VEUF, VEUVE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. A. 1. a) α) Subst. fém.
ca 1150
vedve « celle qui n'a plus de mari » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 491);
ca 1370
vefves (
Jehan le Fèvre,
Lamentations de Matheolus, éd. A. G. van Hamel, II, 945, p. 71); 1596
veuve (
Hulsius d'apr.
FEW t. 14, p. 432a); 1689
le denier de la veuve « présent modeste offert par un pauvre » (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 486);
β) adj. fém.
ca 1135
veve feme (
Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 84); 1306
veuve femme (
Joinville,
Vie de Saint Louis, éd. N. L. Corbett, 8588, p. 206); fin
xive-déb.
xves.
femme veufve (
Quinze joyes du mariage, éd. J. Rychner, p. 100, 49);
b) fig.
ca 1206
vauve « privé de » (
Guiot de Provins,
Bible, éd. J. Orr, 352: sa terre est bien de s'onor
vauve); mil.
xves.
veufve (
Charles D'
Orléans,
Rondeaux, 62, 9, éd. P. Champion, p. 325); 1550
la terre veuve (
Ronsard,
Odes, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 181);
2. a) α) adj. masc.
ca 1200
veves (en parlant d'un homme) (
Naissance du Chevalier au Cygne, éd. H. A. Todd, 1707); fin
xiiies.
hom vesve (
Livre Roisin, éd. R. Monier, 116, p. 76);
xves.
vefve de femme (
Perceforest, t. 3, f
o93 ds
Littré); 1535
vef (
Pierrefleur,
Mémoires, éd. L. Junod, p. 101); 1552
veuf (
Ronsard,
Amours, t. 4, p. 155);
β) 1596 subst. masc. (
Hulsius,
loc. cit.) − 1680,
Rich. qui note ,,il faut dire et écrire veuf et non vef``;
b) 1549 fig. (
Du Bellay,
L'Olive, 84, 12, éd. H. Chamard, t. 1, p. 99: suis-je donq'
veuf de mes sacrez rameaux).
B. 1. 1628 subst. fém. « la potence »
épouser la veuve (
Jargon de l'Argot réformé ds
Sain. Arg., p. 102);
2. 1835 « guillotine » (
Elouin,
Dict., I, p. 43).
C. 1764 subst. fém. « petit oiseau des Indes de la grosseur d'un moineau » (
Valm.). Du lat.
vidua « veuve », fém. de
viduus « veuf », « privé de quelque chose ». La prédominance du genre fém. en a. et m. fr., qui s'explique par le fait qu'au Moy. Âge, une femme qui avait perdu son mari se trouvait dans une condition sociale plus défavorable, entraîne l'usage de l'adj. fém. qualifiant un homme. Au
xvies., la prise de conscience de l'antagonisme gramm. entre les deux mots, amène la formation du masc.
veuf, sur le modèle du couple
neuf/neuve.