AIGRIN, ÉGRAIN, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1. Forme du type
aigrun, xies. judéo-fr.
aigrum « acreté » (
Darmesteter-Blondheim,
Gloses fr. dans les commentaires talmudiques de Raschi, P., 1929, gl. 17 c, cité par
Lévy Trésor 1964, 8 b, hapax de sens);
xies. judéo-fr.
aigrun « ce qui a une saveur acre » (
Id.,
ibid., gl. 18 b,
ibid.); 1268-1271
egrun, aigrun « toute espèce de légume à saveur aigre » (
Est. Boileau,
Livre des mestiers, éd. Bonnardot, 1
repart., X, 1 ds
Gdf. : Nus ne puet estre regratiers a Paris, de fruit ou d'
egrun, c'est a savoir de aus, de oingnons, de eschaloingnes et de toute manière de tel
egrun, s'il n'achate le mestier du Roy ...
ibid., IX, 2 :
aigrun); 1964 « toute espèce d'herbes et de fruits aigres » (
Men. 1694
Aigrun [...] Toutes sortes d'herbes fortes et de fruits aigres); qualifié en ce sens de
vx mot dep.
Fur. 1701 jusqu'à sa dernière mention ds
Trév. 1771;
2. forme du type
aigrin, 1527 « légumes et fruits à saveur aigre » (Arch. Vienne, St Hilaire, liasse 40 ds
Gdf. :
Esgryn ... Qui sont les aulx, oignons, pommes, poires et autres fruicts); repris comme terme hortic. au
xixes. 1838 (
Ac. Compl. 1842,
s.v. Égrin [avec renvoi à
égrain] : jeune pommier provenant de graines de pommes cueillies dans les forêts); 1866 (
Lar. 19e: Aigrin. Nom que l'on donne à de jeunes poiriers et pommiers à cause de l'aigreur de leurs fruits).
Du lat. *
acrumen, dér. de
acrum, aigre*
; la forme fr. mod.
aigrin est − soit due à une substitution de suff., soit une forme dial.,
Fouché, t. 2 1958, p. 364, rem. VI; forme
égrain par attraction de
grain*.