| ÇÀ2, interj. [Dans le style de la conversation] A.− [En début de phrase, pour inviter, encourager, inciter à faire qqc.] 1. Allons! voyons! eh bien! [Achille, furieux]. Allons, çà, rendez la monnaie! (Meilhac, Halévy, Hélène,1865, II, 5, p. 233). 2. [Souvent suivi d'un nom en apostrophe, pour interroger qqn] Çà, quand commencez-vous? − Dans huit jours, sûrement (Florian, Fables,Le Paysan et la rivière, 1792, p. 173). 3. [Pour traduire une émotion : surprise, colère, impatience, menace] :
1. adèle. − Je ne puis te répondre.
boubouroche. − Pourquoi donc?
adèle. − Parce que c'est un secret de famille et que je ne puis pas le révéler.
boubouroche, suffoqué. − Çà, par exemple!...
Courteline, Boubouroche,1893, II, 4, p. 77. 4. [Parfois avec un sens locatif] Çà non! çà oui! Là non! là oui! Pour cela qui vient d'être dit, non! oui! L'argent est bête, si on ne le dépense pas. − Çà, je vous approuve, reprit le Baron (Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 690). B.− Locutions 1. Vieilli. [Souvent en phrase interr., pour attirer l'attention et traduire une forte émotion, un étonnement, une colère, etc.] Or çà! : 2. − Corne et tonnerre! répondit le capitaine.
− Corne et tonnerre vous-même! répliqua l'écolier.
Or çà, gentil capitaine, d'où vous vient ce débordement de belles paroles?
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 327. − Cour. Oh çà!, [notamment aussi pour souligner une affirmation.] − Elle ne disait pas très bien les vers? hasarda l'ami de Bloch pour flatter Rachel, qui répondit : « Oh! çà, elle n'a jamais su en dire un... » (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 1003). 2. Ah çà! a) [En début de phrase, pour exhorter] Ah! çà! Réfléchissons et causons avec nous-même (Constant, Journaux intimes,1816, p. 431). b) [Dans une apostrophe, une interr., pour traduire une émotion, surprise, indignation, etc.] − [Pour marquer la stupéfaction] Ah çà! par exemple! 3. − Ah çà! par exemple! glapit une dernière fois Folcoche, stupéfaite. La chambre était vide.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 199. − [Pour marquer l'étonnement] Ah çà... mais! : 4. Oui... Je distingue parfaitement... C'est une goëlette tout au plus à un mille de nous... Ah çà... mais... Je n'ai jamais vu de voilure comme la sienne... Quelles basses voiles...
Sue, Atar Gull,1831, p. 8. − [Pour marquer de l'impatience] Ah çà bien! − Ah çà bien! Mais il est en retard, dit Céline qui se planta vis-à-vis du pont (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 301). 3. Vx. [Pour marquer la joie, la satisfaction] Bon çà! Bon çà! me dis-je à part moi, les aubaines seront bonnes aujourd'hui : ce présage-là ne m'a jamais trompé (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 31). Rem. Dans plusieurs de ces cas, on peut aussi interpréter ça comme la forme réduite de cela (cf. çà1). Certains aut. omettent d'ailleurs l'accent grave et le sentent donc comme un pronom : Truculent : « Ça, Monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée? » (E. Rostand, Cyrano de Bergerac, 1898, I, 4, p. 42). − Ah ça, voyons, il me semble qu'il manque quelqu'un ici? (Soulié, Les Mémoires du diable, t. 1, 1837, p. 349). L'avez-vous trouvé à vouloir ouvrir mes tiroirs? − Ça, non... Je ne peux pas le dire à Madame (E. et J. de Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 175). − Or ça, mon papa, parlons un peu d'affaires d'état (Bourges, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 45). PRONONC. : [sa]. Homon. ça, sa, sas. ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1175 or ça interj. (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, 1188 dans T.-L.); xviies. ça interj. (Scarron dans Rich. 1680).
De même orig. que çà1. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 542. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 533, b) 6 223; xxes. : a) 4 254, b) 1 901. BBG. − Henry (A.). Considérations sur la fortune de ça en fr. R. Ling. rom. 1955, t. 19, pp. 1-22. |