ÉDEN, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1235 topon. biblique (
Bible fr. de l'Université de Paris, ms. Paris BN fr. 899, f
o1 v
o[Gen. 4, 16] : la contree d'Orient qui a nom
edem);
b) 1547
Eden « paradis terrestre » (
Marg. de Navarre,
Les Marguerites, Comed. du Desert II, 225-226 ds
Hug. : Adam, Qui [...] Feut chassé d'
Eden); 1553
jardin d'Eden « paradis terrestre » (
Bible, impr. Jean Gerard, Gen 3 d ds
FEW t. 20, p. 25a,
s.v. ēden);
2. 1794 p. ext. « lieu de délices » (
Chénier,
Élégies, p. 150). Empr. à l'hébr. biblique
ēden, nom du lieu du paradis terrestre, presque toujours traduit à tort par τ
ρ
υ
φ
η
́ « mollesse, douceur, délicatesse » dans la version des Septante et
voluptas « volupté, délices » ou
deliciae « délices » dans la Vulgate (principalement dans la loc.
gan ēden « jardin d'Éden » [Gen. 2, 15; 3, 23, 24], Septante π
α
ρ
α
́
δ
ε
ι
σ
ο
ς
τ
η
̃
ς
τ
ρ
υ
́
φ
η
ς, Vulgate
paradisus voluptatis, d'où l'emploi du type
paradis de délices dans les trad. de ces passages en a. fr. et m. fr., v.
Trénel infra) en raison d'une confusion avec le nom commun hébr.
adānim « délices », plur. de
ēden (II Sam. 1, 24; Ps. 36, 9; Jér. 51, 34). La trad. correcte
jardin d'Éden au lieu de
jardin de délices ou
paradis de délices pour désigner le paradis terrestre n'est apparue qu'au
xvies. avec les traducteurs de la Réforme, qui remontaient jusqu'au texte hébr. (
J. Trénel,
L'A.T. et la lang. fr. du Moy. Âge, pp. 75-77;
Bible Suppl., s.v. paradisus, t. 6, col. 1177-1181).