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notices corrigéescatégorie :
ÉVOLUTIONNISME, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1873 (Ch. Robin, Anatomie et Physiologie cellulaires, Introduction, p. XXXII). Dér. de évolution*; suff. -isme*.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
Attesté depuis 1872 [dans une traduction d'un texte anglais] (Darwin, Descendance, volume 1, page 138, Sur le mode de développement de l'homme de quelque forme inférieure, note 48 : Il est satisfaisant d'entendre un anatomiste aussi capable [le Rev. docteur Haughton], et un adversaire aussi acharné de l'évolutionisme [Darwin, Descent, On the manner of development of man from some lower form, page 129, texte anglais : so embittered an opponent of evolutionism], admettre même la possibilité de l'une ou de l'autre de ses deux premières propositions [l'homme peut parfois présenter un arrangement des tendons de son pouce et de ses doigts qui est caractéristique du macaque s'avançant vers l'homme plus élevé, ou de l'homme s'abaissant vers le macaque inférieur]). On retrouve la même graphie évolutionisme dès 1873 chez le naturaliste français Charles Robin, adversaire acharné de Darwin, qui réduit la valeur scientifique de sa théorie à un transformisme français antérieur : (Robin, Anatomie, Introduction, pages XXXII‑XXXIII = DDL 18 : Ainsi que l'a spécifié Aug. Comte, la théorie de Lamarck consiste à considérer l'ensemble de la série zoologique comme parfaitement analogue, aussi bien en fait qu'en spéculation, à l'ensemble du développement individuel, et encore restreint à la seule période ascendante. C'est cette supposition à laquelle on a depuis donné le nom d'évolutionisme ou théorie de l'évolution, grâce à l'artifice de logique qui consiste à donner comme expression d'un mouvement évolutif qu'on n'a pas vu le résultat du classement d'objets analogues, mais distincts et inégalement séparés les uns des autres […]. 2o […] car étant admis que chacune des collections d'individus actuelles est issue d'une autre, que les plus simples mollusques sont sortis de certains Vers, et que de chacune peut en dériver une ou plusieurs autres diverses, suivant les conditions dans lesquelles elles se trouvent, il est manifeste que chaque espèce ne représente qu'un arrêt de développement relativement à des inconnues à venir). Première attestation de la graphie avec le doublement de n : depuis 1872 (Critique philosophique, première année, I, page 240 : C'est, en effet, cette distinction, liée aux doctrines de déterminisme et d'évolutionnisme intellectuel, qui nous fait envisager l'erreur comme une certaine forme et un certain moment de la vérité). - 

Origine :
Transfert linguistique : calque de l'anglais evolutionism subst. masc. « théorie qui explique la transformation des organismes selon la loi naturelle de la naissance à partir d'une ou de plusieurs souches primitives » (attesté depuis 1869, chez le célèbre évolutionniste anglais Thomas Henry Huxley [1825–1895], morphologiste, zoologiste et paléontologue de grand renom, défenseur acharné de la théorie darwinienne, cf. TLF‑Étym, darwinisme* et OED2). Le terme semble être entré en français à travers la traduction de The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex de Charles Darwin (1871) publiée dès 1872 par le zoologiste suisse Jean‑Jacques Moulinié [1830–1873], connu surtout comme traducteur de Darwin en langue française (cf. ci‑dessus). L'intégration du calque a été facilitée par le sentiment d'une dérivation interne à partir du substantif évolution*, ce qui pourrait expliquer l'hésitation toujours actuelle sur la graphie du mot. Pour ce qui est de la graphie évolutionnisme, elle est conforme à la règle qui veut que joint à un mot en -tion, le suff. -isme* entraîne généralement le redoublement de n (Gak, Orthographe, 197). Quant à l'orthographe évolutionisme, c'est aussi celle adoptée, dès 1873, par un auteur français, le médecin, anatomiste et naturaliste Charles Robin [1821–1885] dont les options doctrinales épousent celles d'Auguste Comte [1798–1857] et de l'école positiviste : refus du darwinisme et du transformisme en général, fondé sur l'argument de la permanence des caractères spécifiques et incrédulité par rapport à la variabilité spécifique elle‑même, argumentée par l'étroite et fragile stabilité des équilibres qui définissent les conditions d'existence des individus élémentaires les plus élémentaires. Robin élude, tout comme l'avait fait une décennie plus tôt le botaniste Antoine Fée, tout véritable examen de la nouveauté du darwinisme, qu'il rapporte au lamarckisme déjà critiqué par Comte, mais valorisée parce que française et inspiratrice. Le positivisme constituera en France — principalement en tant qu'anti‑transformisme fondamental — un obstacle majeur à la réception du darwinisme. Robin rejeta la théorie darwienne, en tant que partiellement conjecturale, et cette raison le conduisit à s'opposer en 1870 à l'élection de Darwin au titre de Correspondant de l'Académie des Sciences de Paris (Conry, Introduction, page 415 ; Conry, De Darwin, pages 10‑11 ; Tort, Darwinisme, s.v. positivisme, 3519 ; TLF‑Étym, darwinisme. Cf. von Wartburg in FEW 3, 253b, evolutio, qui classe ce mot comme dérivé sous évolution).


Rédaction TLF 1980 : Marthe Paquant. - Mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld. - Relecture mise à jour 2009 : Françoise Henry ; May Plouzeau.Première mise en ligne : 6 mai 2010. - Dernière révision : 20 juillet 2010. - Mise en ligne : 21 juillet 2010.