VICTOIRE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100
victorie « avantage remporté sur l'ennemi à la guerre » (
Roland, éd. J. Bédier, 3512: Avrum nos la
victorie del champ?); 1160-74
victoire (
Wace,
Rou, II, 1501, éd. A. J. Holden, t. 1, p. 65: joie out de la
victoire);
b) 1834 expr.
victoire de Pyrrhus (
Sainte-
Beuve,
Volupté, t. 2, p. 57); 1912
victoire à la Pyrrhus (
Rolland,
loc. cit.);
c) 1899
venir au secours de la victoire (
Clemenceau,
Iniquité, p. 352); 1922
voler au secours de la victoire (
Proust,
Temps retr., p. 784);
2. a) ca 1220 « avantage remporté sur un adversaire, un concurrent, un rival, dans une lutte quelconque, une compétition, une épreuve, etc. » (
Gui de Cambrai,
Barlaham, éd. C. Appel, 1936: en sa
victoire iert [mort] dont vaincue); 1552 (
Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 4, p. 81: mon cuœur [...] Pour eviter le feu de ta
victoire);
b) 1680
chanter victoire (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 802); 1759
crier victoire (
Voltaire,
Hist. de l'Empire de Russie, éd. 1761, t. 1, p. 342);
3. 1551 « avantage moral remporté sur soi-même, sur ses passions » (
Ronsard,
op. cit., t. 3, p. 67: Et la
victoire parfaitte Que l'Esprit en avoit eu [sur la Chair]); 1588 (
Montaigne,
Essais, III, 8, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 925: la
victoire que je gaigne sur moy);
4. 1555 « déesse, vierge ailée symbolisant la victoire » (
Ronsard,
op. cit., t. 8, p. 45: ô déesse
Victoire); 1558 « statue la représentant » (J.
Du Bellay,
Le Premier livre des antiquitez de Rome,
Songe ds
Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 2, p. 32); 1690 « peinture la représentant » (
Fur.);
5. 1624 interj. (
Urfé,
Astrée, t. 4, p. 267: criant:
victoire, victoire, nous avons obtenu victoire!). Empr. au lat.
victoria « victoire (à la guerre); succès, triomphe; la déesse Victoire, statue de la Victoire »; dér. de
victor « vainqueur », et celui-ci de
vincere (
vaincre*).