Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

notices corrigéescatégorie :
ÉVOLUTIONNISTE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. 1873 (Zola, Ventre Paris, p. 144). Dér. de évolution*; suff. -iste*.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
0. adj. et subst. « partisan de la doctrine selon laquelle le nouvel individu, entièrement préformé dans le germe, préexiste à l'acte de fécondation ». Attesté de 1847 (L'investigateur, page 130, Recherches sur un cas singulier de monstruosité héréditaire, in Google, Recherche de Livres : Il n'est pas aussi facile de dire comment une anomalie originelle se transmet invariablement par la reproduction. Les uns voient là le résultat d'une influence de l'imagination constamment aux prises avec la crainte de reproduire ce qu'on redoute. Cette prétendue explication recule la difficulté et ne la résout pas. D'autres, suivant qu'ils sont épigénésistes ou évolutionistes, ovaristes ou animalculistes, émettent autant d'opinions qu'il y a de systèmes en fait de génération, et, entassant argument sur argument, étouffent plutôt la question qu'ils ne l'éclaircissent) à 1930 (Larousse3 : évolutionniste n. Biol. et Philos. partisan de l'évolutionnisme. […] — Encycl. Biol. Les partisans de l'évolutionnisme se sont longtemps partagés en deux écoles : l'une, celle des spermatistes, plaçait dans le spermatozoïde l'homonculus, auquel la femelle ne faisait qu'apporter les substances nutritives nécessaires à son développement ; l'autre, celle des ovistes, supposait que l'homonculus est dans l'ovule, et que la liqueur séminale mâle ne fait que lui apporter l'excitation propre à produire son développement). Première attestation de l'emploi substantivé : 1849 (L.‑R. Tulasne, Annales sciences naturelles, troisième série, Botanique, volume 12, page 117, Études d'embryogénie végétale, note 1, in Google, Recherche de Livres : Ainsi les mille figures sous lesquelles les évolutionistes ont rêvé que le germe embryonnaire existait avant la fécondation constitueront à ses yeux [au naturaliste fidèle au spiritualisme] autant de systèmes plus ou moins suspects de matérialisme). - 
B. subst. et adj. « partisan des théories de Charles Darwin ». Attesté depuis 1872 [dans une traduction d'un texte anglais] (Darwin, Descendance, volume 1, page 66, Puissance mentale : Ce chien aurait pu invoquer l'argument récemment avancé pour écraser tous les évolutionnistes [Darwin, Descent, Mental powers, page 63, texte anglais : all evolutionists] et dire : « Je persiste, au milieu de toutes les dispositions mentales et de tous les changements matériels … La théorie que les atomes laissent leurs impressions à titre de legs aux autres atomes prenant la place qu'ils quittent, est contraire à l'affirmation de l'état conscient, et est, par conséquent, fausse ; or, comme cette théorie est nécessaire à l'évolution, cette dernière hypothèse est, par conséquent, fausse » [Le rév. docteur J. M' Cann, Antidarwinism, 1869, p. 13]). On constate chez le zoologiste suisse Jean‑Jacques Moulinié [1830–1873], connu surtout comme traducteur de Darwin en langue française, une hésitation sur la graphie du mot. En effet, dans Darwin, Descendance, évolutionniste côtoie évolutionisme (évolutionnisme*, TLF‑Étym), tandis que dans sa traduction faite sur les 5e et 6e éditions anglaises de Darwin, Origine M., parue un an plus tard, en 1873, on lit évolutioniste (pages 552/566 : La plupart des évolutionistes [Peckham, Origin, VII, page 254, texte anglais de la 6e éd. de 1872 : most evolutionists] admettent que les mammifères dérivent d'une forme marsupiale ; les glandes mammaires se seront par conséquent développées en premier dans le sac marsupial / Tous les évolutionistes [Peckham, Origin, VII, page 264, texte anglais de la 6e éd. de 1872 : all evolutionists)] admettront que les espèces ont une aptitude à changer, mais il me semble qu'il n'y a aucun motif d'invoquer d'autre force interne que la tendance à la variabilité ordinaire, qui a permis à l'homme de produire, à l'aide de la sélection, un grand nombre de races domestiques bien adaptées à leur destination, et qui peut avoir également fait naître par la sélection naturelle à degrés graduels les races ou espèces vivant en liberté). — Première attestation de l'emploi adjectival : 1875 (Polybiblion, page 108, in Google, Recherche de Livres : Il reste évolutionniste et nous parle de lois d'évolution innées et inconnues, dont le caractère est bien peu scientifique). Contrairement à ce qu'indique le TLF, le mot ne se trouve pas, dès 1873, dans Zola, Ventre Paris, mais en 1897 dans Zola, Paris, Livre premier, chapitre 1, page 144 : Et voilà que, de cet opportuniste [le chimiste Bertheroy], de ce savant hiérarchisé, de ce travailleur qui acceptait de toutes les mains la richesse et la gloire, se dégageait un tranquille et terrible évolutionniste, comptant bien que sa besogne allait quand même ravager et renouveler le monde ! (d'autres occurrences du mot en particulier pages 197 [subst.] et 217 [adj.]). C'est à partir de 1885 qu'on relève le mot dans l'œuvre de ce romancier naturaliste : il apparaît dans Germinal au sens de « partisan de l'évolutionnisme » (les évolutionnistes de la première heure), cf. Frantext. - 
A. adj. « qui concerne les théories de Charles Darwin ». Attesté depuis 1873 (Valroger, Genèse, page VII, Table des matières, in Google, Recherche de Livres : Chapitre II : La génération spontanée, au point de vue de la théologie, de la science expérimentale et de l'athéisme. — Les théories évolutionistes et l'athéisme). - 
Rem. b anti‑évolutionniste « (celui qui est) opposé aux théories de Charles Darwin ». Attesté depuis 1874 [dans une traduction d'un texte allemand] (Haeckel, Histoire, page 631, in Google, Recherche de Livres : Notons d'abord que ces derniers sont presque tous des savants âgés, vieillis dans les opinions anti‑évolutionnistes ; par conséquent on ne peut guère s'attendre à voir leur conception générale du monde se modifier). Première attestation de l'emploi substantivé : 1888 (RevPhilosFrEtrang, volume 25, page 678, Revue des périodiques, La Nuova Scienza : L'évolution mal entendue et sa négation […]. – II. Un anti‑évolutionniste du moyen âge [F. Maltese]). - 

Origine :
0. Formation française : dérivé du substantif évolution* « développement embryonnaire » à l'aide du préfixe ‑iste* (I. A. 1. d). Dans les théories de la génération qui ont précédé Darwin, notamment au sein de celles concernant la génération des monstres, on rencontre le terme évolutioniste, qui s'applique, au 19e siècle, à un adepte du système dit de l'« évolution organique », selon lequel le nouvel individu, entièrement préformé dans le germe, préexiste à l'acte de fécondation, celui‑ci n'étant dès lors que le déclencheur d'un développement (ou évolution) qui consiste en un simple accroissement de masse et de volume, sa forme se trouvant inscrite au plus profond et au plus lointain de son existence germinale, soit dans l'œuf, soit dans l'animalcule spermatique. Cette doctrine s'oppose à l'épigénèse* (formation successive et juxtapositive de l'embryon à partir d'éléments distincts), cf. les articles consacrés à évolutionnisme et évolutionniste in Larousse illustré1 et aussi Larousse3, évolutionniste. Cf. von Wartburg in FEW 3, 253b, evolutio.
B./A. Transfert linguistique : calque de l'anglais evolutionist subst. masc. et adj. « partisan des théories de Charles Darwin » ([subst.] attesté depuis 1872, à en juger d'après la date de la traduction de Moulinié parue en 1873 et faite sur la 6e éd. de The Origin of Species, publiée autour du 19 février 1872, plutôt que 1873, 2e impression de la 6e éd., comme l'indique un peu confusément OED2 ; cf. Peckham, Origin, 24 ; Tort, Darwinisme, 791 ; [adj.] attesté depuis seulement 1877, OED2). Le substantif semble être entré en français à travers les traductions des ouvrages majeurs de Charles Darwin, The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex (1871) et On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life, publiées respectivement en 1872 et 1873 par le zoologiste suisse Jean‑Jacques Moulinié [1830–1873] (cf. ci‑dessus B.). L'intégration du calque a été facilitée par le sentiment d'une dérivation interne à partir du substantif évolution*, ce qui pourrait expliquer l'hésitation toujours actuelle sur la graphie du mot. Pour ce qui est de la graphie évolutionniste, elle est conforme à la règle qui veut que joint à un mot en -tion, le suff. ‑iste* (I. A. 1. d) entraîne généralement le redoublement de n (Gak, Orthographe, 197). Cf. von Wartburg in FEW 3, 253b, evolutio, qui analyse à tort ce nom comme une formation française.
Rem. b Formation française : dérivé du substantif et adjectif évolutionniste* à l'aide du préfixe ‑anti* (I. A. 1.). Le terme semble avoir été créé par l'anthropologiste français Charles Letourneau [1831–1902] à l'occasion de la traduction de l'ouvrage d'un de ses auteurs de référence, le zoologiste allemand Ernst Haeckel [1834–1919], lequel a publié, en 1868, la Natürliche Schöpfungsgeschichte. À ajouter FEW 3, 253b, evolutio.


Rédaction TLF 1980 : Marthe Paquant. - Mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld. - Relecture mise à jour 2009 : May Plouzeau ; Françoise Henry.Première mise en ligne : 6 mai 2010. - Dernière révision : 20 juillet 2010. - Mise en ligne : 21 juillet 2010.