VIOLON, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Déb.
xvies.
vyollon désigne un instrument de mus. à cordes (
Le Triumphe des Vestementz ds
Anc. Poés. fr., t. 13, p. 50, 36); 1537
violon [Cl.
Marot, attribution incertaine],
Adieu aux Dames de Court ds Cl.
Marot,
Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 363, 7 [
cf. introd. de l'éd., pp. 46-47];
b) loc. fig.
α) 1671
payer les violons du bal pour faire danser les autres « faire les frais de quelque chose sans en avoir le profit » (
Molière,
La Comtesse d'Escarbagnas, scène 8 ds
Œuvres, éd. R. Bray, t. 7, p. 220); 1718
payer les violons (
Le Roux);
β) 1911
accorder ses violons « se mettre d'accord » (
Châteaubriant,
Lourdines, p. 66);
2. 1533 p. méton.
vyollon « joueur de violon » (
Dépenses secrètes de François Ierds
Havard);
3. 1792 pop.
violon « petite prison » (Abbé
Sicard ds J.-B.
Buchez et P.-C.
Roux,
Hist. parlementaire de la Révolution fr., t. 18, p. 87);
4. 1907
violon d'Ingres (
Farrère,
Homme qui assass., p. 39: Et d'ailleurs, le violon est là, le
violon d'Ingres, pour tout envelopper, diplomatie et finance, d'une harmonie imprévue, plus paradoxale que tout le reste. Narcisse Boucher, c'est, d'abord, un dilettante);
cf. 1899 (
Clemenceau,
Iniquité, p. 267: M. Bourgeois est un dilettante libéral, ému de philosophie, fier de ses qualités d'action comme Ingres de son
violon, ou Rossini de son tour de main dans l'art de préparer le macaroni).
B. P. anal., technol.
1. 1812 « espèce de touret de bois à main, dans lequel est placé un foret qu'on fait mouvoir au moyen d'un archet » (
Mozin-
Biber);
2. mar.
a) id. violons de beaupré (
ibid.);
b) 1859
poulie à violon (
Bonn.-
Paris);
c) 1872 nom donné, sur les paquebots, aux cordes tendues sur les tables pour empêcher la vaisselle de tomber (
Littré);
3. 1812 « ustensile de chapelier fait de plusieurs cordes tendues » (
Mozin-
Biber). Dér. de
viole*; suff. dimin.
-on1*.
Cf. ant. l'hapax a. prov.
violon « concert de violes » (
xiiies. ds
Rayn.). Pour des rapports éventuels avec l'ital.
violino (dep. 1538 d'apr. P.
Bec,
Vièles ou violes? p. 363, qui att. aussi
violinista en 1462 en lat. médiév. à Pérouse; av. 1565 ds
Cort.-
Zolli), passé dans les autres lang. européennes (all.
Violine, angl.
violin, port.
violino, esp.
violín), v. P.
Bec,
op. cit., pp. 361-366. Le sens A 3 s'explique, soit par la compar. des cordes du violon avec les barreaux de la prison, soit p. ell. de
boîte à violon « prison » (
cf. boîte à musique «
id. »; voir K. E. M.
George ds
Romania t. 90, p. 543). Pour d'autres hyp., v. encore
Cellard Révol. 1989, pp. 53-54.