VOLEUR, -EUSE, subst. et adj.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1480 fauconn. « chasseur au vol » (G.
Coquillart,
Monologue Coquillart, 28, éd. M. J. Freeman, p. 273: chasseurs,
volleurs, tous telles gens);
2. 1690 (
Fur.: on appelle un oiseau bon
voleur, ou beau
voleur, quand il vole bien et sûrement).
B. 1. a) [1516 « personne qui s'empare du bien d'autrui » (
Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier[d'apr. le ms. Paris B.N. Dupuy, vol. 743, de la 2
emoit. du
xvies.], éd. V.-L. Bourrilly, p. 33: audict an [1516] [...] courroient parmy le royaume de France plusieurs maulvais garçons appelez
voleurs, rependeuz en divers lieux [...] lesquelz [...] pilloient et tueoient [...] dont il y en eut ung, prisonnier à la Conciergerie, nommé Nicolas); 1526 (
ibid., p. 229: audict an [1526], le mecredy dix septiesme janvier, un nommé Nicolas, qui estoit le maistre des
voleurs)] 1526 (
Chronique parisienne de Pierre Driart, éd. F. Bournon, p. 113: le XVII
ejour du moys de janvier [1526], fut bruslé [...] ung quidam nommé Nicolas,
volleur, lequel avoit esté environ dix ans en prison); 1547 (N.
Du Fail,
Propos rustiques et facecieux, éd. J. Assézat, t. 1, p. 27: brigans,
voleurs); 1549 (
Est.:
voleurs [...]
voleurs de benefices); 1585 adj. (N.
Du Fail,
Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 103: la teste d'un Gentil-homme
voleur); 1599 (
Lasphrise,
La Nouvelle tragi-comique ds
Anc. théâtre fr., t. 7, p. 471: un noble au sang
voleur);
b) α) 1585
au voleur! (N.
Du Fail,
Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 102: criant, au
voleur, au larron);
β) 1643
fait en voleur « qui a un aspect inquiétant, des vêtements en mauvais état ou en désordre » (
Corneille,
Suite du menteur, I, 1); 1808
fait comme un voleur (
Hautel);
γ) 1674 expr. biblique
comme un voleur « à l'improviste, sans prévenir » (
Boileau-
Despréaux,
Epistres, III, 44, éd. A. Cahen, p. 23: le jour fatal est proche et vient comme un
voleur [
cf. I
Thess. 5, 2]); 1683 (
Bossuet,
Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche, éd. J. Truchet, p. 237: Je viens, dit Jésus-Christ, comme un
voleur [
cf. Apoc. 3, 3]);
δ) 1845
jouer au gendarme et au voleur (
Flaub.,
1reÉduc. sent., p. 19);
c) 1648
voleur de grand chemin (G.
Patin,
Lettres, éd. P. Triaire, p. 603); 1668
voleur domestique (
Racine,
Les Plaideurs, II, 14); 1828-29
voleur à la tire (
Vidocq,
Mém., t. 4, p. 322); 1832
voleuse d'enfants (
Hugo,
N.-D. Paris, p. 263);
2. a) 1578 fig. (
Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 17, p. 330: Les soudars m'ont pillé, tu as ravy mon cœur: Tu es plus grand
voleur);
b) 1620 « plagiaire » (Th.
de Viau,
Œuvres poét., 1
repart., éd. J. Streicher, p. 9);
c) 1690 « personne qui lèse autrui (dans une transaction commerciale) » (
Fur.). A dér., au moy. du suff.
-eur2*, de
voler1* empl. comme terme de fauconn. B issu de A p. métaph., selon un développement sém. analogue à celui qu'a connu le lat.
involare (>
embler*), le vol (action de dérober) étant comparé à la chasse au vol.