VOILÀ, verbe et prép.
Étymol. et Hist. 1. 1342
vela s'emploie pour désigner une personne ou une chose relativement éloignée (
Guillaume de Machaut,
Le Dit dou Lyon, éd. E. Hoepffner, t. 2, p. 208:
vela celui qui vainqui la bataille); 1485 précédé d'un pron. pers.
me vella (
Mistére du Viel Testament, XVII, 9609, éd. J. de Rothschild, t. 2, p. 13);
a) 1485
en vella « voilà de ceci » (
ibid., XI, 6205, t. 1, p. 241); 1601 s'emploie pour désigner à l'attention, une personne (P.
Charron,
De la Sagesse, Trois Livres, p. 270: et en
voylà un en sa maison qui...); 1839 exclam. pour mettre en relief (
Stendhal,
Chartreuse, p. 38: en
voilà du nanan!);
b) 1485 précédé de
que (
Mistére du Viel Testament, XXI, 14393, éd. J. de Rothschild, t. 2, p. 231); 1498-1515 exclam. (P.
Gringore,
Vie Ms. S. Loys, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 224: o que
velà ung villain mot!); 1635 (G.
de Scudéry,
La Comédie des Comédiens, p. 36: que
voilà reciter de bonne grâce!);
c) 1607
voilà suivi d'un inf. pour attirer l'attention sur une action qui est en train de se dérouler (H.
d'Urfé,
L'Astrée, t. 1, p. 464);
2. fin
xives.
vela s'emploie pour désigner des choses dont il vient d'être question précédemment (
Froissart,
Chroniques, éd. S. Luce, t. 11, p. 59); 1478-80
velà comment (
Guillaume Coquillart,
Enquête, éd. M. J. Freeman, p. 104); 1580
voilà pourquoy (B.
Palissy,
Discours admirables, éd. A. France, p. 335); 1601
voylà tout (P.
Charron,
op. cit., p. 44); 1627
voila qui est bien (Ch.
Sorel,
Le Berger extravagant, p. 335); 1627
voila ce que c'est + subst. (
Id.,
ibid., p. 509:
voila ce que c'est que le livre de Lysandre); 1643
voila ce que c'est + inf. (A.
Arnauld,
De la fréquente Communion, p. 702:
voila ce que c'est que d'estre devot); 1672
en voilà pour suivi d'une indication temp. (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 452); 1725
en voilà assez formule pour mettre fin à un entretien (
Marivaux,
La Seconde surprise de l'Amour, p. 533); 1761
n'en voilà-t-il pas assez? (J.-B.
Robinet,
De la Nature, p. 327);
3. 1485 s'emploie pour présenter un subst. ou un pron. caractérisé, en relation avec des circonstances déjà exprimées (
Mistére du Viel Testament, IV, 26281, t. 1, p. 101); 1607
le voilà qui (H.
d'Urfé,
op. cit., p. 250); 1610
nous voilà bien! (
Béroalde de Verville,
Le Moyen de parvenir, éd. Tournon, chap. 65, p. 205);
a) 1580 en corrél. avec une circonstance de temps (
Montaigne,
Essais, I, 49, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 296);
b) 1610 en corrél. avec un adv. de lieu
t'y voilà (
Béroalde de Verville,
op. cit., chap. 8, p. 18);
4. 1511
vela pas s'emploie pour exprimer la surprise (P.
Gringore,
Sottie, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 235); 1568
voila pas (R.
Garnier,
Antigone, 2618, éd. W. Foerster, t. 3, p. 90); 1625
ne voila pas (H.
d'Urfé,
La Sylvanire, p. 50); 1627
ne voila-t-il pas (Ch.
Sorel,
op. cit., p. 172);
5. 1757 « il y a exactement (tel laps de temps) » (R.-L.
Argenson,
Journal et Mémoires, p. 256). Comp. de la 2
epers. de l'ind. de
voir* et de la particule
là (
cf. voici).