VISER1, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Verbe intrans.
1. 1160-74 « diriger son regard vers un but pour y lancer quelque chose » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 2037);
2. a) 1690
voilà bien visé pour un borgne (
Fur.); 1718
ce n'était pas mal visé pour un borgne (
Ac.);
b) 1851
viser haut (
Sainte-
Beuve,
Caus. lundi, t. 4, p. 229).
B. Verbe trans. indir.
1. 1360-70
viser à qqc. « tendre à » (
Baudouin de Sebourc, éd. L. N. Boca, t. 1, p. 221, 651);
2. 1590 (avec pour suj. un nom de chose)
viser à + subst. (
Montaigne,
Essais, I, 20, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 81);
3. 1689
viser à « ressembler à, se rapprocher de » (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 602).
C. Verbe trans.
1. xiiies. « remarquer, voir » (
Chrétien de Troyes,
Erec et Enide, éd. W. Foerster, 6722, var. ms. B, p. 240); 1901 « mater, distinguer » (
Bruant,
s.v. distinguer);
2. 1608 fig. « avoir en vue, rechercher » (J.
Du Sin,
Rhét. d'Arist., f
o36 v
ods
Gdf. Compl.);
3. 1607 « regarder l'endroit où l'on veut lancer quelque chose » (H.
d'Urfé,
Astrée, t. 1, p. 211);
4. 1837 « assigner un but, un objectif à son action » (
Balzac,
Employés, p. 249);
5. 1892 (avec pour suj. un nom de chose) « concerner, s'appliquer à » (
France,
Vie littér., p. 172);
6. 1908
être visé « être concerné par une attaque, une critique » (
Id.,
Île ping., p. 234); 1954
se sentir visé (
Butor,
Passage Milan, p. 66). D'un lat. pop. *
visare, lat.
visere, intensif de
videre « voir ».