VIDER, verbe trans.
Étymol. et Hist. I. Trans.
A. « rendre vide (un contenant) »
1. 1
remoit. du
xiies. « dévaster, détruire » (
Psautier d'Oxford, 136, 10, éd. Fr. Michel, p. 213:
voidez desque al fundament);
2. ca 1155 « faire évacuer (un lieu, un local), rendre libre de tout occupant » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 5937);
3. a) ca 1160
vider les arçons, la selle « être renversé de son cheval » (
Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 7050: As Troïens font
voidier selles);
b) 1174 « quitter (un lieu), rendre libre en s'en allant (généralement par la force) » (
Guernes de Pont-
Sainte-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 2475);
c) 1690
vider les lieux « s'en aller sous la contrainte » (
Fur.); 1783
vider le plancher (
Mercier,
Tableau de Paris, t. 5, p. 221);
4. a) α) ca 1200
se vider « (en parlant d'une personne) perdre son sang, vomir abondamment, évacuer beaucoup d'excréments » (
Garin le Loheren, 3
echanson, II, P. Paris ds
Gdf.);
β) 1280 « rendre vide (un récipient, un réservoir, etc.) en versant, en faisant écouler son contenu liquide » (doc. Tournai,
ibid.); 1559
se vider (
Amyot,
Pomp., 61 ds
Littré);
b) ca 1368
vider son cœur « s'épancher, confier ses peines, ses tourments » (
Robert le Chartreux,
Le Chastel perilleux, éd. M. Brisson, p. 281);
c) 1596
vider son/le sac « dire le fond de sa pensée » (
Hochepot ou Salmigondi des folz, éd. R. Mortier, p. 98: tu me
vuyderas le fond du sac de tes pensées); 1640
vuider le sac (
Oudin Curiositez);
5. 1556
vuidé « évidé » (
Taillemont,
La Tricarite, p. 61 ds
Hug.); 1560 trans. « rendre creux (un objet) en enlevant de la matière, évider » (G.
de Go
uberville,
Journal ds
Poppe, p. 236); 1690 hérald.
vidé (
Fur.);
6. a) 1611
vider un animal « le préparer à la cuisson en enlevant ses entrailles » (
Cotgr.);
b) 1863
vider un abcès « l'inciser pour en faire sortir le pus » (
Littré,
s.v. abcès); 1913
vider l'abcès « régler de façon rapide et expéditive une situation devenue critique » (v.
abcès);
7. a) 1632
vider la bourse à qqn « lui prendre tout son argent » (
Corneille,
Poésies diverses, VII, 35 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 10, p. 39); 1774
vider sa bourse « dépenser tout l'argent qu'on a sur soi » (
Beaumarchais,
Mémoires contre M. Goezman, p. 202);
b) 1690 « rendre vide quelque chose en buvant, en absorbant son contenu » (
Fur.);
8. 1862
vidé « qui est épuisé, privé de ses forces physiques, de ses moyens intellectuels et moraux » (
Goncourt,
Journal, p. 1100); 1865
vider (
Mallarmé,
loc. cit.).
B. « Retirer, ôter le contenu d'un contenant »
1. 1260 « faire couler, évacuer (le contenu d'un récipient, la matière) du contenant qui les renferme » (
Étienne Boileau,
Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, II, V, 3, p. 248);
2. a) 1879 « faire sortir par la force, expulser (une personne) de l'endroit où elle se trouve » (
Huysmans,
Sœurs Vatard, p. 66);
b) 1968 informat. (
Lar. encyclop. Suppl.).
C. « Régler définitivement quelque chose » 1313
vuidier un dit « prononcer un jugement » (doc. Tournai ds
Gdf.);
ca 1470 « régler, résoudre (une question, une affaire) en lui apportant une solution définitive » (
Georges Chastellain,
Chronique ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 325); 1470 pronom. (
Id.,
ibid., t. 4, p. 147).
II. Intrans.
ca 1175 « partir, s'éloigner, sortir d'un lieu » (
Benoît de St-
Maure,
Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 11269). Du b. lat. *
vocitare, dér. de *
vocitus, v.
vide. F
réq. abs. littér.: 1 903.