VICE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. Défaut moral
1. 1121-34 « penchant particulier pour quelque chose que la religion, la morale réprouvent » (
Philippe de Thaon,
Bestiaire, éd. E. Walberg, 816: Envire, malvais
vice, Ço est detractiun);
2. ca 1145 « disposition habituelle au mal » (
Wace,
Conception ND, éd. W. R. Ashford, 415: sanz enfertez sunt e sanz
vice);
3. 1549 « défaut habituel; penchant excessif pour quelque chose » (
Du Bellay,
Deffence, II, 9, éd. H. Chamard, p. 163: un
vice commun [...] c'est l'omission des articles); 1671 (
Molière,
La Comtesse d'Escarbagnas, scène 1: la démangeaison de dire ses ouvrages est un
vice attaché à la qualité de Poëte); 1835 (
Balzac,
Goriot, p. 291: mes filles, c'était mon
vice à moi);
4. 1690 « goût, habitude du libertinage, de la débauche » (
Fur.);
5. 1833 « perversion sexuelle, goût pour des pratiques sexuelles réprouvées par la religion ou la morale » (
Michelet,
Journal, p. 111:
vice de Sodome); 1868
vice contre nature « homosexualité » (
Littré,
s.v. nature); 1948
vice solitaire « onanisme » (H.
Bazin,
loc. cit.);
6. 1859 fam. « ruse, malice » (
Larch.).
B. Défaut matériel, physique
1. 1260 dr. (
Étienne Boileau,
Métiers, éd. G. B. Depping, p. 3: le
vice de li [la marchandise]; p. 94:
vice de malefaçon); 1539
vice caché (
Est.:
vices couvers et cachez); 1765
vice rédhibitoire (
Encyclop.,
s.v. rédhibitoire); 1804
vice de construction (
Code civil, art. 1733, p. 316); 1804
vice de forme (
ibid., art. 1340, p. 243); 1866
vice propre (en dr. mar.) (
Lar. 19e,
s.v. assurance: déchets, diminutions et pertes qui arrivent par le
vice propre de la chose); 1936
vice du consentement (
Cap.); 1936
vice de la possession (
ibid.); 1978
vice de fabrication (
Lar. Lang. fr.);
2. 1588 phonét. (E.
Tabourot,
Les Bigarrures du Seigneur des Accords, fac-sim., Droz, 1986, f
o89 v
o: Les Gascons ont aussi ce
vice, qu'au lieu d'un V, ils prononcent un B); 1606
vice de prononciation (
Nicot,
s.v. Maguelone);
3. 1694 pathol.
vice de conformation (
Ac.);
4. 1746 log.
vice de raisonnement (
Condillac,
Essai sur l'orig. des connaissances hum., t. 1, p. 97: les
vices d'un raisonnement). Empr. au lat.
vitium « défaut, imperfection, tare; défaut physique, difformité, infirmité; défaut (moral), vice ».