VICTIME, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. Ca 1485 p. méton. « sacrifice » (
Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 10129: [Isaac à son père Abraham] Et qu'on sacrifie autrement Que par
victime si terrible?), attest. isolée dans ce sens.
B. 1. a) α) 1495 « créature vivante offerte en sacrifice au(x) dieu(x), à Dieu » (
Jean de Vignay,
Miroir historial, IX, 98, éd. 1531 ds
Delb. Notes mss: quant ilz vouloient offrir olocaustes et
victimes a icelluy dieu incongneu);
β) 1667
victime de propitiation, v.
propitiation; 1718
victime propitiatoire (
Ac.);
γ) 1684
victime expiatoire (J.
Abbadie,
Traité de la vérité de la relig. chrét., t. 1, p. 470);
b) 1552 fig. (
Ronsard,
Amours ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 80: s'il te plaist de souffrir Qu'en l'immolant de
victime il [ce cœur] te serve);
c) 1642 en parlant de Jésus-Christ (
Corneille,
Polyeucte, V, 3, vers 1662);
2. 1604 « personne tuée ou blessée (par accident, crime, cataclysme, guerre, etc.) » (
Montchrestien,
David, éd. L. Petit de Julleville, p. 217:
victime de la guerre il tombe sur le sable); 1870 (
Hugo,
Corresp., p. 270: pour
les victimes de la guerre); [1884-85
victimes du devoir (d'apr.
Lar. encyclop., date de la fondation par la presse parisienne d'une œuvre philanthropique appelée
caisse des victimes du devoir)] 1894 (
Goncourt,
Journal, p. 590:
Les Victimes du Devoir [tableau de Detaille exaltant l'héroïsme des sapeurs-pompiers de Paris]);
3. a) 1606 « personne qui subit la haine, les tourments, les injustices de quelqu'un » (J.
Bertaut,
Rec. de quelques vers amoureux, éd. L. Terreaux, p. 11: De ton adorateur ne fay point ta
victime);
b) 1625 « personne qui souffre des agissements d'autrui, ou de choses, d'événements néfastes » (J. P.
Camus,
Palombe, p. 412: les rendans
victimes de la pauvreté). Empr. au lat.
victima « victime, animal destiné au sacrifice », lat. chrét., p. méton. « égorgement, immolation; sacrifice » (
Blaise Lat. chrét.), d'où le sens A.