| ÉCHELLE, subst. fém. A.− Dispositif transportable composé de deux montants généralement parallèles, ou légèrement écartés vers le bas, réunis par traverses régulièrement espacées, et servant d'escalier. 1. [Ce dispositif, employé dans la vie courante] Échelle du grenier; échelle de bois, de fer; échelle des pompiers; grande échelle; se trouver en équilibre au sommet d'une échelle. Il parcourait du haut en bas son échelle, une palette à la main (Musset, A. del Sarto,1834, p. 60).Quand l'enfant avait enjambé le mur, elle restait là, les coudes sur le chaperon, retenue par les branches du mûrier qui lui servait d'échelle (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 196).Pour arriver au niveau des fenêtres, il fallait une échelle. J'allai chercher celle de notre grange et la dressai contre la façade (Abellio, Pacifiques,1946, p. 391): 1. On troua ces planches aux deux extrémités, on les enfila dans les cordes, on eut une échelle, au bout de laquelle on attacha le crochet.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 292. − En partic. ♦ Échelle double. Ensemble de deux échelles réunies par leur sommet. Ici, le coiffeur, monté sur une échelle double, avait l'air de palissader une charmille (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 277). ♦ Échelle de corde. Dont les montants et parfois les traverses sont en corde. Échelle de soie. − [En compl. prép.] Monter à l'échelle; glisser, redescendre, sauter d'une échelle. Il fit grimper le métayer à une échelle pour qu'il tirât de dessus le mur (Pourrat, Gaspard,1931, p. 144).Je l'ai surpris, un jour, grimpé sur une échelle, en train de pendre un cadre (Duhamel, Terre promise,1934, p. 178).La déception a failli me faire tomber de l'échelle (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1103): 2. ... je recherche volontiers ce qui passe pour néfaste; (...) Ainsi ne manqué-je jamais l'occasion de passer sous une échelle, de voyager un vendredi, ou de prendre appui sur un treize.
Gide, Journal,1943, p. 190. − P. métaph. Ma vie : une échelle dont je gravis méthodiquement les échelons (Mauriac, Du côté Proust,1947, p. 135): 3. M. Levrault (...) pensait avec complaisance à tout le parti qu'il pourrait tirer d'un pareil gendre. Il voyait tout à la fois en lui un pont pour franchir l'abîme qui le séparait des honneurs, une échelle pour escalader le pouvoir, une clef pour ouvrir les portes du Luxembourg.
Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 10. 2. Emplois spéc. a) Vieux − Domaine judiciaire.Degrés servant à monter au gibet, à la potence; p. méton. gibet, potence. C'est une servante qu'on mène pendre pour avoir volé à sa maîtresse (...) En ce moment, elle doit être à l'échelle (France, Opinions J. Coignard,1893, p. 244). − Domaine vestimentaire[P. anal. de forme] ,,Garniture de rubans dont les nœuds fixés allaient en diminuant de largeur de haut en bas`` (Leloir 1961). Les moutons [de Boucher] sont savonnés, les bergères ont des corsets à échelles de rubans et des teints qui ne se ressentent pas du hâle campagnard (Gautier, Guide,1872, p. 182).Mon saut de lit baille sur une chemise froissée, dont les échelles ajourées sont veuves de rubans (Colette, Entrave,1913, p. 40). b) MAR. Escalier fixe ou mobile. Trois jolies maisons rustiques avec escaliers extérieurs, aériens, suspendus comme des échelles de navires (Larbaud, Journal,1931, p. 243).Les ponts et les échelles grouillaient de passagers, et le quai était envahi par une foule gesticulante et hurlante (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 28). − En partic. Échelle de coupée. ,,Échelle principale servant à monter à bord ou à descendre du bord`` (Gruss 1952). Échelle de coupée et bossoirs furent rentrés, les vergues contrebrassées et les espars garnis pour dépousser le bateau (Charcot, «Pourquoi-Pas?» 1934, p. 16). − P. ext. ,,Lieu où un bâtiment pousse à terre une échelle`` (Jal 1848). Synon. escale.M. Brook, riche armateur (...) comptait faire plusieurs échelles dans la partie septentrionale de l'île, et remonter la rivière de Bornéo (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud,t. 7, 1844, p. 100). ♦ P. méton. et spéc. Les échelles du Levant. ,,Port de la Méditerranée orientale autrefois soumis à la domination turque`` (Gruss 1952). Les lettres arrivent bien peu en Orient (...) Je suis persuadé qu'il y a en qui dorment dans les bureaux restants de plusieurs échelles du Levant (Nerval, Corresp.,1830-55, p. 141).Au Siam comme aux échelles du Levant et dans les Antilles (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 336). c) Échelle à marches plates; échelle de meunier. Escalier droit, raide et à jour. Il pensait déjà lui indiquer le grenier du ci-devant ou appeler Brotteaux, pour épargner à une femme élégante de grimper par une échelle de meunier (France, Dieux ont soif,1912, p. 86).Ils s'approchèrent du moulin, par derrière. Ils montèrent l'échelle à marches plates, et poussèrent la porte de la vieille tour de bois branlante (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 16). d) Région. (Suisse). Ridelle de char, à claire-voie, utilisée lors du transport du fourrage ou des moissons. Julien (...) attela les chevaux au char à échelles pour aller chercher le froment (C.-F. Ramuz, Aline,Lausanne, 1967, p. 116). 3. Loc. [P. réf. à La Genèse 28/12] Échelle de Jacob. Échelle symbolique vue en songe par Jacob et qui reliait la terre au ciel. Sur l'échelle de Jacob, ils sont en bas, qui souffrent et peinent (Abellio, Pacifiques,1946, p. 295). 4. Loc. verbales a) Faire la courte échelle à qqn. Lui offrir comme point d'appui ses mains, ses épaules, pour lui permettre de s'élever. Je lui fais la courte échelle, je le lance sur le parapet où il se met à courir (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 237): 4. J'avisai à ma gauche une belle touffe de genêts (...). J'escaladai à cinq ou six reprises le talus escarpé qui la protégeait. Je fis tant qu'un de mes gardiens eut pitié de mon embarras, et offrit de me faire la courte échelle.
About, Le Roi des montagnes,1857, p. 205. − Au fig., fam. Aider quelqu'un à avancer dans son travail, à améliorer sa situation. b) Au fig. et fam., parfois p. antiphrase. Il faut (re)tirer l'échelle. On ne peut mieux faire. Après lui il faut tirer l'échelle (Ac.1932).Quant à l'éloge, il se réduisait au redoublement du mot charmant! (...) Mais : « Charmant! charmant! charmant! » il fallait retirer l'échelle, on atteignait au ciel de la perfection (Balzac, Paysans,1844-50, p. 275).Et après ça, on peut tirer l'échelle, croyez-vous? (Verlaine,
Œuvres posthumes,t. 2, Critiques et Conférences, 1896, p. 314). B.− P. anal. Moyen de mesure, de comparaison. 1. Ligne graduée, tableau servant à mesurer des grandeurs physiques, comportant généralement une figuration matérielle du rapport indiqué. a) [Sur un instrument de mesure] Échelle de graduation; échelle barométrique, thermométrique. Série des divisions ou degrés tracés sur un baromètre, un thermomètre, pour mesurer la dilatation, les mouvements éprouvés par les liquides qu'ils contiennent. On considère comme bons les compteurs qui ont enregistré à un pour cent près, en plus ou en moins, le volume de gaz indiqué par l'échelle du gazomètre (Quéret, Industr. gaz,1923, p. 236). b) MAR. [La série de divisions constitue elle-même un instrument de mesure] Échelle de marée. Règle verticale graduée disposée en certains endroits des ports, comme le long des murs de quai, qui indique la hauteur des eaux au-dessus du zéro (d'apr. Gruss 1952). Il suffit d'installer le long du rivage une échelle verticale graduée, dite échelle de marée, et de lire (...) la hauteur qu'atteint le niveau de la mer sur cette échelle (Rouch, Régions polaires,1927, p. 126). ♦ Échelles des ponts. Divisions arbitraires ou véritables mesures linéaires, disposées sur les piles des ponts, pour indiquer la hauteur des eaux. L'échelle du Pont-Royal à Paris (Ac.1878). c) GÉOGR., TOPOGR., ARTS GRAPH. ,,Rapport existant entre les dimensions d'un objet et celles de sa représentation dans l'espace ou en plan`` (Colas-Cab. 1968). J'ai dessiné à Trouville des fragments de rochers au bord de la mer, dont tous les accidents étaient proportionnés de manière à donner sur le papier l'idée d'une falaise immense; il ne manquait qu'un objet propre à établir l'échelle de grandeur (Delacroix, Journal,1854, p. 227).Les œuvres perdent leur échelle [dans un album de reproductions]. C'est alors que la miniature s'apparente à la tapisserie, à la peinture, au vitrail (Malraux, Voix sil.,1951, p. 19). − Loc. adv. À grande, à petite échelle. En représentant sur une petite surface un objet important et vice-versa. [Les yeux] sont représentés de façon schématique et à une échelle réduite (Levi-Strauss, Anthropol. struct.,1958, p. 277). 2. Système d'évaluation, de référence, pour la mesure d'une grandeur abstraite, d'un phénomène. Une échelle de référence fixe; l'échelle dite absolue. Il espère arriver un jour à une échelle métrique du caractère analogue à celle de Binet pour l'intelligence (Mounier, Traité caract.,1946, p. 17).La limite imposée dans l'échelle des températures par le zéro absolu, au-delà duquel la notion même de température disparaît (Decaux, Mesure temps,1959, p. 22): 5. La rotation terrestre n'étant pas uniforme, la base de l'échelle de temps a été transférée sur des indicateurs de temps plus fidèles : les positions des corps du système solaire.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 523. − ÉCONOMIE a) Échelle mobile ♦ Vieilli. Système de taxes variables qui était appliqué à l'importation des grains en France. La suppression de l'échelle mobile (Ac.1878-1932). ♦ ,,Système dans lequel les rémunérations varient d'après un critère, qui est généralement le coût de la vie, ou à tout le moins, l'index des produits de grande consommation`` (Baudhuin 1968). b) Échelle des prix, des salaires, des traitements. Au ministère du travail, Alexandre Parodi tisse patiemment et malaisément la toile de Pénélope que constitue l'échelle des salaires (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 124). 3. Au fig. Ordre de grandeur, de dimension, d'importance. Synon. mesure, taille. a) Locutions − Loc. adv. À grande échelle; sur une grande, vaste échelle. En grandes proportions, en grand. 1905 est une étape. Une étape nécessaire : (...) C'est, après la Commune, et sur une plus grande échelle, la deuxième tentative pour transformer une guerre impérialiste en révolution sociale (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 64): 6. Il faut être deux pour commettre un assassinat, et dès qu'il y a un troisième dans un couple : c'est le cocuage. L'erreur, le crime et l'adultère : voilà tout ce qui rend les hommes intéressants. Sur une grande échelle, ça devient moche; à hauteur d'individu, c'est distrayant.
Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 185. − Loc. adj. Les romantiques (...) accusaient aisément d'avoir été superficiels des hommes infiniment plus instruits, (...) plus inquiets de précision et de pensée à grande échelle qu'ils ne le furent jamais eux-mêmes (Valéry, Variété II,1929, p. 142).Cette personnalité cohérente qui fait d'un garçon de dix ans un homme à échelle réduite (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 194). − Loc. verbales. Faire quelque chose, opérer, travailler sur une grande échelle. Agir en embrassant un grand nombre d'objets, de grandes masses, sur un vaste domaine. Anton. opérer, travailler sur une petite échelle.Les productions de pays où la culture a pris quelque chose de scientifique et s'opère sur de vastes échelles, préparaient aux ruraux de sombres lendemains (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 36).Il aime d'opérer sur grande échelle avec des moyens « spectaculaires » (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 92).À vrai dire les jeunes physiciens qui essayaient alors de provoquer et de détecter des transmutations d'atomes opéraient à très petite échelle (Leprince-Ringuet, Atomes et hommes,1957, p. 16). b) [Dans des syntagmes prépositionnels introduits par à, sur, et suivi d'un adj. déterminatif ou d'un compl. de nom] − À l'échelle + adj.À l'échelle internationale, mondiale, nationale; à l'échelle industrielle. Le mouvement ascendant du monde organisé témoigne que la vie a dû naître petitement, humblement, à l'échelle microscopique (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 126).Le gouvernement provisoire adopta donc simplement le scrutin de liste et la représentation proportionnelle à l'échelle départementale (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 267). − À l'échelle de + subst.À la mesure de, à la hauteur de, au niveau de. À l'échelle de la planète. Mettre des notions complexes à l'échelle des âmes simples, c'est un travail dangereux, mais qui n'est pas sans attrait (Duhamel, Terre promise,1934, p. 241).Ses supplications confirment qu'il s'est mis moralement à l'échelle de son malheur (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 253): 7. Enfin, il convient encore de fixer les moyens pratiques d'utilisation du télécinéma et de la télévision qui, (...) du cinématographe (...) feront (...) un mode d'expression vraiment à l'échelle du monde nouveau et des besoins des hommes.
Arts et litt. dans la société contemp.,t. 2, 1936, p. 3401. C.− Au fig. 1. Série, suite continue ou progressive de degrés, de niveaux constituant une hiérarchie dans un domaine donné. Plus nous nous élevons dans l'échelle spirituelle, moins l'idéal consiste pour nous, je crois, à recevoir notre part (Marcel, Journal,1919, p. 206): 8. ... tant de monde assiégeait les restaurants que nous avons décidé d'aller plus loin. (...) Cela m'a paru immonde, ces gens qui attendaient à la porte, figures rouges et massives. Rien de plus bas dans l'échelle humaine que ce qu'on appelle un gastronome en train de faire son voyage gastronomique.
Green, Journal,1946, p. 57. − Abs. Quand on arrive à ce degré-là « dans l'échelle », (...) on peut s'attendre à tout (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 42). − En partic. ♦ L'échelle des êtres. Série non interrompue où tous les êtres sont placés de manière qu'on s'élève graduellement du moins parfait au plus parfait. L'homme, les bêtes et les plantes [pour Dupont de Nemours] ont une monade immortelle, animant tour à tour des corps plus ou moins perfectionnés, d'après une échelle ascendante et descendante, qui matérialise ou déifie les êtres selon leurs mérites (Nerval, Illuminés,1852, p. 438).Le devenir naturel tout entier tend vers l'homme, qui est au sommet de l'échelle des êtres (Béguin, Âme romant.,1939, p. 105). ♦ P. métaph. Bielinski s'adresse à Hegel lui-même : (...) si j'avais la chance de grimper au plus haut degré de l'échelle de l'évolution, je vous demanderais compte de toutes les victimes de la vie et de l'histoire (Camus, Homme rév.,1951, p. 191). ♦ Échelle sociale. Hiérarchie des conditions, des situations, dans une société, ensemble des diverses conditions sociales. Il est plus facile de descendre l'échelle sociale que de la remonter. Le premier degré de l'échelle sociale que le moindre colporteur rêvait de gravir était symbolisé par l'achat d'une monture, un âne ou un mulet le plus souvent (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 164).Ils sont sept, hauts en couleurs, joyeux de vivre, mais de cette distinction irréprochable que l'on trouve ici à tous les degrés de l'échelle sociale (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 50). 2. [Les éléments constituant la série progressive représentent des inanimés] a) [Inanimés concr.] L'échelle pénale ne devrait donc comprendre qu'un petit nombre de degrés (Durkheim, Divis. trav. soc.,1893, p. 55).Les atomes et autres édifices matériels de l'échelle atomique (L. de Broglie, Théorie quanta,1959, p. 100). − MUS. Série des sons de la gamme. La musique est l'art de la mobilité, elle comporte, lent ou rapide, continu ou haché, un déplacement perpétuel, dans le temps sur le rythme, dans l'espace sur l'échelle des sons (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 120).Ces attitudes ne peuvent se maintenir sur toutes les hauteurs de l'échelle vocale sans subir certaines modifications (Arts et litt.,t. 1, 1935, p. 3611). ♦ Au fig. Or, plus d'un pianiste concentre à tort son attention sur l'« attaque » de la note (naissance), et souvent en connaissant mal son instrument. L'échelle graduée des nuances allant de l'extrême intensité du son à sa cessation totale (durée, cessation) passe au second plan de ses préoccupations (Roës, Techn. piano,1935, p. 12). ♦ Échelle diatonique. Succession des tons dans l'ordre diatonique. Deux échelles diatoniques de quatre sons chacune (D'Alembert, Élémens de mus.,1792, p. 31). b) [Inanimés abstr.] Échelle de(s) valeurs. Ce que ces confidences lui révélaient sur l'état d'esprit de Jenny, sur sa vision du monde, sur cette nouvelle échelle des valeurs qu'elle avait adoptée (...) intéressait Antoine (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 847).La croyance au sens de la vie suppose toujours une échelle de valeurs, un choix, nos préférences (Camus, Sisyphe,1942, p. 84). Prononc. et Orth. : [eʃ
εl]. Enq. : /eʃel/. Ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1150 eschale (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2346); 1636 échelle de corde (Monet); 1657 loc. tirer l'échelle (Fr. Cottelet, Juvénal burlesque, 16/7, p. 8 ds Livet Molière); 1835 faire la courte échelle (Ac.). B. fig. 1678 [des cartes marines] eschelle altimètre « partie d'un astrolabe » (G. Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, part. III); 1797 [dessinée] sur une plus grande échelle (Voy. La Pérouse, t. 3, p. 227). C. 1690 les teinturiers appellent eschelle un certain nombre d'estages qu'ils donnent à la clarté et à la profondeur des couleurs (Fur.); 1794 l'échelle des conditions (Chamfort, Caract. et anecd. p. 111); 1821 échelle sociale (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, p. 8). D. 1675 « port ou lieu de trafic, escale » proprement « lieu où l'on pose l'échelle pour débarquer » (P. D. Huet d'apr. Tolmer ds Fr. mod. t. XIV, p. 288). Du lat. impérial scala « échelle » [au plur. en lat. classique]. Fréq. abs. littér. : 2 367. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 249, b) 3 754; xxes. : a) 3 102, b) 3 416. DÉR. 1. Écheler, verbe trans.,vx ou région. Escalader à l'aide d'une échelle; p. ext. grimper, escalader. Écheler le toit. Au bout d'un moment, la jument échela péniblement le talus et prit à travers champs un petit pas douloureux (Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 393).Emploi abs. Il [Antonio] renversa le pétrole dans la paille. La flamme sauta tout de suite. (...) La flamme échela jusque là-haut (Giono, Chant monde,1934, p. 279).Rem. La docum. atteste échellement, subst. masc. Action d'écheler. Elle [une vieille femme] commença à parler. Elle serrait les mots les uns contre les autres (...) Ivre de son fantastique échellement sur des échafaudages de fumées, elle construisait avec une vitesse surhumaine les murailles vertigineuses de son mirage (Id., Eau vive, 1943, p. 325).− [eʃ
əle], (j')échelle [eʃ
εl]. Conjug. Fait partie des verbes qui devant syll. muette changent [ə] du rad. en [ε] ouvert suivi de consonne double dans la graphie. − 1resattest. 1274 ms. 2emoitié du xives. escheller (Chron. de St Denis, Richel. 2813, fo405 a ds Gdf.); 1359 escheller (Arch. J. J. 90, pièce 500, ibid.); de échelle, dés. -er. 2. Échelette, subst. fém. a) Petite échelle attachée à côté d'un bât d'une bête de somme. b) Ridelle placée à l'avant d'une charrette pour en retenir la charge. Ces sens sont attestés ds Ac. 1835-1932, Littré, DG, Rob. et Lar. Lang. fr. c) Oiseau grimpeur du genre des Passereaux. Échelette, grimpereau des Alpes (...) vit dans les montagnes (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 124). − [eʃlεt]. Passy 1914 transcrit [eʃ
εlεt] d'apr. [eʃ
εl]. Ds Ac. 1694. − 1reattest. 1316 « petite échelle » (J. Maillart, Roman du Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 7811); de échelle, suff. -ette*. BBG. − Archit. 1972, p. 19. − Gohin 1903, p. 351, 358. − Gottsch. Redens. 1930, p. 215, 279, 331. − Quem. 2es. t. 1 1970; Fichier (et s.v. échelette). − Soyer (J.). Qq. mots du fr. mod. rares ou inédits trouvés ds les doc. orléanais. Fr. mod. 1944, pp. 179-193 (s.v. échelette). − Sain. Lang. par. 1920, p. 372. − Sizaire (P.). Le Parler des gens de mer. Vie Lang. 1971, p. 384. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 76. − Vidos 1939, p. 355. |