| ÉCHANGER, verbe trans. A.− Donner une chose et en recevoir une autre en contrepartie. Une de ces bagues sur lesquelles l'orfèvre a mis deux petites mains unies, et qu'on avait coutume (...) d'échanger pour les fiançailles (France, Étui nacre, Messe, 1892, p. 112). − En partic. Procéder à des envois ou à des communications réciproques. Échanger des lettres. J'avais pu échanger des dépêches, des communications téléphoniques avec Saint-Loup (Proust, Fugit.,1922, p. 504).Cf. clef ex. 18. − Au fig. Échanger des sourires, des idées, des injures. Elles échangèrent un flamboyant regard (Zola, Argent,1891, p. 229): 1. Ils déjeunèrent en tête à tête, échangèrent leurs manières de voir, se communiquèrent leurs impressions et reconnurent qu'ils étaient faits pour s'entendre.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 303. B.− [La réciprocité qu'implique le sens d'échanger se marque par les constr. gramm. suivantes] 1. [Le suj. du verbe est au plur.] Rien n'est plus réel que ces grandes secousses que deux âmes se donnent en échangeant cette étincelle (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 92). 2. [Le suj. peut être au sing. mais il y a un compl. d'obj. second. introduit par une prép.] a) [Avec] Un jour que nous échangions quelques pierres avec Amédée, dans la rue Napoléon, il en tomba une sur l'étalage d'un marchand de cristaux (Michelet, Mémor.,1822, p. 197). b) [Contre] Lequinio propose d'échanger les quatre commissaires contre les prisonniers du temple (Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 116). Rem. Un emploi pronom. de sens passif est possible. De même que des états de conscience contraires s'affaiblissent réciproquement, des états de conscience identiques, en s'échangeant, se renforcent les uns les autres (Durkheim, Divis. trav. soc., 1893, p. 67). C.− Spécialement 1. DR. Échanger des biens (cf. échange B 2). 2. ÉCON. POL. Échanger des devises, des denrées (cf. échange B 3) : 2. ... faire des routes, défricher, cultiver, transporter, échanger, ce n'est qu'un jeu; nous en sommes à chercher les difficultés. Quel besoin d'aller de Paris à Londres par la voie des airs? Mais c'est un bonheur d'y réussir.
Alain, Propos,1921, p. 292. 3. JEUX. Faire un échange de pièces aux échecs (cf. échange B 5).Deux pièces de marche différente sont échangées (Jeux et sp.,1967, p. 911). Prononc. et Orth. : [eʃ
ɑ
̃
ʒe], (j')échange [eʃ
ɑ
̃:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 eschangier (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 5748); 2. 1830 fig. « s'adresser mutuellement (injures, mots, sourires) » (Balzac, Double fam., p. 233). Dér. de changer*; préf. é-*. Fréq. abs. littér. : 2 550. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 644, b) 3 776; xxes. : a) 4 755, b) 3 695. DÉR. Échangeable, adj.Qui peut être échangé. Ce prisonnier est échangeable contre un autre (Ac.).Les images mentales, élaborées par la rêverie plus que par l'évidence, restent d'usage privé. Elles sont malaisément échangeables de groupe à groupe comme d'être à être (Huyghe, Dialogue avec visible,1955, p. 28).− [eʃ
ɑ
̃
ʒabl̥]. Ds Ac. 1798-1932. − 1reattest. fin xvies. (J. de Montlyard ds Guérin); du rad. de échanger, suff. -able*. − Fréq. abs. littér. : 21. BBG. − Gohin 1903, p. 335. − Gottsch. Redens. 1930, p. 52. |