VOIE, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. A. 1. a) 1100 « parcours que l'on suit pour aller d'un point à un autre » (
Roland, éd. J. Bédier, 365); 1140
en la veie se metre « se diriger quelque part » (
Geffrei Gaimar,
Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 2854); 1176-81 loc.
savoir ne vant ne voie « ne pas connaître le parcours de quelqu'un » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier de la Charrete, éd. M. Roques, 6383);
b) spéc. 1868 alpin. « itinéraire d'ascension » (
Annuaire du Club alpin suisse, pp. 83-84 ds
Quem. DDL t. 27);
2. a) 1100 « espace aménagé pour permettre les déplacements d'un point à un autre » (
Roland, 2399); 1671
par voie et par chemin (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 391);
b) 1510 « grande route de l'Antiquité »
voye Appia (P.
Gringore,
L'Espoir de Paix, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 174); 1788
voie Sacrée (Abbé J. J.
Barthelemy,
Voyage du Jeune Anacharsis, p. 527);
c) 1690
voye publique (
Fur.);
d) 1776-77 mines (
Morand,
L'Art d'exploiter les mines de charbon de terre, 2
epartie, sect. I, § 224 d'apr.
Brunot t. 6, 1, p. 402);
3. p. anal. 1550
voies de l'eau (
Ronsard,
Odes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 148); 1578
marinieres voyes (R.
Garnier,
Marc Antoine, 776, éd. W. Foerster, t. 1, p. 176);
4. voie lactée, v.
lacté;
5. 1828 ch. de fer
voies de fer (J.
Masclet,
Génie Civil, I, p. 418 ds
Wexler, p. 42, note 14); 1858
voie ferree (
Chesn.); 1865
voie de garage (
Littré,
s.v. garage).
B. 2
emoit.
xiiies. vén. « chemin par où une bête a passé » (
La Chace dou Cerf, 273, éd. G. Tilander ds
Studier Modern Språkvetenskap, t. 14, p. 71); 1635
voyes de hautes avies (J.
de Ligniville,
La Meutte et Venerie pour le lièvre, p. 148 ds
Tilander, p. 47); 1635
voyes de bon temps (
Id.,
La Meutte et Venerie pour le cerf, t. 2, p. 17,
ibid., p. 49); 1635
voyes doublees (
Id.,
La Meutte et Venerie pour le chevreuil, p. 136,
ibid., p. 119); 1655
voyes du relevé (
Salnove,
La Vénerie royale, p. 35,
ibid., p. 46); 1690
voyes surmarchées (
Fur.); 1690 loc.
remettre les chiens sur les voyes (
ibid.); 1691 fig.
remettre sur les voies (M
mede Sévigné,
op. cit., t. 3, p. 970); av. 1740
à bout de voie, ici fig. (
Saint-
Simon,
Mémoires, éd. A. de Boislile, t. 13, p. 83).
C. « Itinéraire ou conduit naturel »
1. a) 1314 anat.
voie de la viande (
Chirurgie de Henri de Mondeville, éd. Ch. Bos, § 259);
b) 1800 « ensemble de conduits que parcourt une matière quelconque dans l'économie animale »
voies urinaires (
Geoffroy,
Méd. prat., p. 203);
2. 1678
voye d'eau « ouverture par laquelle l'eau entre dans un navire » (
Guillet 3
epart., p. 346).
D. Techn.
1. 1660 « espace entre les roues d'une voiture » (
Oudin Fr.-Esp.); 1798
avoir la voie « avoir, entre les roues la distance voulue par l'usage du pays » (
Ac.);
2. 1690 « largeur d'un trait de scie » (
La Quintinie,
Instruction pour les jardins potagers); 1765
donner de la voie à une scie « en écarter les dents » (
Encyclop. t. 13, p. 70a);
3. 1723 « passage successif sur l'appareil à lainer » (
Savary).
II. A. 1. 1
remoit.
xiies. « conduite considérée comme un chemin que l'on peut suivre » (
Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, XVII, 24);
id. la veie des justes (
ibid., I, 7);
id. male veie (
ibid., CXVIII, 101);
ca 1170
dreite veie (
Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 83); 1225
bonne voye (
Gautier de Coinci,
Miracles de Nostre Dame, D 80, 54, éd. V.-F. Koenig, t. 4, p. 420);
2. xiiies.
les voies des homes « conduite morale de l'homme » (B. N. 899, f
o299 v
ods
Trenel, p. 379);
3. loc.
a) 1550
montrer la voie à (
Ronsard,
op. cit., p. 78);
b) 1602
se préparer la voye (Cl.
Fauchet,
Déclin de la Maison de Charlemagne, p. 206); 1738
préparer les voies (Ch.
Rollin,
Hist. Anc. des Égyptiens, t. 6, p. 609);
c) 1611
ouvrir la voye (J.
Bertaut,
Les Œuvres poét., p. 351);
d) 1656
mettre qqn sur la voie (
Corneille,
L'Imitation de Jesus-Christ, p. 169).
B. 1. a) 1
remoit.
xiies. « façon de procéder; conduite à suivre » (
Psautier d'Oxford, CXVIII, 104);
ca 1250 (
Assises de Jerusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 50);
b) 1491 « moyen dont on se sert » (
Philippe de Commynes,
Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 79: par
voyes d'assemblées);
2. a) 1283 « moyen d'action judiciaire » (
Philippe de Beaumanoir,
Coutumes Beauvaisis, XI, 315, éd. Am. Salmon, t. 1, p. 355); 1601
la voye de la justice (P.
Charron,
De la Sagesse, Trois livres, p. 436); 1601
voye amiable (Cl.
Fauchet,
Fleur Maison de Charlemagne, p. 29); 1690
voie de droit (
Fur.);
b) 1378 « tout acte par lequel on s'empare violemment d'une chose sur laquelle on n'a pas de droit reconnu » (13 juillet, A. du Prince, 75, n
o7, A. Neuchâtel ds
Gdf. Compl.);
c) 1835
voies et moyens (
Ac.);
3. 1656 « intermédiaire ou suite d'intermédiaires qui permet d'obtenir quelque chose » (
Pascal,
Provinciales, VI, éd. L. Lafuma, p. 397); 1903
par voie de conséquence (
Lévy-
Bruhl,
Mor. et sc. mœurs, p. 111);
4. 1690 chim. « manière de procéder » (
Fur.); 1788
voie humide (
Buffon,
Hist. nat. Minéraux, t. 1, p. 434); 1814
voie sèche (
Nysten).
III. Métrol. fin
xiiie-déb.
xives. « la moitié d'une portée (mesure de drap) » (texte ds
Poerck,
La Draperie médiévale, t. 2, p. 217); 1407
voie d'eaue (
Enquête du Prevôt de Paris ds
Bibl. Éc. Chartes, t. 1, p. 247); 1416
voies de plastre (
Ctes Hotel Dieu, t. 3, p. 44 ds
IGLF); 1579
voye de bois (H.
Estienne,
La Precellence du Langage françois, éd. E. Huguet, p. 180). Du lat.
via « chemin, route; voyage, trajet; conduit, canal; genre, méthode, moyen, procédé ».