VOIX, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. A. De l'homme
1. fin
xes. « ensemble de sons produits par le larynx quand les cordes vocales entrent en vibration sous l'effet d'une excitation nerveuse rythmique »
las voz ici acc. plur. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 234);
2. ca 1100 « capacité de produire un ensemble de sons au moyen de l'appareil phonatoire; manière dont cet ensemble de sons est émis »
s'escriet a sa voiz grand et halte (
Roland, éd. J. Bédier, 2985); 1
remoit.
xiiies.
sans vois (
Audefroi le Batard,
Chansons, éd. A. Cullmann, XIII, 14); 1631
voix de stentor, v.
stentor étymol. 1;
3. a) 1370 « capacité de produire un ensemble de sons musicaux au moyen de l'appareil phonatoire »
melodies de vois humaines et de sons faites par instrumenz (
Nicole Oresme,
Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 61b, p. 220);
b) 1690 « chanteur » (
Fur.);
4. 1671 phonét. « phonèmes qui entraînent la vibration des cordes vocales et font partie des voyelles » (
Molière,
Bourgeois gentilhomme, II, 4, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 8, p. 85).
B. D'inanimés
ca 1100 « (d'instruments de musique, de phénomènes de la nature, de certains objets) bruit que l'on assimile à la voix humaine »
les voiz [des greisles]
en sunt mult cleres (
Roland, 3304); 1610
voix humaine « un des jeux de l'orgue » (
B. archéol. publ. par le Comité hist. des Arts et des Monuments, III, 220).
C. Des animaux
1. ca 1200 « son produit par le larynx d'un animal »
la douce voiz du louseignol sauvage (
Chatelain de Couci,
Chansons, éd. A. Lerond, III, 1);
2. a) 1678 « aboiement d'un chien de chasse » (
La Fontaine,
Disc. à Mmede La Sablière, 69 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p. 464);
b) 1758
donner de la voix « (d'un chien) aboyer » (
Buffon,
Hist. nat., t. 7, p. 80).
II. A. 1. a) Ca 1100 « organe du langage humain servant à l'expression de la pensée, des sentiments... » ici « manière dont cet organe est employé »
A halte voiz s'escrie (
Roland, 3641); déb.
xvies.
de vive voix (D'
Aubigné,
Les Tragiques, Aux lecteurs, éd. A. Weber, p. 3);
b) ca 1200 « langage » (
Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke et P. Rasch, 1726: A
voiz paiene s'est li quens escriëz); 1
ertiers
xiiies. « mot, parole » (
Reclus de Molliens,
Charité, éd. Van Hamel, XXVIII, 4);
c) 1538
Eslever la voix (
Est.); en partic.
α) 1691
elever sa [
la]
voix pour « embrasser hautement les intérêts de quelqu'un, quelque chose » (
Racine,
Athalie, III, 8, 1204);
β) 1694 mar.
saluer de la voix (Th.
Corneille [1678,
Guillet, 3
epart.,
s.v. salut: La Reyne [...] ne voulut estre salüée que de quelques cris de l'Equippage]);
2. ca 1170 « conseils, avertissements, ordre ou appel exprimés par quelqu'un » (
Rois, éd. E. R. Curtius, Tierz Livres, XX, 36, p. 165);
3. déb.
xvies. « personne qui parle »
la voix qui console (D'
Aubigné,
op. cit., p. 585).
B. 1. Av. 1266 « influence, autorité ou crédit d'une collectivité »
ciaus qui n'ont vois ni respons en court (
Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 96);
2. a) 1305 « bruit qui court » (
Enq., A.N. J. 1030, pièce 28);
cf. 1373 (ds
Ordonnances des Rois de France, t. 5, p. 649); 1402
vois de... renommee (
Christine de Pisan,
Le Livre du Chemin de Long Estude, éd. R. Püschel, 982-983); 1553
La voix de la renommée (
La Bible, s.l. impr. J. Gérard,
Jér., 10, 22);
b) 1664
la voix publique « la rumeur générale » (
Corneille,
Othon, V, 3, 1657);
3. 1636
la voix de la raison (
Id.,
Cinna, II, 1, 510).
III. A. 1. 1
erquart
xiiies.
avoir vois de « avoir le droit de » (
Reclus de Molliens,
Miserere, éd. Van Hamel, L, 10); en partic. 1636 « droit d'exprimer son opinion dans une assemblée ou un scrutin » (
Monet);
2. 1558
avoir... voix en chapitre « être admis à donner son avis » (B.
Des Périers,
Nouv. récréations et joyeux devis, éd. K. Kasprzyk, Nouvelle III, p. 25); en partic. 1893
avoir voix au chapitre « avoir voix délibérative dans un chapitre de moines » (
DG);
3. 1636
voix active, voix passive (
Monet);
4. 1690
voix deliberative (
Fur.).
B. 1. 1538 « opinion exprimée dans un vote » (
Est.,
s.v. vox);
2. a) 1625
tout d'une voix « d'un consentement unanime » (
Voiture,
Lettre à Mrde Balzac ds
Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 24);
b) 1638
id. « à l'unanimité des suffrages »
la chose passa tout d'une voix (
Abl.[
ancourt],
Ret. ds
Rich. 1680);
3. a) 1640
n'avoir qu'une voix « être unaniment d'accord » (
Corneille,
Horace, III, 2, 789);
b) 1696
avoir la voix de qqn « avoir son consentement »
il a la voix et l'approbation du peuple (E.
de Coulanges,
Lettre, 19 mars ds M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 1151);
4. 1656
donner sa voix à qqc. « y consentir » (
Molière,
Amphitryon, I, 2, 510);
5. 1734
vendre sa voix (
Voltaire,
Lettres philosophiques, p. 88);
6. 1834
mettre aux voix l'élection (
Musset,
Lorenzaccio, V, 1, p. 251);
7. 1835
aller aux voix (
Stendhal,
L. Leuwen, t. 3, p. 232).
IV. Gramm. 1753 « forme que prend le verbe, suivant que l'action est faite ou subie par le sujet »
voix active, voix passive, voix moyenne (
Encyclop. t. 3,
s.v. conjugaison); 1962
voix pronominale (J.
Stefanini,
La Voix pronominale en a. et m. fr. [titre], Aix-en-Provence). Du lat. class.
vōcem, acc. de
vōx « voix, son de la voix, accent, son, ton, mot, vocable »; au plur. « paroles, propos ».