VIF, VIVE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. I. « Vivant »
A. 1. a) 2
emoit.
xes.
vius masc. cas suj. « vivant » (
St Léger, éd. J. Linskill, 137: nez de medre
vius);
ca 1100
vif id. (
Roland, éd. J. Bédier, 2126); 1130-40 subst. (
Wace,
Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1764: A
vis apareir [en parlant de morts]); 1265 dr.
don fet entre vis (Charte ds
Du Cange,
s.v. associare2);
b) 1248
contrefaire [un sujet]
al vif (ds
Laborde,
Notice des émaux du Louvre, t. 2, 1853, p. 542);
c) 1269-78 adj.
vive [en parlant de l'
ymage d'ivuire faite par Pygmalion] (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 20799);
2. a) ca 1100
trenchier ... cez vestemenz entresque as chars vives (
Roland, 1656); 1306 subst. (
Joinville,
St Louis, éd. N. L. Corbett,145: le venin se feri ou
vif [du soudanc]);
b) 1404
id. fig. « la partie essentielle d'une chose » (
Livre des fais de Bouciquaut, II, 4, éd. D. Lalande, p. 185: Ceste chose bien au
vif consideree);
c) 1559
id. toucher (qqn)
au vif (
Amyot, trad.
Plutarque,
Hommes illustres, Pélopidas, 52, éd. G. Walter, t. 1, 1959, p. 651);
d) 1675
id. couper dans le vif (
Sévigné, lettre 6 août ds
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 33);
3. a) ca 1130 (en parlant d'animaux)
vif aveir (
Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 21);
b) 1269-78 [
plantes]
vives (
Jean de Meun,
op. cit., 18954); 1348
vif bois, bois vif (Arch. nat. J 84, 754 ds
Du Cange,
s.v. boscus mortuus, vivus), v. aussi
mort-bois; 1552
haye vive (
Est.,
s.v. vivo, vivus); 1676 empl. subst.
recoupper la tige jusques dans le vif (A.
Le Gendre,
Manière de cultiver les arbres fruitiers, p. 146);
4. 1204 p. ext.
a vois vive (d'apr.
FEW t. 14, p. 583a); 1258
par vives vois (doc. Arch. Yonne ds
Gdf.); 1623
de vive voix (A.
d'Aubigné,
Les Tragiques, t. III, p. 81).
B. « Qui semble vivre, être en mouvement »
1. ca 1150
vis argent, v.
vif-argent;
2. 1225-30
fontaines vives; eves vives (
Guillaume de Lorris,
Rose, éd. F. Lecoy, 1390; 20440); 1643 subst.
le vif de l'eau « grande marée » (
Fournier Hydrographie, p. 14); 1678
vive eau «
id. » ([
Lettre de]
Seignelay à Hubert, 7 août ds
Jal1);
3. 1247
chalz vive (
Image du monde, 138 ds T.-L.,
s.v. chauz); fin
xiiies. [ms.]
chauc vive (
Henri de Valenciennes,
Constantinople, éd. J. Longnon, 665, p. 106, var. D);
4. 1732 mécan.
forces vives [Leibnitz] (
Fontenelle,
Louville ds
Littré,
s.v. force).
C. « (En parlant d'une roche, d'une pierre) mis à nu » fin
xives.
roce vive (
Jean Froissart,
Chron., éd. S. Luce, I, 232, t. 3, p. 87); 1636
vive arête (
Monet, p. 96b,
s.v. arête); 1694 empl. subst.
pierre ébousinée jusqu'au vif (
Corneille, p. 595a).
II. « Qui a de la vie »
A. « Intense »
1. domaine psychol., mor.
a) ca 1100
par vive force (
Roland, 1627);
b) ca 1165
par vif bosoing, par vif estoveir (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 14281; 18878);
c) ca 1590 en parlant d'un sentiment (
Montaigne,
Essais, I, 37, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 232: ce ressentiment bien
vif qui est naturellement en moi);
2. a) 1176 « dont la chaleur, la lumière sont intenses »
vive brese empl. par image (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 42: D'ax [des Grezois et des Romains] est la parole remese Et estainte la
vive brese);
xiiies.
estanceles vives ardans (
Id.,
Erec, éd. W. Foerster, 3712, var. H);
b) 1269-78 « dont l'éclat est vif »
couleurs fresches et vives [de fleurs] (
Jean de Meun,
op. cit., 19930);
c) 1690
froid vif (
Fur.).
B. 1. 1538 « (d'une personne) de grande vitalité, vivacité » (
Est.,
s.v. vivo, vividus: plein de vigueur, vigoureux,
vif;
s.v. vegeo, vegetus: alaigre,
vif, gay);
2. 1753 p. ext. mus. (
Rousseau,
Dict. mus., Paris, H. Pourrat, t. 1, 1839, p. 95).
C. 1538 « (d'une personne, de ses facultés) rapide dans ses opérations »
vif et subtil esprit (
Est.,
s.v. acer); 1580
vive imagination (
Montaigne,
op. cit., I, 26, p. 169).
D. a) Ca 1590 « (de propos, de manières) d'ardeur excessive » (
Id.,
ibid., III, 11, p. 1028: La parole
vive et bruyante comme est la mienne ordinaire s'emporte volontiers à l'hyperbole);
b) 1636 « (d'une personne)
id. » (
Monet, p. 960a: Il est si
vif qu'il estourdit ses parties). Du lat.
vivus « vivant, animé », empl. subst. « un vivant; ce qui est vivant » (
ad vivum resecare,
Columelle); en parlant d'inanimés
viva memoria « souvenir vivant »,
viva vox; viva aqua, vivum saxum « roc vif, naturel »;
vivum sulfur, viva cupressus (
Ovide,
Met., VI, 49;
cf. lat. médiév.
vivum lignum 1145-71,
Cartulaire de Ponthieu, 117 et
vivum nemus 1153,
Cartulaire de Compiègne, 1, 141 ds
Bambeck Boden, p. 15); fig. « animé, vif » (
Pline,
Ep., VIII, 6, 17:
vivus et ingenuus animus); empl. subst.
de vivo aliquid resecare « prendre sur le principal, le capital » (
Cic.,
Verr., 3, 118).