| ÉCHAUDER, verbe trans. A.− Domaine concr. 1. [Le suj. désigne une pers., le compl. d'obj. une chose, parfois un animé] Jeter dessus un liquide chaud, bouillant; tremper dans un tel liquide. Mon genou qu'on masse et échaude chaque jour sans grand, grand résultat (Verlaine, Corresp.,t. 3, 1886, p. 336). − P. méton. [Le suj. désigne ce liquide] Et les premières gouttes qui tombaient, échaudant la poussière! (Peyré, Matterhorn,1939, p. 31). 2. Spécialement a) ART CULIN. et BOUCH.
α) Ébouillanter. Échauder un pot de terre (Ac.1798-1932),Échauder une théière (Ac.1932).Vous échaudez le reste des gimblettes (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 148).
β) Infuser. Le prétexte du thé à échauder (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 242). Rem. Dionne 1909, Canada 1930, Bél. 1957 donnent ce sens comme canadianisme.
γ) Tremper un animal tué dans de l'eau chaude pour lui enlever plus facilement les poils ou les plumes; p. méton., enlever les poils, les plumes d'un tel animal. On entendait le rasoir sur la couenne, comme s'il avait échaudé un cochon (Zola, Terre,1887, p. 228). b) Emploi trans. ou abs., rare. Faire la vaisselle. Il fallait (...) laver, repasser, raccommoder, échauder, balayer (Aymé, Jument,1933, p. 131). Rem. Certains dict. (Littré, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Guérin 1892) donnent ce sens comme régional. c) [Le compl. d'obj. désigne un animé, un corps ou une part. du corps] Brûler avec un liquide bouillant, parfois jusqu'à provoquer la mort. T'es pas fou, non? Un peu plus, tu m'échaudais la main! (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1066). − Emploi pronom. réfl. Un pourceau (...) s'échauda dans les eaux de Toepliz (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 276). − [P. anal. de brûlure] L'estomac échaudé par un marc pur (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 11). B.− Au fig., fam. 1. Rare, à l'actif. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Faire du mal, attraper, décevoir et servir de leçon. Un avorton (...) que d'anciennes aventures auraient échaudé (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 10). 2. Cour., au passif. [Le suj. désigne une pers.] Être échaudé. Être attrapé, déçu dans une affaire et en tirer une leçon. Quand ils auront été échaudés une ou deux fois, ils apprendront peut-être à se taire (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 359). − Emploi pronom. réfl. Se compromettre dans une aventure qui peut servir de leçon. Tant pis. Laisse-le s'échauder encore un peu (Abellio, Pacifiques,1946, p. 354). Rem. Qq. dict. (DG, Lar. Lang. fr.) enregistrent le dér. échaudement, subst. masc. au sens de « action d'échauder, son résultat ». P. métaph. Ah! la grande gamelle de la popularité, il fait bon s'asseoir devant, mais quel échaudement quand elle se renverse! (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 40). Prononc. et Orth. : [eʃode], (j')échaude [eʃo:d]. Enq. : /eʃod, D/ (il) échaude. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [Fin xies. eschalder « échauder, passer à l'eau chaude » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, t. 1, p. 49)]; fin xiies. (Fierabras, 78 ds T.-L.); 1260 eschaudé subst. « petit gâteau » (E. Boileau, Le livre des mestiers, 288, ibid.). Du b. lat. excaldare « échauder ». Fréq. abs. littér. : 13. Bbg. Simoni-Aurembou (M.-R.). Le Travail de la vigne ds l'Orléanais. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 494. |