VRAI, VRAIE, adj., subst. masc. sing. et adv.
Étymol. et Hist. A. Adj.
1. a) ca 1100 « conforme à la vérité (par opposition à la fiction, l'imitation...) » (
Roland, éd. J. Bédier, 3368);
b) ca 1200 (
1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, t. 1, p. 74: li
vrais Jhesus; p. 228: li
verais Dieu);
c) déb.
xives. (
Ovide moralisé, éd. C. de Boer, t. 4, p. 34: se c'est statue ou femme
vroie);
d) ca 1370 (
Oresme,
Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 349: et ne dison pas que elle [
enbulie c.-à-d.
rectitude de conseil] est
vraie ou
fausse, mais que elle est bonne ou male);
e) 1377 (
Oresme,
Ciel et Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 332: le
vrai midi immobile; p. 436: la
vraie cause de fredeur; p. 514: la
vraie solucion ou responce a ceste question);
2. impers.
a) 1349 (
Guillaume de Machaut,
Alerion, éd. E. Hoepffner, 2063: il est
vray c'un propos formay; 4281: il est
vray [en incise]);
b) ca 1460 (
Pathelin, éd. J. C. Aubailly, 1306:
vray com messe);
c) 1625
tant il est vrai que (J.
Camus,
Palombe, p. 379);
3. a) ca 1165 « sincère, loyal » (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 13509: Mon cuer aureiz toz jorz
verai);
b) fin
xiie-déb.
xiiies.
amour veraie (
Chansons attribuées au Châtelain de Couci, éd. A. Lerond, IV, 27);
c) ca 1220
vrais amis (
Gautier de Coinci,
Mir., éd. V. F. Koenig, I
Mir 21, 182);
d) 1306 (
Joinville,
Saint Louis, éd. N. L. Corbett, p. 92: Se il meurt en
vraye foy; p. 97: ceulz qui [...] moururent
vrais croisiez);
e) 1340 (
Guillaume de Machaut,
Roy de Behaingne, 146: Car il estoit
vrais, loiaus et secrez);
4. a) 1377 (
Id.,
Chanson, éd. Chichmareff, p. 613, 40: Vous estes le
vray saphir Qui puet tous mes maux garir);
b) 1547 (N.
Du Fail,
Œuvres, éd. J. Assézat, t. 1, p. 106: il regnoit en son quartier comme un petit demy dieu et
vray coq de paroisse);
5. 1478-80
vrais moyens (
Guillaume Coquillart,
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 37);
6. 1660 arts (
Corneille,
Discours du poëme dramatique ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 15: Il n'est ni
vrai ni vraisemblable qu'Andromède, exposée à un monstre marin, aye été garantie de ce péril par un cavalier volant).
B. Subst.
1. 1342
savoir de vray (
Guillaume de Machaut,
Dit dou Lyon, 269);
2. 1349 (
Id.,
Alerion, 3079: J'en responderoie briefment Le
vray un po couvertement);
3. 1349
affermer pour vray (
Id.,
Roy de Navarre, 1520);
4. 1368
au vrai considerer (
Froissart,
Orloge amoureus, éd. P. F. Dembrowski, p. 83, 6);
5. 1657 (
Aubignac,
La Pratique du Théâtre, p. 76: le
vrai n'est pas le sujet du théâtre).
C. Adv. fin
xives.
a vray dire (
Jean Gerson,
Sermon pour la Noël, éd. L. Mourin, t. 1, p. 308). Du lat. pop. *
veracus, forme issue, par renforcement expr., de
verus « vrai » (
cf. viiies.
veragos homines « témoins dignes de foi », v.
Du Cange,
s.v. veragus, cartam veracem et legitimam « charte vraie et légitime »,
veraciter adv. « conformément à la vérité », v.
Nierm.); dans les lang. rom. on retrouve des types de renforcement pour lesquels il faut prob. supposer des modèles différents (v.
FEW t. 14, p. 274). Issues du lat.
verus les formes
voir, veir, ver « vrai » sont att. du
xeau
xvies. (v.
Gdf.,
s.v. voir;
FEW t. 14, p. 329), v. aussi
voire.