| ÉCAILLER1, verbe trans. A.− [Avec valeur privative] 1. [Correspond à écaille A] a) Enlever les écailles de. Poil de Carotte est en train d'écailler ses poissons, des goujons, des ablettes (Renard, Poil carotte,1894, p. 243).Tu écailleras et tu videras le poisson (Queffélec, Recteur,1944, p. 129).Des soles ou des turbots attendaient d'être écaillés (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 17). b) P. anal. − Emploi factitif. Faire se détacher (une surface) en petites plaques. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 264).Nous nous assîmes côte à côte sur une de ces vieilles bombardes de fer que la pluie et l'embrun écaillent depuis cinq siècles (France, Balthazar,
Œuf rouge, 1889, p. 129). ♦ P. métaph. Elle commença à parler. Elle serrait les mots les uns contre les autres (...) pour qu'on ne puisse pas écailler, desceller ou démolir le grand édifice de ses mots (Giono, Eau vive,1943, p. 325). − Emploi pronom. Se détacher et tomber, par petites plaques minces et légères. S'écailler par endroits, par plaques; le vernis s'écaille; se rayer et s'écailler. La peinture des boiseries s'écaillait au long des fentes (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 104).La boue, séchant sur nos genoux, s'écaillait comme une peau qui tombe (Montherl., Olymp.,1924, p. 378).L'humidité, les variations hygrométriques peuvent provoquer une grave maladie qui fait se soulever et s'écailler la peinture (Musées Fr.,1950, p. 14). ♦ Au fig. Je lui dévisagerais la frimousse, moi! Tu verrais bien si son honnêteté ne s'écaillerait pas (Huysmans, Marthe,1876, p. 115).Ce style se démode rapidement, on le voit s'écailler à vue d'œil (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 31). 2. [Correspond à écaille B] Écailler des huîtres. Les ouvrir. B.− [Avec une valeur intensive non privative] Couvrir, garnir d'ornements en forme d'écailles. − Gén. au part. passé. Un méchant beffroi écaillé d'ardoises (Hugo, Rhin,1842, p. 24).La tunique de cuir écaillée de plaquettes de bronze (Gautier, Rom. momie,1858, p. 258). ♦ [Avec une méton. de l'obj.] Le tambour-major rouge écaillé d'or balançait sa canne à boule d'argent (Hamp, Champagne,1909, p. 210). Prononc. et Orth. : [ekaje] ou [ekɑje]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Début du xiiies. escaillier « enlever les écailles (d'un poisson) » (Gloss. Harley 2742, 58 ds T.-L.); 2. 1496 s'écailler « se détacher d'une surface par écailles » (Ordonnance ds Littré), attest. isolée; de nouveau 1690 (Fur.); 1611 écaillé (Cotgr.), attest. isolée; de nouveau 1755 (Encyclop.); 1869 écailler trans. (Lautréamont, loc. cit.); 3. 1690 « ouvrir des huîtres » (Fur.). B. 1. Ca 1256 escalié « qui a des écailles » (A. de Sienne, Régime du corps, 174, 27 ds T.-L.), attest. isolée; de nouveau 1544 (Jacq. Millet, Destruct. de Troye, fo43ads Gdf. Compl.); 2. 1838 écailler « couvrir d'ornements en forme d'écailles de poisson » (Ac. Compl. 1842). Dér. de écaille*; dés. -er. Au sens A, é- a pris la valeur privative restée propre au verbe, l'adj. ayant gardé le sens de « garni, couvert de ». Fréq. abs. littér. : 47. DÉR. Écaillage, subst. masc.1. a) Action d'ôter les écailles. Écaillage du poisson (Lar. Lang. fr.). b) Action d'ouvrir (les huîtres). Écaillage des huîtres (Rob.).2. Fait de s'écailler. Il est bon d'ajouter un pour cent de glycérine, pour éviter l'écaillage de la colle (Villon, Dessin. et impr. lithogr.,1932, p. 157).− [ekajaʒ]. Ds Ac. 1932. − 1resattest. a) 1755 terme de salines (Encyclop. t. 5); b) 1803 « état, défaut de ce qui s'écaille » (Boiste); c) 1823 « action d'ouvrir des huîtres » (ibid.); d) 1845 « action d'enlever les écailles des poissons » (Besch.); du rad. de écailler, suff. -age*. BBG. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925] p. 150. |