... » (L.P. 18).``− [ekolali]. − 1reattest. 1890 (Lar. 19eSuppl.); composé du gr. η
̓
χ
ω
́ (v. écho) et d'un élément -lalie tiré du gr. λ
α
λ
ι
α
́ « babil, bavardage ». − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Darm. 1877, p. 73. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 323. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 146. − Quem. 2es. t. 1 1970. |