VIEUX, VIEIL, VIEILLE, adj., subst. et adv.
Étymol. et Hist. I. Adj.
A. 1. a) ca 1050
velz « qui existe depuis longtemps », ici en parlant du monde (
Alexis, éd. Chr. Storey, 9);
b) 1
remoit.
xiiies. (
Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XII, 34: tor
vieille);
c) 1385
vieulz loups (
Eustache Deschamps,
Miroir de Mariage, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 34);
d) ca 1393 en parlant de végétaux (
Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 201);
2. 1357
vieilles debtes (
Guillaume de Machault,
Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 3, p. 122);
3. a) 1385
en tes vieulx jours (
Eustache Deschamps,
op. cit., p. 17);
b) ca 1485 (
Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 738:
vielz ans; t. 2, p. 196:
viel age);
c) 1612
sur ses vieux jours (H.
d'
Urfé,
L'Astrée, éd. H. Vaganay, t. 1, p. 281);
4. 1400
etre de trop vieille date (
Christine de Pisan,
Mutacion de Fortune, éd. S. Solente, t. 1, p. 77);
5. a) 1421
vins vielz (
Clément de Fauquemberge,
Journal, éd. Tuetey, t. 2, p. 193);
b) 1615
vieilles couleurs, ici au fig. (
Montchrestien,
Traicté d'œconomie pol., éd. Th. Funck-Brentano, p. 276);
6. 1464 avec nuance dépréc. (
Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 946: Tu ne vaulx mie une
vielz nate);
7. a) 1480
le vieil droit p. oppos. à
droit nouveau (
Guillaume Coquillart,
Œuvres, éd. J. Freeman, p. 145);
b) 1579
vieil Francois (H.
Estienne,
Precellence du langage fr., éd. E. Huguet, p. 84);
c) 1565 (
Ronsard,
Abrégé de l'Art poëtique françois ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 14, p. 9: Tu ne rejetteras point les
vieux motz de noz Romans);
d) 1610 (
Deimier,
L'Académie de l'Art poétique, éd. J. de Bordeaux, p. 105: terme
vieux);
e) 1619
à la vieille mode (
Sigogne,
Satires ds
Cabinet satyrique, éd. Fleuret et Perceau, p. 478);
8. a) 1547 (N.
Du Fail,
Propos rustiques,
Epistre, éd. J. Assézat, t. 1, p. 2: en ce bon
vieux temps qu'aucuns appellent l'aage doré);
b) 1585
vieilles querelles (
Id.,
Contes d'Eutrapel, t. 1, p. 286);
9. 1676
faire vieux os (quelque part) (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 399).
B. 1. a) Ca 1100 en parlant d'une personne (
Roland, éd. J. Bédier, 524: Il est mult
vielz, si ad sun tens uset);
b) 1385
les vieilles gens (
Eustache Deschamps,
op. cit., p. 6);
c) 1461 (
Jean du Bueil,
Jouvencel, éd. L. Lecestre, 1
repart., p. 166: le
vieil cappitaine de Crathor);
d) 1461 p. métaph. (
Id.,
ibid., p. 219: vous estes un
viel regnart);
e) 1530
les vielz peres (
Songecreux,
Prenostication, éd. P. Lacroix, 2 r);
2. a) 1174-77 renforçant un terme injurieux (
Renart, éd. N. Fukumoto, t. 1, p. 97: Pute
vielle orde);
b) 1498-1515
vieille bigotte (
Gringore,
Œuvres, t. 2, p. 76);
3. a) mil.
xves. (
Charles d'Orléans,
Poésies, éd. P. Champion, t. 2, p. 324:
Vieulx suis pour a l'escolle aller);
b) ca 1485 (
Mystère Viel Testament, t. 3, p. 292: De trois ans suis plus
viel que Moyse);
c) 1627
être vieux devant le temps (
Guez de Balzac,
Lettres, éd. H. Bibas et K. T. Dutler, t. 1, p. 20);
d) 1782 (M
mede Genlis,
Adèle et Théodore, éd. M. Lambert, p. 271: je sais bien qu'un homme n'est pas
vieux à trente-sept ans);
4. a) 1505 (
Gringore,
Œuvres, t. 1, p. 137: Asnes blasment
vielz clercs prudens, lettrez);
b) 1547
ce bon vieux praticien (N.
Du Fail,
Baliverneries, t. 1, p. 198);
c) 1585
les deux vieux compagnons, les vieux amis (
Id.,
Contes, t. 2, p. 98, 354);
5. a) 1610
vieille fille (H.
d'Urfé,
op. cit., t. 2, p. 226);
b) 1627
vieil garçon (
Sorel,
Berger extravagant, éd. H. Béchade, p. 68);
6. a) 1867
se faire vieux « s'ennuyer, trouver le temps long » (
Delvau);
b) 1899
id. « vieillir » (
France,
P. Nozière, p. 131).
II. Subst.
A. 1. a) ca 1100 « âgé », ici empl. avec un nom propre, comme un surnom [v. J.
Bédier,
Commentaire] avec une nuance de respect (
Roland, 970: Carles li
velz, a la barbe flurie);
b) 1160-74
les veilles (
Wace,
Rou, III, 1095, éd. A. J. Holden, t. 1, p. 201);
2. a) 1160-74 (
Id.,
ibid., II, 136, t. 1, p. 20: Mout y ont d'ambe pars
viex et geunes ocis);
b) 1846
les vieux de la vieille (
Balzac,
Cous. Bette, p. 326);
c) 1896 p. ext.
un vieux de la vieille « un vieillard, un invalide » (
Delesalle,
Dict. arg.-fr. et fr.-arg.);
3. a) 1828-29
mon vieux terme d'amitié (
Vidocq,
Mém., t. 2, p. 44);
b) 1862
ma vieille id. (s'adressant à un homme) (
Larchey,
Excentr. lang.);
4. a) 1862 arg.
avoir son vieux « être entretenue par un amant d'âge mûr » (
Id.,
ibid.);
b) 1881
vieux « père »,
vieille « mère » (
Rigaud,
Dict. arg. mod.);
c) 1901
les vieux « les parents, les grands-parents » (
Bruant).
B. Subst. neutre
1. a) mil.
xves. (
Charles d'Orléans,
op. cit., p. 490: Et y boit on du
viel et du nouveau);
b) av. 1615 (
Pasquier,
Recherches de la France, p. 824);
c) 1878 (
Rigaud,
Dict. jargon paris.: recevoir un coup de
vieux. Toucher à la quarantaine);
2. 1859
vieille « vieux cognac » (
Larch.). Du lat.
vetulus «
id. », dimin. de
vetus «
id. » dont le représentant
viez a vécu du
xiieau
xives. (
viés att. encore une fois en 1517 dans le Nord, v.
Gdf. et
FEW t. 14, p. 364).