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ÉCARLATE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Qui présente une couleur d'un rouge vif. Ces chevaux écarlates comme le premier sang d'une blessure (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 232):
1. ... son camail écarlate incendiait la neige d'un long reflet sanglant, rose, aux lueurs d'éclair, comme si, revenu des cieux et de l'enfer, ce voyageur, portant l'infini dans son âme, au lieu d'ombre traînait à ses pieds une flamme. Banville, Les Exilés,1874, p. 13.
SYNT. a) Rouge, tache écarlate. b) Coussin, drap, étoffe, soie, velours écarlate. c) Cape, gilet, habit, livrée, manteau écarlate. d) Joue, langue, lèvre, tête écarlate. e) Fruit, grappe écarlate.
B.− P. ext. [Cette même couleur avec une valeur symb. ou expr.]
1. [En parlant de choses]
a) [En parlant du costume] Qui, en raison de sa couleur dénote un rang social supérieur ou une certaine dignité. Les électeurs (...) revêtus de la robe rouge doublée d'hermine, coiffés, les séculiers du bonnet électoral, les archevêques de la mitre écarlate (Hugo, Rhin,1842, p. 274).Une robe, de couleur écarlate, image du sang à verser (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 31).
P. métaph., superl. de brillant. Le discours (...) est étourdissant, est éblouissant, est resplendissant (...) Salvandy dit qu'il est écarlate (Sainte-Beuve, Corresp. gén., t. 5, 1818-69, p. 100).
b) [En parlant d'emblèmes, en partic. du drapeau] Qu'il est beau, comme il flotte, azur! blanc! écarlate! Le drapeau rédempteur (Borel, Rhaps.,1831, p. 31).
P. métaph. Qui relève d'une idéologie révolutionnaire très virulente. Le vieux, en politique, arborait des opinions écarlates (...) il était assidu aux meetings révolutionnaires (Rolland, J. Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1294):
2. Bahorel était un être de bonne humeur et de mauvaise compagnie, (...) ayant des gilets téméraires et des opinions écarlates; tapageur en grand, c'est-à-dire n'aimant rien tant qu'une querelle, si ce n'est une émeute, et rien tant qu'une émeute, si ce n'est une révolution... Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 780.
2. [En parlant du visage humain] D'un rouge vif qui traduit certaines réactions spontanées de l'organisme, dues :
a) [à des efforts physiques importants] Un petit (...) revenait en courant, écarlate, hors d'haleine (Pourrat, Gaspard,1930, p. 67).
b) [à l'intensité de certains états d'âme, de certaines émotions] Le chef de bureau, dont la face rubiconde était devenue écarlate de joie, et dont le cœur bondissait dans sa poitrine (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 162):
3. Il fut pris d'une joie dont il ne fut pas plus le maître que d'un état physique qui se produit sans intervention de la volonté, il devint écarlate comme un enfant qu'on vient de punir... Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 866.
En partic., péj. [À un sentiment intense de confusion ou de colère] Le lundi, en ouvrant le journal, il [Alban] devint écarlate de rage (Montherl., Bestiaires,1926, p. 398).Il [Ferdinand] était écarlate de confusion (Aymé, Jument,1933, p. 110).
II.− Emploi subst.
A.− Subst. fém., vieilli. Étoffe de couleur rouge vif. Vêtu d'écarlate; habit, manteau d'écarlate. Ce diable habillé d'écarlate (Béranger, Chans.,t. 3, 1829, p. 225).Une chambre tendue d'écarlate (Barrès, Cahiers,t. 14, 1922-23, p. 243).
Rem. 1. Écarlate a pu désigner anciennement une teinture ou une étoffe de qualité supérieure, mais non obligatoirement rouge. Écarlate bleue, noire, verte (Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Guérin 1892, Rob.). 2. Écarlate est parfois présenté comme subst. masc. dans les dict. (cf. Lar. 20e, Duval 1959 et Dub. 1967) et chez certains aut. Des pièces du fameux écarlate de Bruxelles (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 201). La pierre philosophale, (...) dont la couleur varie du carmin au brillant écarlate (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 227).
B.− [P. substantivation de l'adj.] Subst. masc.
1. Nuance du rouge qui rappelle la couleur du sang par son éclat. Le mois de juillet, encore tout un mois de roses (...) de rouge nuancé de ponceau, de rouge amarante, d'écarlate velouté (E. de Goncourt, Maison artiste,1881, p. 377).
Vieilli. Avoir les yeux bordés d'écarlate. Avoir les paupières rougies. Leurs yeux se bordaient d'écarlate (France, Puits ste Claire,1895, p. 20).
2. P. méton.
a) Matière colorante rouge obtenue à partir de la cochenille et qui entre dans la composition de teintures et de fards; p. ext. teinture, fard coloré(e) par cette matière. Écarlate des Gobelins; teint de/en écarlate. Une cochenille (...) donne le rouge des rouges, l'écarlate de la laque, qui colorera les vernis, la cire, une foule d'objets (Michelet, Insecte,1857, p. 183).Profession de vendre de l'écarlate pour les joues (Camus, Chev. Olmedo,1957, p. 726).
b) Poudre chimique utilisée pour colorer les aliments.
GASTR. À l'écarlate. Qui est préparé selon une recette consistant à plonger certaines viandes dans une saumure additionnée de salpêtre pour leur donner une teinte rouge écarlate avant de les cuire à l'eau. Langue à l'écarlate (cf. Baudelaire, Nouv. Hist. extr., 1857, p. 269 et Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 736).
Prononc. et Orth. : [ekaʀlat]. Ds Ac. 1694 et 1718 on trouve escarlate, dep. 1740 écarlate. Étymol. et Hist. 1. a) 1168 escarlate « étoffe précieuse de couleur variable » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2061) − 1658 escarlatte (L. Briele, Collection de documents pour servir à l'histoire des hôpitaux de Paris, Paris, 1883, t. 4, p. 288); b) 1636 écarlate « étoffe d'un rouge vif » (Monet); 2. a) 1172-74 escarlate « couleur d'un rouge vif » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, Vie de Saint Thomas le Martyr, éd. E. Walberg, 5229); b) 1770 rouge écarlate (Buffon, Hist. naturelle, t. 16, p. 171); 1775 écarlate adj. (Beaumarchais, Barbier de Séville, I, 407). Du lat. médiév. scarlata « drap écarlate de différentes couleurs éclatantes » (1100 ds Nierm.); scarlech « id. » (1103 ds Mach., s.v. escarlata), empr. à une forme ar. *sikirlāṭ ou saqirlāṭ (cf. les formes mozarabes attestées ds des doc. de 1001 et 1197 d'apr. Cor., s.v. escarlaat, et les formes attestées en persan : siqillāṭ, saqallāṭ, saqallāt, saqirlāṭ, saqirlāt, saġirlāṭ [cette dernière forme à la fin du xiiies. chez Rashīd ad-Dīn] « certain tissu de laine fabriqué dans le pays des Chrétiens » [G. S. Colin ds Romania, t. 56, 1930, pp. 186-187]) issue par dissimilation en -rl- du groupe -ll- de l'ar. siǧillāṭ, siqillāṭ « tissu de laine ou de lin, décoré de ḫawātim, c'est-à-dire de ,,cachets`` ou de ,,sceaux`` ou de ,,bagues`` » (viies.) lui-même empr. à une forme gr. médiév. *σ ι γ ι λ λ α ́ τ ο ς (attestée au début du ixes. Colin, op. cit., p. 179), et celle-ci au b. lat. sigillātus « (en parlant d'un vêtement ou d'une étoffe) orné de sigilla [petites figures] » (ives. ds Forc., s.v. sigillo), déjà en lat. class. au sens de « orné de figurines, de reliefs, ciselé » (Cicéron 6 Ver., 14, 32, ibid.) dér. de sigillum « petite figure, figurine, statuette; motif décoratif représenté en peinture ou en broderie sur un tissu (Ovide, Métamorphoses, 6, 85-86 ds Forc.); cachet, sceau » (sceau*). L'usage de décorer un tissu au moyen de sigilla est attesté chez les Romains (cf. Ovide, supra) et également chez les Arabes (cf. Dozy t. 1, p. 352 a, s.v. muḫattam : « [en parlant d'une étoffe] bigarré; consistant en figures blanches quadrangulaires et octogones sur un fond bleu » [fin du xiies.-début du xiiies.]). Le sens « tissu décoré de sigilla » du b. lat. s'est estompé au profit du sens « tissu au fond de couleur bleue » dans le monde ar. oriental. En Occident ar. puis en Occident chrét., l'écarlate vint à désigner un tissu riche de n'importe quelle couleur, puis un tissu rouge du fait de l'utilisation de la teinture à base de cochenille (au xiies., Almeria en Espagne fut l'un des centres de production les plus importants), de là le sens actuel de « couleur rouge ». Fréq. abs. littér. : 519. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 483, b) 944; xxes. : a) 869, b) 765. Bbg. Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 205.